Les travailleurs prennent la
parole
Le retrait de la loi 195 en Ontario exigé lors d'une conférence de presse syndicale
Les infirmières demandent l'abrogation de la Loi
124 qui a imposé un
gel de salaire de trois ans à tous les
travailleurs du secteur public
de l'Ontario.
Le 21 juillet, Michael Hurley, le président
du
Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario, la
division du Syndicat
canadien de
la fonction publique (CSHO/SCFP) et Steven
Barrett, un avocat en droit
du
travail de la firme Goldblatt Partners, ont
organisé une conférence de
presse pour mettre en lumière l'impact de ce qui
était alors le projet
de loi 195 sur
les droits des travailleurs d'hôpitaux et pour
exiger qu'il soit
abrogé. Les extraits ci-dessous sont tirés des
réponses de Michael
Hurley aux questions des médias dont le Forum
ouvrier sur
l'impact du projet de loi et la détermination du
syndicat à forcer le
gouvernement à l'abroger par la lutte de masse des
travailleurs.
« Le
projet de loi accorde aux employeurs de tout le
secteur de la santé le
droit d'agir de façon unilatérale. Un employeur
n'est pas tenu de tenir
compte des conventions collectives existantes. Il
peut vous faire
passer d'un emploi à l'autre, d'un quart de
travail à l'autre. Il peut
vous mettre à pied sans avis. Il peut faire venir
quelqu'un de
l'extérieur pour faire votre travail. Il peut
annuler tous vos congés
et vos vacances et un des changements les plus
significatifs est qu'il
peut prendre toutes ces mesures, peu importe qu'il
y ait des cas de
COVID-19 ou non. Tous les employeurs du domaine de
la santé sont
autorisés en vertu de cette législation à
fonctionner sans égard aux
droits compris dans les conventions collectives
même si la plupart des
hôpitaux et des centres de soins de longue durée
en Ontario n'ont pas
de cas de COVID. Et ces mesures sont d'une durée
d'un an et elles sont
renouvelables — ce pourrait être pour deux ans,
trois ans. Nous avons
dit au
gouvernement : 'Écoutez, s'il y a une
autre éclosion de
COVID,
d'Ebola ou de typhoïde, vous pouvez être certains
que nous allons être
flexibles, comme nous l'avons été au mois de mars.
Mais suspendre nos
droits de façon permanente n'est pas acceptable.'
« Il faut tenir compte du prix que la
main-d'oeuvre a
déjà payé pour l'échec du gouvernement provincial
à l'approvisionner
en protection adéquate. C'est un fait, et dans le
contexte de la
situation mondiale, le taux d'infection des
travailleurs de la santé
comparativement au taux de cas publics de la COVID
est
d'environ 6 % alors qu'en Ontario il est
de 17,4 %,
un taux trois fois plus élevé. Malgré tout, les
gens sont allés
travailler, ils ont fourni les soins et se sont
mis à risque et, avec
raison, ils ont été très applaudis pour leurs
actions. On peut leur
faire confiance, on peut compter sur eux. Nous
demandons au
gouvernement de leur faire confiance, de compter
sur le fait
qu'advenant une autre éclosion, ils seront là pour
la population comme
ils l'ont été depuis le début.
« Il y aura une contestation juridique de ce
projet de
loi. Mais nous espérons faire bouger le
gouvernement avant d'entamer
les procédures. Nous allons tout faire pour
atteindre cet objectif.
« Nous allons faire un grand travail
d'organisation et
nous ne serons pas seuls. Nous espérons le faire
avec d'autres
syndicats, par exemple, organiser des
rassemblements régionaux qui
respectent la distanciation sociale et des
manifestations provinciales.
Nous avons l'appui de la Fédération du travail et
des conseils du
travail en Ontario. Nous allons demander à tous de
nous aider à faire
pression sur le gouvernement, à appuyer notre
campagne de courriels et
nos efforts sur les médias sociaux pour disséminer
notre message et
participer à toutes nos manifestations. J'ai
confiance qu'ensemble nous
pouvons être très efficaces. »
Au nom du cabinet juridique Goldblatt Partners,
Steven
Barrett a expliqué le fondement juridique à deux
volets de la demande
du CSHO/SCFP d'abrogation du projet de
loi 195. D'abord, le projet
de loi est une violation de plusieurs décisions de
la Cour suprême du
Canada qui défendent le droit à la négociation
collective en vertu de
la liberté d'association inscrite dans la Charte.
Il a
dit que le fait que le projet de loi 195
déclare officiellement
que l'urgence face à la COVID-19 est terminée
prive le gouvernement de
l'argument juridique d'invoquer l'urgence pour
justifier sa violation
des droits de négociation collective. Ensuite, le
projet de
loi 195 fait suite à la loi 124, Loi
visant à mettre en
oeuvre des mesures de modération concernant la
rémunération dans le
secteur public de l'Ontario,
que le gouvernement a adoptée
en 2019, avant la pandémie, qui limite
l'augmentation de la
rémunération des travailleurs du secteur public
à 1 % par
année sur une période de trois ans. Une des
réalités mises en lumière
par la COVID-19, a dit Barrett, est que les
travailleurs du SCFP que le
CSHO représente ont un salaire beaucoup trop bas.
Or, la
Loi 124 les empêche, sur une période de trois
ans, de
négocier des
augmentations adéquates qui reconnaissent le
caractère
essentiel et
crucial des services qu'ils dispensent, que ce
soit avant ou pendant la
pandémie. Il a dit que le projet de loi 195
aggrave
l'attaque
anticonstitutionnelle qu'on retrouvait dans la
Loi 124.
Cet article est paru dans
Numéro 50 - Numéro 50 - 23 juillet 2020
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