La nécessité de réparer les soins
de longue durée
Les travailleurs exigent une enquête publique sur les décès au foyer de soins Northwood
Fin juin, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a
annoncé qu'il lançait une révision de l'éclosion
de COVID-19 qui a coûté la vie à 53 résidents
du foyer de soins pour personnes âgées Northwood à
Halifax.
Le Manoir Northwood est un gigantesque foyer
de soins, avec près de 600 résidents
et 400 travailleurs qui en prennent soin,
où 53 résidents sont décédés de la COVID-19
ce printemps. Des centaines de résidents et de
travailleurs ont également été infectés. À la fin
d'avril, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a
émis un arrêté ministériel ordonnant le
redéploiement des membres du Syndicat des employés
du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU) au
Manoir Northwood. Le NSGEU a dénoncé le recours à
un arrêté ministériel pour imposer le
redéploiement, une violation de la convention
collective selon laquelle le redéploiement vers un
autre employeur doit se faire sur une base
volontaire. Le syndicat a indiqué que les membres
du NSGEU qui se sont rendus à Northwood ont
déclaré que la situation était semblable à une
zone de guerre. Elle était marquée, entre autres,
par une absence de mesures de contrôle des
infections pour protéger les personnes âgées et
les travailleurs de première ligne vulnérables et
par le manque d'équipement de protection
individuelle (ÉPI) approprié.
Le gouvernement a
annoncé qu'il n'allait pas tenir d'enquête
publique sur le nombre de décès ni sur l'ensemble
de la situation dans les établissements de soins
de longue durée de la province, mais a ordonné
qu'une révision soit effectuée par un comité
d'amélioration de la qualité composé de deux
membres nommés. Ce comité de révision devra
soumettre des recommandations au ministre d'ici la
fin du mois de septembre, après avoir tenu des
consultations avec le personnel et les médecins,
les administrateurs, les familles et d'autres
intervenants. Le gouvernement procédera également
à l'interne à une révision des mesures de
prévention et de contrôle des maladies
infectieuses dans le domaine des soins de longue
durée. L'activité du comité d'amélioration de la
qualité est régie par la Loi sur
l'amélioration de la qualité de la protection
des informations qui donne au ministre le
pouvoir de limiter la publication des informations
recueillies au cours de la révision en vertu de la
Loi sur la liberté et la protection de
l'information et de la vie privée. Cela
signifie que la province ne rendra publiques que
les recommandations du comité basées sur l'enquête
du comité et non les détails de l'enquête
elle-même. Pour justifier son refus de tenir une
enquête publique et d'utiliser à la place le
processus prévu par la Loi sur l'amélioration
de la qualité de la protection des informations,
le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a donné
l'argument fallacieux qu'il a choisi la meilleure
approche pour que les enquêteurs se mettent au
travail le plus rapidement possible afin que les
recommandations puissent être rendues publiques le
plus vite possible.
Les travailleurs rejettent cet argument, car ils
y voient un moyen d'empêcher les travailleurs, les
patients et leurs familles, ainsi que les
Néo-Écossais en général, de s'exprimer et d'être
entendus publiquement afin que leur contribution
soit connue et que leurs solutions soient
également rendues publiques.
Le Syndicat des employés du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse
Le NSGEU écrit dans son communiqué du 2
juillet :
« Le gouvernement aurait dû lancer immédiatement
une enquête publique plutôt que d'attendre la fin
de la première vague. Nous savons que divers
facteurs, comme la double occupation des chambres
et les ratios inadéquats d'affectation du
personnel, ont contribué à la propagation de la
COVID-19 au Manoir Northwood. Le gouvernement doit
agir immédiatement pour résoudre ces problèmes
connus et reconnus.
« 'Cinquante-trois personnes sont décédées dans
cet établissement, et leurs familles méritent de
savoir ce qui s'est réellement passé', a déclaré
Jason MacLean, président du Syndicat des employés
généraux et du gouvernement de Nouvelle-Écosse
(NSGEU/NUPGE).
« 'Ces familles méritent de savoir comment les
problèmes d'affectation du personnel et le
contrôle inadéquat des maladies infectieuses ont
aggravé la situation. Ces familles et tous les
Néo-Écossais méritent de connaître la réponse à
une question très importante : était-ce
évitable ? Nous devons savoir ce qui aurait
pu être fait pour éviter ces décès afin de pouvoir
garantir que le personnel et les résidents de tous
les établissements de soins de longue durée soient
mieux protégés en cas de deuxième vague.'
« La situation exige la tenue d'une enquête
publique exhaustive qui donne l'occasion à tous -
résidents, membres de la famille, personnel et
syndicats - de donner des témoignages directs sur
ce qui s'est passé et sur ce qui, selon eux,
pourrait être amélioré. »
La Fédération du travail de la Nouvelle-Écosse
La Fédération du travail de Nouvelle-Écosse exige
également une enquête publique exhaustive et
transparente sur les soins de longue durée. Son
président, Danny Cavanagh, a écrit le 6
juillet une lettre au ministre de la Santé et du
Mieux-être. Randy Delorey, dans laquelle il dit
notamment :
« [...] la méthode annoncée récemment par le
gouvernement libéral - une révision en vertu de la
Loi sur l'amélioration de la qualité de la
protection des informations - permet de
procéder à la révision à huis clos.
« Toutes les personnes impliquées - y compris le
personnel et la direction de Northwood, les
représentants du gouvernement et des autorités
sanitaires de la Nouvelle-Écosse, les membres des
familles et les autres personnes - doivent se
sentir libres de parler ouvertement, sans crainte
de conséquences juridiques, et toutes les
conclusions doivent être rendues publiques.
« Les problèmes dans le domaine des soins de
longue durée n'ont pas commencé en mars. Le
système était brisé bien avant la pandémie. Nous
constatons aujourd'hui que la crise de la COVID-19
a attiré l'attention sur des règlements
incohérents, la faiblesse des normes de soins et
les conditions de travail déplorables dans les
établissements de soins de longue durée. Il est
maintenant temps de saisir l'occasion pour tirer
des leçons de ce qui s'est mal passé et d'élaborer
un plan clair pour remettre sur pied le système.
« Toute révision des soins de longue durée doit
impliquer les syndicats qui sont en première ligne
chaque jour et la révision doit porter sur
l'ensemble du système, y compris Northwood. Avant
la pandémie, tout travailleur de première ligne
vous aurait dit que nos foyers de soins de longue
durée sont en crise depuis des années. En fait, de
nombreux syndicats ont demandé des rapports au
gouvernement sur cette crise.
« Les travailleurs vous diront que l'arrivée de
la COVID-19 a ajouté un stress énorme à un système
qui était déjà en panne. Tout rapport ne peut pas
porter que sur le blâme, mais doit se concentrer
sur l'amélioration du système de soins de longue
durée. Une révision doit également porter sur le
financement du système au cours des 20
dernières années. Le système devrait-il relever de
la Loi canadienne sur la santé et être
fondé sur des normes nationales minimales ?
« Le rapport dans son ensemble doit être rendu
public pour éviter que le gouvernement ne partage
pas les informations sur ses conclusions. Une
deuxième vague de COVID-19 est à l'horizon et nous
savons que divers facteurs, comme la double
occupation des chambres et des ratios de personnel
inadéquats, ont contribué à la propagation de la
COVID-19 au Manoir Northwood. Le gouvernement doit
agir immédiatement pour résoudre ces problèmes
connus et reconnus. »
La Coalition de la santé de la Nouvelle-Écosse
La Coalition de la santé de la Nouvelle-Écosse
demande au ministre de la Santé et du Mieux-être
de s'engager à rendre public le rapport complet du
Comité d'amélioration de la qualité et demande
également une enquête indépendante complète sur le
système de soins de longue durée. Dans son
communiqué de presse du 2 juillet, elle
affirme :
« Le Comité, annoncé aujourd'hui et qui devrait
terminer son enquête en septembre, rendra
directement compte au ministre Delorey qui
décidera ensuite de la quantité d'informations qui
seront divulguées au public. Étant donné que le
Comité de deux personnes enquêtera
vraisemblablement sur le rôle du ministre et
d'autres élus dans la planification en cas de
pandémie, cela crée un conflit d'intérêts
inévitable.
« 'Cinquante-trois personnes sont mortes à
Northwood et le public mérite de connaître la
vérité non censurée sur ce qui s'est passé,
affirme Chris Parsons, coordonnateur provincial de
la Coalition et ancien travailleur de première
ligne au Manoir Northwood. Des vies sont en jeu.
Ce n'est pas au ministre ou au cabinet du premier
ministre de décider ce que le public peut et ne
peut pas savoir de cette tragédie.'
« 'Le mandat met trop l'accent sur les
agissements du personnel et des administrateurs de
Northwood, ajoute M. Parsons. Étant donné la
deuxième vague imminente de COVID-19 et les
défaillances plus générales de notre système de
soins de longue durée que la maladie a révélées,
il est clair que nous avons besoin d'un examen du
système dans son ensemble pour savoir ce qui a
fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné dans toute
la province. Ces problèmes n'ont pas commencé en
mars.'
« Bien que des réponses rapides soient
nécessaires pour éviter que des erreurs ne se
reproduisent, la Coalition demande également une
enquête publique complète et indépendante en vertu
de la Loi sur les enquêtes publiques. Une
telle enquête permettrait une indépendance totale
vis-à-vis du ministre et fournirait les ressources
d'enquête et les moyens juridiques nécessaires,
les pouvoirs nécessaires pour comprendre la
tragédie de Northwood et les échecs plus généraux
du système de soins de longue durée de la
Nouvelle-Écosse. »
Cet article est paru dans
Numéro 48 - Numéro 48 - 9 juillet 2020
Lien de l'article:
La nécessité de réparer les soins
de longue durée: Les travailleurs exigent une enquête publique sur les décès au foyer de soins Northwood
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
|