Condamnons la loi 32 du gouvernement albertain!

Le gouvernement de Jason Kenney en Alberta a déposé le projet de loi 32, la Loi de 2020 sur la restauration de l'équilibre dans les endroits de travail en Alberta, le 7 juillet. Le projet de loi est passé en deuxième lecture le 23 juillet et a été adopté le matin du 29 juillet après un marathon d'une nuit entière à l'Assemblée législative. Il deviendra loi une fois qu'il aura reçu la sanction royale.

La Loi 32 apporte des changements importants au Code des normes d'emploi de même qu'au Code des relations de travail qui bafouent les droits des travailleurs. Le gouvernement a lancé cette attaque contre les travailleurs sous prétexte de soutenir la relance économique, de rétablir l'équilibre aux endroits de travail et de remettre les Albertains au travail. En fait, l'objectif est de consolider le pouvoir et le privilège des riches au sein de la vieille normalité des crises économiques récurrentes, de l'insécurité d'emploi dévastatrice et d'un parti pris de l'État en faveur des employeurs et au détriment des travailleurs dans le rapport social au travail.

La loi est motivée par l'objectif antiouvrier d'abaisser les conditions de travail et de vie de tous les travailleurs albertains, syndiqués ou non. Il favorise ouvertement le profit privé des quelques-uns au détriment des travailleurs qui produisent toute la valeur par leur travail. Par exemple, la loi modifie honteusement le Code des normes d'emploi pour permettre aux employeurs d'éliminer presque entièrement le paiement des heures supplémentaires pour les travailleurs non syndiqués en autorisant l'établissement d'une moyenne des heures travaillées sur une période de 52 semaines !

La loi élargit considérablement  les pouvoirs arbitraires du directeur des normes du travail et du ministre du Travail, les habilitant notamment à accorder des exemptions et des dérogations aux règles et aux protections énoncées dans le Code du travail et donne aux employeurs la possibilité de bafouer en toute impunité les droits des travailleurs. Elle prévoit une exemption qui supprime l'obligation des employeurs de respecter les critères minimaux du Code lorsqu'ils font des demandes d'exemptions ou de dérogations et permet de renouveler  indéfiniment ces exemptions.

Ces changements régressifs sont appuyés par une attaque directe contre les travailleurs et leur droit de se défendre et de défendre la société collectivement par le biais de leurs organisations de défense. La Loi 32 vise à paralyser les travailleurs et leurs syndicats afin d'abaisser les conditions de travail et de vie des travailleurs en général.

Le gouvernement prétend que les travailleurs individuels ont besoin de la « liberté de choix » en ce qui concerne les organisations auxquelles ils appartiennent et que le diktat du gouvernement tel qu'exercé par la loi 32 leur donnera cette « liberté ». À cet égard, la loi s'en prend au droit des travailleurs et de leurs syndicats de décider de leurs affaires. Le gouvernement s'engage à éliminer les « activités politiques et les autres causes » promues par les travailleurs et leurs syndicats, que l'élite au pouvoir n'aime pas.

La loi donne au gouvernement l'autorité de décréter que la seule activité « légitime » des syndicats est la « négociation collective et la représentation des membres », rien d'autre. C'est une farce, car les travailleurs savent très bien que le gouvernement Kenney ne respecte pas et ne défend pas la négociation collective. On le voit à son refus catégorique de négocier avec les travailleurs du secteur public et à son adoption de lois qui les attaquent.

Tous les droits aux employeurs, pas de droits aux employés, voilà l'objectif du gouvernement Kenney !

La Loi 32 s'ingère directement dans les affaires des syndicats et les décisions que leurs membres peuvent prendre collectivement. Elle requiert que les travailleurs stipulent individuellement qu'une partie de leurs cotisations syndicales peut être utilisée pour des « activités politiques », sinon le syndicat est privé de cette partie des cotisations. Le gouvernement a le front de se donner le droit de décider lesquelles des activités d'un syndicat sont politiques et lesquelles ne le sont pas et comment le syndicat peut dépenser son argent. Il dicte aux travailleurs et à leurs syndicats comment mener leurs affaires et gérer leur propre argent. Non, monsieur Kenney, les travailleurs et leurs syndicats sont des organisations indépendantes. Vous n'êtes pas membre d'un syndicat et si un des membres de votre gouvernement était un membre en bonne et due forme d'un syndicat, alors il aurait le droit de discuter et de décider de la direction que prend celui-ci et de comment il dépense son argent selon les règles et les règlements du syndicat.

La loi 32 accroît l'ingérence du gouvernement dans les affaires des travailleurs de l'Alberta et de leurs syndicats. Son objectif est de paralyser les syndicats afin d'empêcher la classe ouvrière organisée de s'opposer à l'ordre du jour antisocial du gouvernement et de mettre de l'avant ses propres solutions prosociales aux problèmes auxquels font face les travailleurs de l'Alberta et leur économie. La classe ouvrière de l'Alberta, tant la partie syndiquée que la partie non syndiquée, n'acceptera jamais de telles attaques contre le droit des travailleurs et de tous les Albertains de s'organiser et de s'exprimer contre un programme gouvernemental antisocial et anti-travailleur et de lutter pour le droit de définir une direction prosociale pour l'économie.

En prévision de l'adoption du projet de loi 32, la Fédération du travail de l'Alberta avait annoncé le 27 juillet qu'« une large coalition de syndicats albertains lancera une contestation judiciaire du nouveau projet de loi draconien de Jason Kenney qui a pour motif de violer d'importants droits démocratiques consacrés dans la Charte canadienne des droits et libertés. » La Fédération a tenu une conférence de presse le 29 juillet pour dénoncer la loi et la gamme des mesures antisociales du gouvernement Kenney et a rappelé au premier ministre que les Albertains par milliers – jeunes, aînés, travailleurs, femmes – s'engagent déjà dans des actions de masse pour s'y opposer. Le président de la Fédération du travail de l'Alberta, Gil McGowan, a rapporté que jusqu'à présent, la fédération et 26 syndicats ont convenu de participer à la contestation juridique de la Loi 32. Il a cité la Bible dans son message à Kenney : « Vous avez semé le vent, vous récolterez la tempête. »


Cet article est paru dans

Numéro 51 - Numéro 51 - 30 juillet 2020

Lien de l'article:
Condamnons la loi 32 du gouvernement albertain! - Peggy Morton


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca