Quand la démocratie sert des fins intéressées, elle n'est plus digne du nom

Les travailleurs albertains prennent note qu'aucune loi ne permet aux « individus de l'Alberta » de retenir une partie de leurs impôts s'ils n'appuient pas les actions gouvernementales, qu'ils peuvent juger non « légitimes » de la part d'un gouvernement ou avec lesquelles ils peuvent être en désaccord. Le vitriol antiouvrier du gouvernement Kenney est tel qu'il affirme avoir le droit d'interdire toute discussion dans la société qui n'appuie pas sa ligne de parti réactionnaire. Ceux qui s'opposent à la ligne du parti de Kenney et suggèrent une autre direction de l'économie qui serait meilleure que l'insécurité d'une économie basée sur les ressources rongée par la crise sont déclarés persona non grata.

Jason Copping, ministre du Travail et de l'Immigration de Kenney, a avoué le 8 juillet lors de la deuxième lecture du projet de loi 32 à l'Assemblée législative que l'État attaquera toute organisation qui s'oppose à la ligne de son parti sur le développement des ressources en tant que seule direction pour l'économie. Copping a dit :

« Notre gouvernement s'est également engagé dans notre plateforme à protéger les travailleurs contre l'obligation de financer des activités et des causes politiques sans approbation explicite. Le projet de loi 32 tient cette promesse. Certains syndicats nationaux ont utilisé les cotisations de leurs travailleurs pour faire activement campagne contre les Albertains, leurs emplois et nos industries fondamentales. Par exemple, Unifor a intenté un recours en justice contre l'oléoduc Northern Gateway bien qu'il représente des travailleurs des sables bitumineux du nord de l'Alberta. Monsieur le président, nous soutenons les droits individuels des travailleurs, et nous tenons notre promesse électorale de protéger les travailleurs, rétablir l'équilibre et renforcer la démocratie. Maintenant, le projet de loi 32 ne modifie pas la capacité de faire campagne pour des causes ; il confirme simplement que l'approbation explicite des travailleurs est nécessaire s'ils choisissent d'appuyer des activités politiques avec leurs cotisations syndicales. Cela ne modifie pas le statu quo sur la façon dont les syndicats perçoivent leurs cotisations syndicales de base afin de représenter leurs membres. »

Copping dit soutenir les droits individuels, mais pas si ces droits sont exprimés dans un collectif des travailleurs. Un collectif de travailleurs est une relation entre les individus et entre les individus et leur collectif. Les individus au sein du collectif ont le droit d'établir cette relation sans ingérence. N'est-ce pas là une expression de la démocratie en action ? L'attaque législative du gouvernement contre les travailleurs et leurs syndicats est une attaque contre leur droit démocratique de créer sans ingérence leurs propres collectifs.

Copping avoue que son gouvernement n'est pas d'accord avec Unifor, et son gouvernement utilisera donc ses pouvoirs législatifs pour attaquer les syndicats, et pas seulement Unifor, mais tous les syndicats, à moins bien sûr qu'ils ne se rangent du côté du gouvernement et de sa direction pour la province et l'économie.

L'attaque du gouvernement contre les droits des travailleurs ne se fait pas en vase clos. Le gouvernement sort son glaive contre tous ceux qui osent critiquer sa direction. Le gouvernement Kenney a récemment adopté la Loi sur la défense des infrastructures essentielles, qui criminalise les personnes qui, selon le gouvernement, ont bloqué, endommagé ou pénétré sans raison dans toute « infrastructure essentielle » comme les pipelines, les voies ferrées, les autoroutes, les sites pétroliers, les lignes électriques et d'autres et sont jugées en violation de « toute autre chose prescrite dans la réglementation ». Ces mêmes personnes peuvent encourir de lourdes amendes et des peines de prison. Cette loi vise de manière explicite les activistes écologistes, les nations autochtones, les communautés locales et toute autre personne qui exprime son opposition à des projets qu'ils considèrent comme une violation de leurs droits et contraires à l'intérêt public.

Avec la Loi 32, les travailleurs et leurs syndicats sont la cible d'une ingérence accrue de l'État dans leurs affaires. La loi va s'ingérer dans la perception des cotisations syndicales et dicter la façon dont l'argent des syndicats est utilisé. Copping avoue que le gouvernement veut arrêter la discussion et empêcher les syndicats de mener des campagnes qu'ils jugent être dans l'intérêt des travailleurs et du public. Cela comprend ceux qui défendent leurs droits et ceux qui demandent d'arrêter de payer les riches et revendiquent des investissements accrus dans les programmes sociaux. D'autres qui sont ciblés peuvent vouloir des protections législatives pour la santé et la sécurité des travailleurs et des garanties de sécurité pour les travailleurs accidentés et sans emploi ; beaucoup veulent voir l'affirmation des droits ancestraux et issus de traités des peuples autochtones et l'humanisation de l'environnement social et naturel. Le gouvernement Kenney considère tout cela comme étant répréhensible et une violation des droits et privilèges des riches que soutient son gouvernement.

Les campagnes des travailleurs sont souvent adoptées par les travailleurs qui participent aux réunions et congrès syndicaux. Copping dit que « l'approbation explicite de chaque travailleur est requise s'il choisit d'appuyer » ou non le syndicat et ses campagnes. Sans l'« approbation explicite » individuelle des travailleurs, le syndicat sera privé d'une partie des cotisations de ses membres. Le duo Kenney/Copping a-t-il « l'approbation explicite » des Albertains pour ses campagnes et ses actions ?

Le monde est bien plus compliqué que ce que Kenney ou Copping admettent. Le monde n'est pas pour ceci et contre cela. Le monde a besoin de plus de collectifs qui pensent par eux-mêmes et décident de la manière de dépenser leur argent sans ingérence de l'État et de quelle direction l'économie et le pays ont besoin pour défendre le peuple contre les crises récurrentes et ouvrir une voie vers l'avant.

                          Non à l'ingérence de l'État dans les organisations des travailleurs !


Cet article est paru dans

Numéro 51 - Numéro 51 - 30 juillet 2020

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Quand la démocratie sert des fins intéressées, elle n'est plus digne du nom - George Allen


    

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