Les enseignants demandent un dépistage accéléré de la COVID-19 dans les écoles et des données précises sur les cas d'infection

Depuis le 31 août, les élèves du Québec sont de retour dans les écoles de la maternelle au secondaire. Déjà, des cas d'infection à la COVID-19 ont été signalés dans les écoles de plusieurs régions du Québec. La plupart des personnes qui ont été déclarées positives sont des enseignants, mais les élèves ont également été touchés. Des classes entières ont été renvoyées chez elles pour un isolement préventif, en plus des enseignants qui ont été déclarés positifs et des collègues avec lesquels ils étaient en contact étroit.

Jusqu'à présent, le gouvernement a imposé un code de silence sur les cas de COVID-19 dans les écoles. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a attendu une semaine entière, jusqu'au 4 septembre, pour ne publier que des données limitées et l'a fait d'une manière qui ne permet à personne d'avoir une image claire de ce qui se passe et des mesures prises.

Les données publiées donnent les noms de 47 écoles où au moins un cas d'infection à la COVID-19 a été signalé entre le 26 août et le 3 septembre. Cependant, la liste ne révèle pas le nombre de cas connus par école. Elle révèle seulement le nom de l'école et du centre de service scolaire qui le supervise - ce qui aide à indiquer la région - et la date à laquelle le cas a été signalé. Rien d'utile ne peut être fait avec ces informations. Après que ces informations limitées ont été rendues publiques et que les enseignants et les parents ont fermement dénoncé le gouvernement pour ne pas avoir fait son devoir de les informer, le gouvernement s'est engagé à publier prochainement un tableau indiquant le nombre de nouveaux cas parmi les élèves et le personnel, par région sanitaire, par centre de service scolaire et par école.

Sylvain Mallette, le président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), a déclaré ce qui suit aux médias après la publication de la liste : « Le gouvernement ne peut pas prétendre qu'il était prêt pour la rentrée alors qu'il a attendu au 4 septembre pour donner un portrait incomplet. C'est un virus qui est potentiellement mortel et on fait comme si les choses peuvent se mettre en place au fur et à mesure. »

Il a reproché au gouvernement du Québec de vouloir « minimiser » la situation actuelle. Selon lui, la liste diffusée le 4 septembre occulte le fait qu'il y a eu des bouleversements dans plusieurs salles de classe en raison des cas signalés.

« Des élèves sont présentement confrontés à des bris de services éducatifs », a-t-il noté, faisant référence aux enfants infectés et aux enseignants mis en quarantaine. Il a donné l'exemple de la Polyvalente de Deux-Montagnes, dans les Laurentides, où six enseignants ont contracté la maladie et vingt autres sont toujours en isolement préventif.

La FAE demande la publication de plus d'informations, y compris si un membre du personnel infecté est un enseignant ou un autre travailleur de l'éducation (tout en préservant son anonymat), ainsi que les mesures qui ont été prises en réponse aux infections détectées pour retracer les contacts et envoyer des gens en isolement.

Dans ce contexte, les enseignants sont aussi entrés en action pour exiger un dépistage accéléré de la COVID-19 dans les écoles et la divulgation publique des données sur les infections dans les écoles. Selon la FAE, le ministre de la Santé et des Services sociaux a annoncé, le 10 août, la mise en place d'un mécanisme de dépistage accéléré et efficace dans les écoles. « Il n'y a aucune preuve qu'un tel dépistage est en place », déclare la FAE. La Fédération a donc annoncé le 2 septembre qu'elle demandera à la Cour supérieure du Québec de forcer le gouvernement à établir le mécanisme demandé et à fournir tous les documents relatifs au plan de santé qui s'appliquent au système scolaire, notamment les données concernant les cas d'infection.

Des services de dépistage accéléré dans les écoles et la publication de données sur les cas d'infection permettraient une action rapide en cas d'infection et une évaluation précise de la façon dont ces cas se sont produits afin de remédier à la situation.

Le gouvernement est plus que réticent à mettre en oeuvre un plan de dépistage systématique dans le réseau scolaire et à fournir les informations demandées par les enseignants. De nombreux enseignants disent que c'est parce que le dépistage systématique est considéré par le gouvernement comme un coût qu'il ne veut pas payer, sous prétexte de maintenir un soi-disant équilibre entre la sécurité et l'économie. C'est inacceptable. La sauvegarde de la santé et de la sécurité des personnes est une question de principe, une question d'affirmation d'un droit, et toutes les mesures doivent être mises en oeuvre pour que ce droit soit garanti. Il ne peut pas être question d'un « équilibre » et de jouer avec la vie des gens.

Sylvain Mallette a parlé à Forum ouvrier à propos du dépistage accéléré des enseignants :

« Actuellement il y a des profs et d'autres membres du personnel qui doivent attendre parfois 48 heures avant d'avoir un rendez-vous et qui doivent parfois attendre 48-72 heures avant d'avoir leur résultat », a-t-il dit. Dans le milieu scolaire, l'effet domino est très fort. Il n'y a pas de mécanisme qui permet à quelqu'un qui a des symptômes d'être testé rapidement et d'obtenir le résultat rapidement. L'absence d'un mécanisme de dépistage accéléré pose de sérieux problèmes de santé et sécurité pour les travailleuses et les travailleurs. Cela a pour effet aussi de provoquer une rupture dans les apprentissages des élèves et une désorganisation du milieu de travail. Le gouvernement ne peut pas avoir choisi le modèle de rentrée scolaire qu'il a choisi, qui ne prévoit pas de distanciation physique dans les salles de classe, sans avoir prévu un mécanisme de dépistage accéléré. »

Il a ajouté :

« À la FAE, nous avons une obligation légale d'assurer la santé et la sécurité de nos membres, mais nous avons aussi des obligations morales. Quand un de nos membres est touché, c'est toute sa famille qui est touchée. Quand un de nos élèves est touché, c'est toute sa famille qui est touchée. Cependant, on doit nous fournir les mécanismes pour que nous soyons capables d'accomplir nos obligations en matière de santé et de sécurité, et ce n'est pas ce qui se produit. Le gouvernement n'assume pas sa responsabilité de protéger adéquatement la santé et la sécurité de nos membres et du personnel, et il ne nous fournit pas les mécanismes pour le faire. »


Cet article est paru dans

Numéro 59 - Numéro 59 - 8 septembre 2020

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