Mort tragique d'un travailleur sur le pipeline Trans Mountain

Le contrôle des travailleurs sur les enjeux de santé et sécurité est essentiel

Le 27 octobre, Samatar Sahal, âgé de 40 ans, un travailleur de la construction de pipeline chez SA Energy, a perdu la vie lors de la construction du pipeline Trans Mountain sur un chantier à l'ouest d'Edmonton. Il a été coincé et écrasé par une lourde et grosse traverse lors du démontage d'un caisson de tranchée et il est décédé sur les lieux. Forum ouvrier exprime ses sincères condoléances à la famille, aux amis et aux collègues de M. Sahal. Samatar Sahal laisse le souvenir d'un ouvrier hautement qualifié, d'un homme humble et d'un mari et père de quatre enfants dévoué.

Samatar Sahal

À la suite de la mort de M. Sahal, la Régie de l'énergie du Canada (REC) a ordonné à Trans Mountain de « veiller à ce que la société contractante, SA Energy Group, cesse immédiatement de se servir des caissons de tranchée jusqu'à ce qu'elle ait démontré qu'ils peuvent être utilisés, assemblés et désassemblés en toute sécurité. En outre, Trans Mountain doit analyser les causes fondamentales du décès, puis déterminer et appliquer des mesures correctives et préventives ».

L'ordonnance exigeait également de Trans Mountain de confirmer qu'elle a un processus pour former les travailleurs sur l'utilisation sécuritaire des caissons de tranchée sur toute la longueur du projet, et de confirmer qu'elle dispose des inspecteurs et de la capacité de surveillance nécessaires pour superviser adéquatement les activités à risque élevé du projet d'agrandissement du réseau de Trans Mountain (TMX), et pour corriger les lacunes relevées.

Santé et sécurité au travail de l'Alberta mène une enquête, alors que la part de la responsabilité de la REC est de surveiller les mesures de sécurité pour le projet d'agrandissement du TMX.

La directive de la REC soulève de nombreuses questions, sans parler du fait que le gouvernement fédéral se parle à lui-même, puisqu'il détient 100 % du TMX. Pourquoi faut-il la mort d'un travailleur pour que la REC demande si les mesures de sécurité et la formation appropriées sont en place ? Comment justifie-t-elle l'émission de permis de construction et ne se pose que maintenant de telles questions ? Pourquoi les travailleurs des pipelines sur d'autres sites sont-ils traités comme des spectateurs et non comme des participants actifs à l'enquête et que des embargos sur l'information sont imposés ?

Lorsqu'un décès survient sur un chantier de construction, les travaux s'arrêtent et Santé et sécurité au travail impose un « black-out » sur les informations liées à l'incident. Des années peuvent s'écouler avant qu'un rapport ne soit publié, de sorte que les travailleurs sont également privés d'informations qui pourraient être inestimables pour rendre leur propre endroit de travail plus sécuritaire.

Les travailleurs n'ont pas la possibilité d'apporter à l'enquête nos vastes connaissances collectives, y compris l'expérience des accidents précédents et des « quasi-accidents ». Personne ne demande notre avis sur les causes et les mesures possibles à prendre pour prévenir de telles tragédies. Nous sommes ceux qui avons les deux pieds à terre, littéralement. Nous passons notre vie sur les chantiers et notre contribution est cruciale si nous voulons gérer efficacement la sécurité au travail.

La construction est un métier dangereux, et la construction de pipelines en particulier. Les travailleurs doivent composer avec des emprises étroites, des espaces exigus, de nombreux véhicules, des équipements très lourds et d'énormes joints de tuyaux. On s'attend à ce que les équipages parcourent une certaine distance chaque jour, nous sommes donc souvent en déplacement. Nous devons faire face à des conditions météorologiques et climatiques changeantes, à des terrains différents chaque jour et à de fréquents changements de personnel. En conséquence, le potentiel d'accidents et de décès est très élevé.

Dans l'état actuel des choses, les employeurs sont autorisés à utiliser des pratiques dangereuses jusqu'à ce que le taux de mortalité et d'accidents les oblige à apporter des changements. Cela doit cesser. Il est inacceptable qu'il faille la mort d'un travailleur, et parfois de nombreux décès, pour que les pratiques soient jugées dangereuses ou même qu'une enquête sérieuse ait lieu.

Les entrepreneurs ne cessent de répéter que les employés sont leur principale préoccupation, mais ils nous considèrent en réalité comme remplaçables. Quelqu'un est tué ? Tragique ! Mais nous trouverons un remplaçant. Les travailleurs continuent d'être blessés, estropiés, mutilés et tués et nous ne cessons de réagir aux accidents et incidents. Grâce à nos efforts collectifs, nous avons mis fin à de nombreuses méthodes et procédures de travail dangereuses, mais la quête du profit et le manque de contrôle des travailleurs demeurent et créent des ravages.

Le projet de loi 47 aggraverait la situation. C'est inacceptable. Nous devons exercer beaucoup plus de contrôle sur ces conditions de travail qui ont un effet si profond sur nos vies. La formation de tous ceux qui sont impliqués est absolument cruciale. Les travailleurs peuvent, dans certaines circonstances, déterminer que certains projets ne peuvent être exécutés sans perte de vies humaines et doivent donc être modifiés, voire abandonnés, jusqu'à ce qu'ils puissent être réalisés en toute sécurité. Le contrôle des questions de santé et de sécurité est un élément essentiel pour établir une nouvelle direction de l'économie.


Cet article est paru dans

Numéro 78 - Numéro 78 - 17 novembre 2020

Lien de l'article:
Mort tragique d'un travailleur sur le pipeline Trans Mountain: Le contrôle des travailleurs sur les enjeux de santé et sécurité est essentiel - André Vachon


    

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