Projet de loi 47 de l'Alberta, Loi de 2020 sur la sécurité et la
réduction des formalités administratives
Bâtissons la résistance aux attaques contre la santé et la sécurité des travailleurs
- Peggy Morton -
Les travailleurs de l'Alberta viennent appuyer les travailleurs
d'hôpitaux. Une des nombreuses actions contre les compressions et
la restructuration du gouvernement Kenney,
le 5 novembre 2020.
Le 5 novembre, le gouvernement Kenney a présenté
le projet de loi 47, la Loi
de 2020 pour assurer la sécurité et éliminer la bureaucratie,
à l'Assemblée législative de l'Alberta. Le projet
de loi 47 apporte des modifications importantes à la Loi sur
l'indemnisation des travailleurs accidentés
et comprend une toute nouvelle Loi sur la santé et la sécurité au
travail.
Le projet de loi 47 est la dernière d'une série
d'attaques contre les travailleurs et leurs organisations de défense
par l'adoption de lois. Tout en disant reconnaître la sécurité et les
droits des travailleurs, le projet de loi 47 abaisse
considérablement les obligations de l'employeur, prive les travailleurs
du droit de choisir leurs propres
représentants en santé et sécurité, vide de leur substance les comités
mixtes de santé et de sécurité aux places de travail, impose de
nouvelles définitions du travail dangereux et ouvre la porte à la
discrimination par les employeurs contre les travailleurs qui refusent
un travail dangereux.
Ce projet de loi est présenté à un moment
où la COVID-19 se propage partout en Alberta à un rythme alarmant,
comme c'est le cas dans tout le pays. Il y a eu 1 026
nouveaux cas de COVID-19 le 14 novembre en Alberta. Plusieurs,
sinon la plupart des plus grandes places de travail, dont beaucoup ont
des logements pour les travailleurs (comme les campements industriels
des secteurs des ressources), connaissent des éclosions. C'est le cas
notamment de la plupart des hôpitaux d'Edmonton et de Calgary, d'un
grand nombre d'établissements de soins de longue durée et de résidences
pour personnes âgées, de sites d'exploitation des sables bitumineux,
d'entrepôts, de sites
manufacturiers et de raffineries de pétrole. Les syndicats qui
représentent les travailleurs de la santé et des centaines de médecins
dénoncent cette situation, expriment leur inquiétude et font des
propositions concrètes au gouvernement pour reprendre le contrôle de la
situation.
Cela en dit long sur la nature du gouvernement Kenney
qui, au milieu d'une pandémie dans laquelle les travailleurs de tous
les secteurs s'acquittent de leurs responsabilités envers la société au
péril de leur vie, met en place des mesures extraordinaires pour priver
les travailleurs de tout mot à dire pour faire en sorte que leurs
endroits de travail
soient salubres et sécuritaires. Ce n'est pas une question que Jason
Kenney se montre irresponsable et joue du violon pendant que la
province brûle. C'est un cas où le gouvernement travaille activement à
supprimer les pompiers. C'est le facteur humain, la mobilisation de
tous pour faire face à la crise, et en particulier de la classe
ouvrière, qui est décisif. Plus les travailleurs
prennent les devants dans la lutte pour des solutions, plus ils
apprécient leur capacité à diriger et c'est cette participation et
cette conscience qui sont la cible des mesures gouvernementales.
Le gouvernement Kenney continue d'utiliser la crise
comme prétexte pour une attaque après l'autre contre les droits des
travailleurs. Il voit la pandémie et la crise
économique en Alberta comme une occasion de détruire tous les
arrangements qui donnent aux travailleurs un mot à dire sur les
questions qui les touchent profondément. Les actions récentes des
travailleurs de la santé et leur résistance largement appuyée par le
public montrent clairement que l'Alberta n'appartient pas aux riches et
que le peuple
n'accepte pas la criminalisation des travailleurs qui défendent leurs
droits et les services publics.
Le refus de mobiliser les travailleurs, les tactiques de
choc et stupeur, et l'utilisation de pouvoirs arbitraires ne vont pas
maintenir l'économie en marche. Ce qu'il faut, c'est mobiliser les
travailleurs à chaque place de travail pour mettre en oeuvre les
mesures nécessaires. Qu'une « rupture brutale » ait lieu ou non,
la lutte contre le
coronavirus ne peut réussir sans la participation active des
travailleurs à la prise de décision. L'expérience vécue montre que
cette lutte ne peut pas être laissée entre les mains des employeurs ou
d'un gouvernement qui considère que sa seule responsabilité est de
payer les riches.
Les
travailleurs exigent que leurs voix soient entendues sur les questions
de santé et de sécurité, en particulier lorsqu'il s'agit d'un virus qui
ravage les travailleurs et les communautés du monde entier. Les
travailleurs industriels et en soins de santé se battent pour rendre
les places de travail sécuritaires. Les travailleurs des services
essentiels se
sont battus pour assurer la sécurité de chacun, en risquant leur propre
santé et leur vie même pour le faire. Partout où les mesures proposées
par les travailleurs ont été mises en oeuvre, elles ont été efficaces
et là où le gouvernement et les employeurs ont refusé de répondre aux
demandes raisonnables des travailleurs, les résultats ont été
désastreux.
Ce sont les travailleurs et leurs collectifs qui se sont
battus pour des équipements de protection individuelle appropriés, pour
une distanciation physique sur les lieux de travail, des congés de
maladie payés pour les travailleurs en arrêt de travail à cause de la
COVID-19, des règles pour interdire le déplacement d'un site à l'autre
pour empêcher
que la COVID-19 se propage d'une résidence de personnes âgées à
une autre, pour des effectifs suffisants dans les soins de santé et les
soins aux aînés, pour des salaires adéquats et un travail à temps plein
afin que les travailleurs n'aient pas à travailler à plusieurs emplois,
et plus encore. Les travailleurs et leurs collectifs se sont battus
pour avoir le
droit d'utiliser leur jugement professionnel pour décider des mesures
nécessaires et pour faire partie de la prise de décision. Ils ont
résisté aux pressions des employeurs pour qu'ils viennent travailler en
violation des directives de la santé publique.
Dans une société moderne, la responsabilité des
gouvernements est de protéger le corps politique et tous ses membres,
et d'insister pour que les employeurs fassent de même. Chaque collectif
et individu dans la société a droit à cette protection basée sur des
normes établies scientifiquement, y compris les connaissances et
l'expérience collectives
de la société et des travailleurs. Le même devoir incombe à chaque
membre et collectif de la société. Le projet de loi 47 montre le
genre de combat auquel les travailleurs sont confrontés.
(Photos : FO, Radical Citizen Media,
FTQ.)
Cet article est paru dans
Numéro 78 - Numéro 78 - 17 novembre 2020
Lien de l'article:
Projet de loi 47 de l'Alberta, : Bâtissons la résistance aux attaques contre la santé et la sécurité des travailleurs - Peggy Morton
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