Mort tragique d'un travailleur sur le
pipeline Trans Mountain
Le contrôle des travailleurs sur les enjeux de santé et sécurité est essentiel
- André Vachon -
Le 27 octobre, Samatar Sahal, âgé de 40 ans,
un travailleur de la construction de pipeline chez SA Energy, a perdu
la vie lors de la construction du pipeline Trans Mountain sur un
chantier à l'ouest d'Edmonton. Il a été coincé et écrasé par une lourde
et grosse traverse lors du démontage d'un caisson de tranchée et il est
décédé sur les lieux. Forum ouvrier exprime ses sincères
condoléances à la famille, aux amis et aux collègues de M. Sahal.
Samatar Sahal laisse le souvenir d'un ouvrier hautement qualifié, d'un
homme humble et d'un mari et père de quatre enfants dévoué.
Samatar
Sahal
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À la suite de la mort de M. Sahal, la Régie de l'énergie
du Canada (REC) a ordonné à Trans Mountain de « veiller à ce que la
société contractante, SA Energy Group, cesse immédiatement de se servir
des caissons de tranchée jusqu'à ce qu'elle ait démontré qu'ils peuvent
être utilisés, assemblés et désassemblés en toute sécurité. En outre,
Trans
Mountain doit analyser les causes fondamentales du décès, puis
déterminer et appliquer des mesures correctives et préventives ».
L'ordonnance exigeait également de Trans Mountain de
confirmer qu'elle a un processus pour former les travailleurs sur
l'utilisation sécuritaire des caissons de tranchée sur toute la
longueur du projet, et de confirmer qu'elle dispose des inspecteurs et
de la capacité de surveillance nécessaires pour superviser adéquatement
les activités à risque
élevé du projet d'agrandissement du réseau de Trans Mountain (TMX), et
pour corriger les lacunes relevées.
Santé et sécurité au travail de l'Alberta mène une
enquête, alors que la part de la responsabilité de la REC est de
surveiller les mesures de sécurité pour le projet d'agrandissement du
TMX.
La directive de la REC soulève de nombreuses questions,
sans parler du fait que le gouvernement fédéral se parle à lui-même,
puisqu'il détient 100 % du TMX. Pourquoi faut-il la mort d'un
travailleur pour que la REC demande si les mesures de sécurité et la
formation appropriées sont en place ? Comment
justifie-t-elle l'émission de permis de construction et ne se pose que
maintenant de telles questions ? Pourquoi les travailleurs des
pipelines sur d'autres sites sont-ils traités comme des spectateurs et
non comme des participants actifs à l'enquête et que des embargos sur
l'information sont imposés ?
Lorsqu'un décès survient sur un chantier de
construction, les travaux s'arrêtent et Santé et sécurité au travail
impose un « black-out » sur les informations liées à l'incident.
Des années peuvent s'écouler avant qu'un rapport ne soit publié, de
sorte que les travailleurs sont également privés d'informations qui
pourraient être inestimables
pour rendre leur propre endroit de travail plus sécuritaire.
Les travailleurs n'ont pas la possibilité d'apporter à
l'enquête nos vastes connaissances collectives, y compris l'expérience
des accidents précédents et des « quasi-accidents ». Personne ne
demande notre avis sur les causes et les mesures possibles à prendre
pour prévenir de telles tragédies. Nous sommes ceux qui avons les deux
pieds à terre,
littéralement. Nous passons notre vie sur les chantiers et notre
contribution est cruciale si nous voulons gérer efficacement la
sécurité au travail.
La construction est un métier dangereux, et la
construction de pipelines en particulier. Les travailleurs doivent
composer avec des emprises étroites, des espaces exigus, de nombreux
véhicules, des équipements très lourds et d'énormes joints de tuyaux.
On s'attend à ce que les équipages parcourent une certaine distance
chaque jour, nous
sommes donc souvent en déplacement. Nous devons faire face à des
conditions météorologiques et climatiques changeantes, à des terrains
différents chaque jour et à de fréquents changements de personnel. En
conséquence, le potentiel d'accidents et de décès est très élevé.
Dans l'état actuel des choses, les employeurs
sont autorisés à utiliser des pratiques dangereuses jusqu'à ce que le
taux de mortalité et d'accidents les oblige à apporter des changements.
Cela doit cesser. Il est inacceptable qu'il faille la mort d'un
travailleur, et parfois de nombreux décès, pour que les pratiques
soient jugées dangereuses ou même
qu'une enquête sérieuse ait lieu.
Les entrepreneurs ne cessent de répéter que les employés
sont leur principale préoccupation, mais ils nous considèrent en
réalité comme remplaçables. Quelqu'un est tué ? Tragique !
Mais nous trouverons un remplaçant. Les travailleurs continuent d'être
blessés, estropiés, mutilés et tués et nous ne cessons de réagir aux
accidents et
incidents. Grâce à nos efforts collectifs, nous avons mis fin à de
nombreuses méthodes et procédures de travail dangereuses, mais la quête
du profit et le manque de contrôle des travailleurs demeurent et créent
des ravages.
Le projet de loi 47 aggraverait la situation. C'est
inacceptable. Nous devons exercer beaucoup plus de contrôle sur ces
conditions de travail qui ont un effet si profond sur nos vies. La
formation de tous ceux qui sont impliqués est absolument cruciale. Les
travailleurs peuvent, dans certaines circonstances, déterminer que
certains projets ne
peuvent être exécutés sans perte de vies humaines et doivent donc être
modifiés, voire abandonnés, jusqu'à ce qu'ils puissent être réalisés en
toute sécurité. Le contrôle des questions de santé et de sécurité est
un élément essentiel pour établir une nouvelle direction de l'économie.
Cet article est paru dans
Numéro 78 - Numéro 78 - 17 novembre 2020
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Mort tragique d'un travailleur sur le
pipeline Trans Mountain: Le contrôle des travailleurs sur les enjeux de santé et sécurité est essentiel - André Vachon
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