Négociations dans le secteur public au Québec

Les négociateurs du gouvernement continuent de rejeter les revendications des travailleurs face à la deuxième vague de la pandémie


Les travailleurs de la santé et des services sociaux occupent les bureaux
du Conseil du trésor pour exiger des actions face à leurs revendications pour une convention collective, le 9 novembre 2020.

En conférence de presse le 2 novembre, la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN (FSSS-CSN) a dénoncé le fait que le gouvernement continue de rejeter les revendications des travailleurs face à la deuxième vague de la COVID-19 à la table de négociation. Les conventions collectives des quelque 550 000 travailleurs syndiqués du secteur public au Québec sont échues depuis le 31 mars 2020. Les négociations en vue de leur renouvellement ont débuté il y a environ un an. Aucune convention collective n'a encore été signée et, selon les syndicats, aucune convention n'est en vue dans un avenir rapproché à moins que le gouvernement ne se mette à négocier sérieusement sur la base des revendications pressantes des travailleurs.

Selon les plus récentes données issues du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) et de l'Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), près de 17 000 travailleurs de la santé ont été infectés par la COVID depuis le début de la pandémie, plus de 400 ont dû être hospitalisés et 13 y ont laissé leur vie.

On lit dans le communiqué émis par la FSSS-CSN à l'occasion de la conférence de presse :

« Jeudi dernier [le 29 octobre], à la table de négociation sur le seul sujet des mesures à prendre dans le cadre de la COVID-19, les représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux ont clairement indiqué que le ministère ne voyait aucun intérêt à travailler avec nous pour mettre en place des mesures visant à améliorer de façon substantielle la prévention en période de pandémie ni à mettre en place toute forme de reconnaissance pour garder motivés les salarié-es au front ».

La même journée, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, avait indiqué publiquement son intention de travailler avec les syndicats pour renforcer la prévention contre la propagation de la COVID-19.

À la table, c'est tout le contraire qui se produit, selon la Fédération.

Des mesures pour faire face à la crise du réseau de la santé
et des services sociaux

Parmi les revendications mises de l'avant par la FSSS-CSN pour réduire les risques d'infection, assurer la protection des patients et du personnel et reconnaître la contribution des travailleurs et travailleuses à la lutte contre la pandémie, on compte les mesures suivantes :

- mettre à la disposition de l'ensemble du personnel les équipements de protection individuels (ÉPI) appropriés et nécessaires, en assurant en tout temps une réserve d'équipements en quantité suffisante, notamment en rendant disponible le masque N95;

- fournir les uniformes et procéder à leur entretien;

- fournir des aires de repas et de repos qui permettent de respecter en tout temps les mesures de distanciation physique;

- interdire les déplacements du personnel dans plusieurs sites, installations, services ou unités;

- interdire l'utilisation de personnel d'agence de placement;

- donner accès à un processus de dépistage accéléré pour le personnel et les membres de leur famille immédiate;

- mettre tout le personnel à risque en isolement rémunéré ou en télétravail;

- mettre en place des comités paritaires intersyndicaux locaux et nationaux de crise sanitaire pour forcer les employeurs et le gouvernement à transmettre les informations et à entendre les problèmes du terrain;

- offrir du soutien psychologique supplémentaire;

- convenir de balises pour le télétravail;

- suspendre les frais de stationnement;

- rendre plus largement disponibles les primes COVID. »

Les représentants du gouvernement rejettent les propositions
des travailleurs

La vice-présidente de la Fédération, Josée Marcotte, a dit que les représentants du gouvernement rejettent toutes les propositions de la Fédération. Selon elle, ils proposent les mêmes mesures que le gouvernement a mises en place avant la première vague de la pandémie, qui se sont révélées un désastre.

Par exemple, sur la question des ÉPI, ils proposent uniquement que les établissements s'engagent à « déployer des efforts pour respecter les recommandations de l'Institut national de la santé publique ».

Sur la question de fournir les uniformes au personnel et faire leur entretien, ils proposent d'en fournir dans certains secteurs seulement et uniquement selon ce qu'ils appellent la « faisabilité des établissements ». C'est même moins, en fait de mesure de précaution, que ce que l'on retrouve chez McDonald's et Tim Hortons, selon Josée Marcotte. Le gouvernement n'est même pas prêt à prendre les mesures nécessaires pour empêcher la circulation de vêtements contaminés et il veut laisser cela à la discrétion des établissements. « Pas étonnant que le virus se propage dans le réseau de la santé et des services sociaux et dans la population », ajoute-t-elle.

Au lieu de s'engager à fournir au personnel des aires de repas et de repos qui leur permettent de respecter les mesures sanitaires comme la distanciation physique, en ordonnant aux établissements d'en fournir, les représentants du gouvernement proposent de « rappeler » aux établissements que ces aires sécuritaires font partie des mesures sanitaires en vigueur. À la table, les représentants du gouvernement ont même accusé le personnel de ne pas respecter les règles sanitaires et déclaré que c'est la faute des travailleurs s'il y a de la contamination.

Les représentants du gouvernement refusent d'interdire les déplacements de personnel dans plusieurs installations ou services pour enrayer la propagation de la COVID-19, ce qui fait pourtant partie du plan d'action officiel du gouvernement pendant la deuxième vague. En conséquence, les employeurs continuent de déplacer le personnel et d'afficher des postes assignés à plusieurs sites ou plusieurs services.

« Pour nous », déclare la vice-présidente, « le gouvernement ne doit pas lésiner sur les mesures à prendre. La santé et la sécurité du monde et de la population, ce n'est pas un enjeu de négociation, c'est une question de vie ou de mort. [...] Ce dont le personnel du réseau de la santé a besoin à ce moment-ci, ce n'est pas du mépris de la part du gouvernement, c'est de la reconnaissance, et surtout, un maximum de protection pour que nos anges gardiens ne deviennent pas des anges tout court. Ce que nous on veut, c'est faire le maximum pour protéger les usagers et la population. »

En conclusion de la conférence de presse, le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley a dit qu'il a pris note de la proposition du ministre de la Santé et des Services sociaux de s'asseoir avec les syndicats pour améliorer la prévention contre la COVID-19, mais que la condition est l'instauration d'un vrai dialogue pour mettre en place les conditions pour protéger le personnel. Il faut que des discussions sérieuses aient lieu, la situation presse, il faut rattraper le retard, a-t-il dit.


Cet article est paru dans

Numéro 76 - Numéro 76 - 10 novembre 2020

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Négociations dans le secteur public au Québec: Les négociateurs du gouvernement continuent de rejeter les revendications des travailleurs face à la deuxième vague de la pandémie


    

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