Sérieuses préoccupations face à la première semaine de réouverture
des écoles au Québec

Le défi auquel les enseignants et les travailleurs de l'éducation font face

Le 31 août, les écoles du Québec ont été rouvertes, depuis la maternelle jusqu'au secondaire. C'est 2 736 établissements d'enseignement publics dans lesquels évoluent 1 216 791 élèves, 107 744 enseignants, et plus de 60 000 employés de soutien et professionnels de l'éducation.

La première caractéristique de cette rentrée scolaire sous une COVID-19 non maîtrisée est l'immense amour social et enthousiasme que les enseignants ont démontré lors de l'accueil des élèves. Dès qu'ils ont mis le pied à l'école, ils se sont assurés que les solutions hydroalcooliques de lavage des mains et les équipements de protection individuelle soient disponibles pour tous. Chaque jour depuis, ils échangent entre eux sur les initiatives à prendre pour assurer leur santé et celle de leurs élèves, veillant de cette façon à la santé de la communauté. Ils n'ont eu que quelques jours, travaillant ensemble, pour s'assurer que la rentrée se fasse dans un environnement aussi sécuritaire que possible pour la santé des jeunes et approprié à l'enseignement. Les élèves, particulièrement ceux du secondaire dont beaucoup ont travaillé dans l'alimentation et la vente au détail cet été en pleine pandémie de la COVID-19, utilisent leur expérience et font preuve de beaucoup de discipline dans l'application des règles de sécurité.

Cependant, le retour en classe s'est aussi fait sous le signe de l'angoisse non seulement à cause du sérieux de la crise de la COVID-19, mais du fait que le gouvernement n'assume pas sa responsabilité en ce qui concerne son devoir de protéger la santé et la sécurité de tous et de toutes dans le réseau scolaire. Les enseignants sont très préoccupés par le fossé qui existe entre les conditions réelles dans les écoles et ce que le gouvernement prétend être des mesures adéquates mises en place en début d'année scolaire. En effet, malgré toutes les propositions des enseignants pour organiser la présence des élèves dans les écoles tout en respectant la distanciation physique, essentielle au contrôle de la pandémie, le gouvernement et son ministère de l'Éducation ont déclaré qu'elle n'était pas nécessaire dans les salles de classe et que le port du masque ne l'était pas non plus. Le concept de bulle-classe mis de l'avant nie les efforts des enseignants pour obtenir des classes avec moins d'élèves et une distanciation physique dans la classe afin que tous soient protégés. Les efforts des enseignants ont été rejetés sans explication ni justification.

L'autre phénomène qui ajoute à l'angoisse est le souci constant du gouvernement du Québec de ramener les choses à des opérations de relations publiques. Dans cette situation si difficile, le gouvernement présente la situation comme étant sous contrôle et les enseignants satisfaits. Cité par les médias le 3 septembre, Jean-François Roberge, ministre de l'Éducation, a dit : « L'écho que j'ai, c'est que les membres du personnel sont satisfaits, ça se passe bien, et chaque jour qui passe, le niveau d'anxiété baisse et les gens sont de plus en plus rassurés ». Il a dit cela au moment même  où le gouvernement rendait publique la liste des 45 écoles où ont été diagnostiqués des cas positifs à la COVID-19 pendant cette toute première semaine. Plus de vingt élèves dans les écoles primaires et souvent plus de 30 dans les écoles secondaires vivent plus de 5 heures par jour ensemble dans les classes sans aucune distanciation physique ! Les enseignants sont inquiets et conscients que ces conditions favorisent la transmission du virus.

En même temps, le gouvernement parle de relâchement dans les écoles et évoque même une fermeture si les choses s'aggravent, ce qui lui permet de blâmer le personnel de l'éducation ou les jeunes et d'éviter que ses propres décisions ne soient examinées publiquement. Ce type de camouflage par les relations publiques est méprisé par les enseignants et leurs collègues qui doivent enseigner et veiller chaque jour à la sécurité de tous sans la confiance et le sentiment de sécurité que le gouvernement prend des actions concrètes pour les appuyer.

Cela convainc les enseignants qu'ils doivent intensifier leurs actions pour forcer le gouvernement à rendre des comptes de ses gestes et le forcer à assumer ses responsabilités. En même temps, ils prennent en main par leurs propres initiatives la question de la santé et de la sécurité de tous et de toutes, ce qu'ils ont fait dès qu'ils ont mis le pied dans leur école. Les enseignants voient la nécessité de créer les occasions de discuter et d'échanger collectivement leurs points de vue et de partager leur expérience pour voir ce qui peut être fait pour changer la situation d'une manière qui soit à l'avantage du peuple.


Cet article est paru dans

Numéro 59 - Numéro 59 - 8 septembre 2020

Lien de l'article:
Sérieuses préoccupations face à la première semaine de réouverture: Le défi auquel les enseignants et les travailleurs de l'éducation font face - Geneviève Royer


    

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