Les travailleurs de la santé défendent leurs droits

Les infirmières de l'Alberta exigent le rétablissement des dispositions de congés spéciaux

Les Infirmières et infirmiers unis de l'Alberta (IIUA) appellent le gouvernement albertain à rétablir les congés payés spéciaux pour les travailleurs de la santé qui sont en confinement en raison de la COVID-19. Le 6 juillet, le gouvernement a supprimé les congés payés temporaires pour les travailleurs devant se confiner. En même temps, le nombre de cas et l'hospitalisation de patients infectés par la COVID-19 sont en hausse depuis environ un mois, et il y a eu une éclosion majeure à l'hôpital Misericordia d'Edmonton. Au Centre médical Foothills de Calgary, le personnel lutte contre des éclosions dans six unités, dans lesquelles 33 patients et 28 membres du personnel ont été déclarés positifs à la COVID-19, quatre personnes sont mortes et 290 travailleurs de la santé sont en isolement. Il y a aussi des éclosions à l'hôpital Queen Elizabeth II à Grand Prairie et à l'hôpital Royal Alexandra à Edmonton. Trois résidences de soins de longue durée et douze résidences pour aînés et semi-autonomes en Alberta font présentement face à des éclosions. Cependant, le gouvernement Kenney n'a pris aucune mesure pour rétablir les dispositions de congés spéciaux.

« Les infirmières qui doivent se confiner en raison d'éclosions dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée sont obligées d'avoir recours à leurs congés de maladie ou absorber le coup à même leur salaire, a dit le directeur des Relations du travail de l'IIUA, David Harrigan. Les employés réguliers sont en train de vider leurs banques de congés de maladies et les infirmières occasionnelles n'en ont tout simplement pas, ce qui fait qu'elles perdent des revenus », a-t-il dit.

Harrigan a demandé au gouvernement  de rétablir les congés de maladie pour le confinement, soulignant que les infirmières pourraient accomplir des tâches assignées pendant leur confinement ou être indemnisées pour maladie lorsque travailler n'est pas possible. « Les infirmières sont en première ligne de la pandémie de la COVID-19 à tous les jours et ressentent profondément qu'on abuse d'elles et qu'on leur manque de respect », a-t-il dit.

Avec les programmes des Services de santé de l'Alberta (SSA) qui mettent un accent renouvelé sur la « sensibilisation à l'absentéisme » et la « gestion des postes vacants », l'IIUA craint que les infirmières soient forcées de se présenter au travail même si elles ne se sentent pas bien pendant la pandémie. Le but de la « sensibilisation à l'absentéisme » est d'exercer une pression sur les travailleurs pour qu'ils ne se servent pas de leurs congés de maladie. Pour ce qui est du programme de gestion des postes vacants, on « gère » les postes vacants en ne les remplaçant pas, et par conséquent les infirmières sont forcées de travailler dans des conditions de pénurie de personnel et d'accepter des quarts de travail supplémentaires et du temps supplémentaire.

« Les travailleurs, en particulier les travailleurs de la santé, ne devraient jamais être forcés de travailler lorsqu'ils sont malades », a déclaré la vice-présidente de l'IIUA, Danielle Larivee. « Mais c'est exactement ce que les SSA font en remettant en circulation ce programme de 'sensibilisation à l'absentéisme' destiné aux employés en pleine pandémie du coronavirus. C'est inapproprié et dangereux. Les dangers de cette approche en temps de pandémie mondiale devraient sauter aux yeux de tout le monde », a-t-elle dit.

« Même pendant une saison de grippe normale, il est irresponsable de créer un climat où les employés se sentent obligés de se présenter au travail ; pendant une pandémie, les conséquences sont exponentielles », a dit Harrigan. « Pour ceux et celles qui n'arrivent déjà pas financièrement, c'est une pression de plus qui fait qu'une personne ayant de légers symptômes ne restera pas à la maison. »

La position des infirmières est juste et mérite l'appui actif de tous les Albertains. Les travailleurs de la santé ne sont pas un « coût » mais le facteur essentiel dans la prestation des services. Laisser entendre qu'un congé de maladie pour les travailleurs de la santé qui même en temps normal courent le risque d'être exposés à des maladies contagieuses, à des accidents de travail, au stress de travailler dans des conditions de pénurie de personnel, et même de propager la maladie aux personnes qu'elles soignent, est un « coût » est le reflet de la vision d'une force désuète incapable et indifférente au bien-être des infirmières, des autres travailleurs de la santé et des patients. Dire des personnes qui risquent leur vie à chaque jour pour s'occuper de leurs patients qu'elles sont un « coût » et exercer une pression sur elles pour bafouer leurs droits et mettre en danger les malades et les aînés dont elles sont responsables est quelque chose de très méprisable.

En plus, les programmes comme « la sensibilisation à l'absentéisme » sont imposées par décret exécutif et servent non seulement à attaquer les travailleurs, mais aussi à forcer les gestionnaires en première ligne d'aller à l'encontre de leur propre conscience et de prendre des mesures sachant qu'elles contreviennent à leurs responsabilités professionnelles envers le personnel, les patients et les résidents.

Tout pointe vers la nécessité d'une autorité publique où les travailleurs de la santé jouent un rôle décisif et où leur initiative, leur expertise, leurs connaissances et leur sens des responsabilité guident toutes les décisions, y compris en ce qui concerne les ressources dont ils ont besoin pour faire leur travail.


Cet article est paru dans

Numéro 66 - Numéro 66 - 1er octobre 2020

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Les travailleurs de la santé défendent leurs droits: Les infirmières de l'Alberta exigent le rétablissement des dispositions de congés spéciaux - Peggy Morton


    

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