Dix mille responsables des services éducatifs en milieu familial en grève au Québec


Manifestation des responsables des services éducatifs en milieu familial le premier jour de
leur grève générale, le 21 septembre 2020

Le 21 septembre, face à une impasse dans leur négociation avec le gouvernement du Québec pour le renouvellement de leur convention collective, 10 000 responsables des services éducatifs en milieu familial (RSE), membres de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), ont entrepris une grève générale à la défense de leurs droits et de leur dignité.

Comme c'est le cas de tant d'autres travailleurs et travailleuses de la santé et des services sociaux, ces travailleuses font face à des conditions intenables qui en forcent plusieurs à quitter la profession. Un des principaux problèmes est qu'elles sont considérées comme des travailleuses autonomes et reçoivent donc une subvention par enfant plutôt qu'un salaire horaire. Selon le syndicat, cette subvention revient en moyenne à environ 12,42 $ de l'heure par intervenante. Le syndicat demande qu'un arbitre soit nommé pour évaluer l'échelle salariale de ses membres et demande que les salaires soient portés à une somme équivalente à 16,75 $ de l'heure mais le gouvernement s'y oppose.

Anne Dionne, vice-présidente de la FIPEQ-CSQ a dit que les mauvaises conditions de travail sont la source d'une pénurie sérieuse d'intervenantes en milieu familial au Québec. « Les professionnelles quittent, ferment, et le pire est qu'aucune nouvelle intervenante n'est intéressée tant les conditions sont mauvaises. En tout, 2 500 places sont vacantes au Québec », a-t-elle dit.

Afin d'éviter une grève générale, les intervenantes en milieu familial ont mené des grèves tournantes pendant plusieurs semaines, ont organisé des manifestations, notamment devant l'Assemblée nationale, pour exiger la satisfaction de leurs revendications. Le refus du gouvernement du Québec de régler la négociation en soumettant l'évaluation du calcul de l'échelle salariale à un arbitre indépendant ne leur a laissé d'autre choix que de déclencher la grève, ont-elles dit.


Le 16 septembre 2020, les responsables des services éducatifs en milieu familial manifestent
à Sherbrooke pour réclamer la satisfaction de leurs revendications.

Selon le syndicat, la revendication d'un salaire équivalent à 16,75 $ l'heure, au lieu du 12, 42 $ actuel, est basée sur le salaire horaire d'une éducatrice non-formée à l'échelon 1 en Centre de la petite enfance (CPE)

Dans un communiqué de presse publié le 20 septembre, la présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie Grenon, écrit que les intervenantes en milieu familial sont « de véritables professionnelles de la petite enfance. Elles sont à la fois éducatrice, responsable de l'alimentation, commis-comptable, concierge, et j'en passe. » Elle écrit à ce sujet que selon un sondage Léger commandé par la Fédération, les RSE membres de la FIPEQ-CSQ ont en moyenne 16 années d'expérience.

Dans le cadre de la négociation, la FIPEQ-CSQ a proposé que le ministre de la Famille considère le travail d'une éducatrice non-formée à l'échelon 1 en CPE comme étant comparable au travail accompli par une intervenante en petite enfance en milieu familial, à condition de mettre en place un comité d'évaluation de l'emploi de la RSE qui remettrait des recommandations sur les véritables tâches et les emplois à comparer.
« Il s'agissait déjà d'une concession majeure pour notre organisation , a dit la présidente de la FIPEQ-CSQ. Tout ce qu'il reste à régler, c'est le calcul, mais le ministère refuse de déposer sa façon de calculer. »

Depuis le début des négociations, le ministre québécois de la Famille a été très arrogant dans sa réponse à la revendication des intervenantes en milieu familial de la reconnaissance de leur profession et de l'amélioration de leurs conditions. En entrevue à une émission de radio, le ministre Mathieu Lacombe a dit que fournir des services éducatifs en milieu familial est un choix de vie que les intervenantes ont fait, en sachant très bien à quoi s'attendre en ce qui concerne les conditions de travail et les salaires. « Ce n'est pas du cheap labor, c'est un choix », a-t-il dit. « Ce sont des travailleuses autonomes qui font ce choix-là en sachant combien elles vont recevoir. »

Il a répété la même chose à l'Assemblée nationale le 22 septembre et ajouté que les demandes des grévistes sont déraisonnables et dépassent la capacité de payer des Québécois.

Les travailleuses en grève persistent dans leur juste lutte et affirment que celle-ci fait partie du mouvement d'ensemble qui vise à améliorer les conditions de travail des travailleuses partout.

« Le message que nous lançons aujourd'hui à l'endroit du gouvernement est clair : les femmes disent ‘non' à un salaire dégradant en bas du salaire minimum. Nous ne sommes pas des travailleuses de seconde classe. Et encore plus que leur simple revenu, les responsables de services éducatifs en milieu familial vont au front pour les familles et revendiquent des services de meilleure qualité pour l'avenir des enfants. », écrit la FIPEQ-CSQ dans son communiqué de presse du 21 septembre. « Ces femmes sont le premier maillon de notre système d'éducation, elles font cette grève non pas pour elles-mêmes, mais pour sauver le réseau et répondre aux besoins des familles. La situation est critique. »

La grève des 10 000 responsables des services éducatifs en milieu familial soulève clairement le problème que le manque de milliers d'éducatrices en milieu familial qui rend impossible de rendre accessibles les places pour lesquelles des permis existent déjà ne sera pas résolu sans une amélioration substantielle de leurs conditions de travail.


En Montérégle, 18 septembre 2020

Longueuil, 18 septembre 2020


Sainte-Thérèse, 18 septembre 2020


Trois-Rivières, 17 septembre 2020

(FIPEQ-CSQ)


Cet article est paru dans

Numéro 64 - Numéro 64 - 24 septembre 2020

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