Les travailleurs de l'automobile
approuvent la nouvelle
convention collective avec Ford
Encore un stratagème pour payer les riches et restructurer l'industrie de l'automobile
- Louis Lang -
Les travailleurs de l'automobile d'Oshawa en
réunion à la suite de l'annonce par GM de la
fermeture de l'usine d'assemblage d'Oshawa,
le 26 novembre 2018, pour demander que
la compagnie renverse sa décision
Le 28 septembre, les travailleurs de
l'automobile à l'emploi de Ford Motor ont voté
à 81 % en faveur d'une convention
collective de trois ans pour les usines de la
compagnie à Windsor et à Oakville en Ontario. De
toute évidence, le but visé par le monopole Ford
en ratifiant la nouvelle convention collective
avec Unifor est de s'assurer que la production
d'automobiles au Canada se poursuive dans la même
vieille voie. Cela veut dire que Ford va continuer
de recevoir des fonds énormes de l'État pour
financer sa production. Cela veut dire également
que l'économie canadienne sera intégrée encore
davantage dans l'économie de guerre impérialiste
américaine.
C'est la méthode utilisée depuis plus de 50
ans, depuis que le Pacte de l'automobile a été
ratifié par les libéraux de Lester B. Pearson.
Malgré les profits sans bornes empochés par les
trois principaux monopoles, les crises récurrentes
et l'insécurité pour les travailleurs de
l'automobile et les communautés dans lesquelles
ces usines sont situées ont été des phénomènes
constants parce que l'économie canadienne n'est
pas indépendante et ne vise pas à assurer le
bien-être des travailleurs. Outre la domination
par les monopoles nord-américains en vertu de
l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, l'industrie de
l'automobile est dominée par l'Accord de
partenariat transpacifique global et progressiste,
l'Accord de libre-échange Canada-Corée et l'Accord
économique et commercial global entre le Canada et
l'Union européenne.
L'investissement de Ford, dont plus du quart sera
fourni par le gouvernement et ses stratagèmes pour
payer les riches, vise à permettre à Ford de
devancer ses concurrents au Japon, en Chine et en
Europe ainsi que Tesla, en ce qui concerne la
production de véhicules électriques à batterie
(VEB). Cela ne mettra pas à l'ordre du jour le
problème de l'insécurité d'emploi des travailleurs
de l'automobile et le besoin d'une économie
canadienne indépendante qui s'appuie sur ses
propres forces.
L'industrie de l'automobile au Canada ne se
limite pas aux cinq monopoles mondiaux de
l'automobile qui dominent la scène canadienne en
tant que principaux fabricants de véhicules, soit
Toyota, GM, Honda, Fiat-Chrysler et Ford.
Il y a aussi des fournisseurs de pièces
automobiles qui exploitent plus de 700 usines
de fabrication au
Canada. Parmi eux, on compte quelques grands
fournisseurs canadiens qui
sont actifs à l'échelle mondiale (par exemple,
Magna
International, Linamar, Martinrea, Woodbridge,
etc.). Il y a aussi des
filiales canadiennes de fournisseurs mondiaux
japonais,
européens et américains ainsi que des fournisseurs
de
pièces canadiens de taille moyenne, petite et à
établissement unique[1].
La restructuration
continue par les trois grands monopoles
nord-américains, en particulier depuis la crise
financière de 2008-2009, a mené à un grand
nombre de fermetures d'usines comme celle de GM à
Oshawa et de plusieurs autres usines d'assemblage
au Michigan et en Ohio. Ces fermetures ont aussi
affecté la vie de milliers de travailleurs dans
l'industrie des pièces qui dessert toute la région
des Grands-Lacs où l'industrie de l'automobile a
été concentrée historiquement.
Dans leurs négociations avec des monopoles comme
Ford, les travailleurs ne perdent pas de vue les
conditions objectives dans lesquelles ils se
trouvent et leur expérience passée. Une conclusion
inévitable qu'ils tirent lorsque des négociations
ont lieu et que des ententes sont conclues, c'est
que c'est toujours du pareil au même en ce qui
concerne les monopoles de l'automobile.
Dans ces négociations, Ford a dit
ouvertement : « Payez-nous, soyez nos
partenaires, aidez-nous à devenir compétitifs sur
le marché international », et vous
conserverez vos emplois. Ceci n'a fait
qu'augmenter les demandes de concessions aux
travailleurs et de plus de fonds publics de la
part des gouvernements alors que les monopoles de
l'automobile mettent la barre toujours plus haute
dans leur quête de profits. Aussi longtemps que
cet arrangement se poursuivra, les problèmes de
l'industrie et de la société ne pourront pas être
résolus.
Les travailleurs de l'automobile sont confrontés
au besoin continu d'un changement de direction de
l'économie, laquelle est présentement de placer
les intérêts des riches au premier rang. Cela ne
peut pas être l'objectif d'une société qui est en
mesure de répondre aux besoins de ses membres.
Note
1. The Future of the
Canadian Auto Industry, Centre canadien de
politiques alternatives-2019, page 6
Cet article est paru dans
Numéro 68 - Numéro 68 - 8 octobre 2020
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Les travailleurs de l'automobile
approuvent la nouvelle: Encore un stratagème pour payer les riches et restructurer l'industrie de l'automobile - Louis Lang
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