À la défense des droits et de la
dignité des travailleurs de l'hôtellerie
Les travailleurs de l'hôtellerie intensifient leur lutte pour la sécurité d'emploi
- Brian Sproule -
Des travailleurs de l'hôtellerie manifestent
devant l'Assemblée législative de la
Colombie-Britannique à Victoria le 7
juillet 2020 pour exiger que le gouvernement
protège leurs emplois.
Au moins un hôtel de la Colombie-Britannique se
sert des conditions créées par la pandémie comme
prétexte pour éliminer des emplois sans indemnité
de départ. Les propriétaires de l'hôtel Four
Points by Sheraton de l'aéroport de Vancouver
prétendent qu'en raison de la pandémie, ils ne
sont pas tenus de verser une indemnité de départ
aux employés dont on a mis fin à l'emploi. Ils ont
avisé de 20 à 30 travailleurs qu'on a
mis fin à leurs emplois et qu'ils ne recevront pas
d'indemnité de départ. En vertu de la Loi sur
les normes de l'emploi de la
Colombie-Britannique, l'employeur doit verser une
indemnité de départ aux travailleurs qui sont mis
à pied après un certain temps lorsque la mise à
pied est devenue davantage une cessation, et que
cette période, à la demande d'organisations
d'employeurs, a été prolongée en vertu des
pouvoirs d'urgence adoptés pour faire face à la
pandémie. Si les actions de l'hôtel ne sont pas
contestées, des centaines de milliers de
travailleurs mis à pied pendant la pandémie qui ne
sont pas encore retournés travailler risquent de
se faire refuser leur indemnité de départ si leurs
mises à pied deviennent des cessations d'emploi.
L'hôtel Four Points
by Sheraton de l'aéroport de Vancouver appartient
à un propriétaire indépendant, mais le nom
Sheraton et certains services sont des franchises
de Marriott International, Inc. dont la valeur
nette est de près de 41 milliards de dollars.
Le directeur général de l'hôtel, Vijaay Kanna, a
écrit à des employés en mai pour leur dire que la
baisse d'activités pendant la pandémie avait rendu
les cessations inévitables. Selon Kanna : «
Alors que les subventions salariales du
gouvernement nous ont permis de vous offrir un
certain travail en attendant un revirement de la
situation, le besoin de vos services n'est plus
une perspective raisonnable. »
Les travailleurs ne sont pas représentés par un
syndicat. Les travailleurs congédiés doivent
remplir des formulaires de plainte individuelles
auprès de la direction provinciale des normes du
travail. Shannon Leung, une employée à la
réception depuis sept ans, fait partie des
travailleurs congédiés. Elle dit que ce qui la
préoccupe, c'est que les travailleurs plus âgés
auront de la difficulté à trouver un nouvel
emploi. « Je pense que tout le monde devrait avoir
un choix de rester ou non. J'ai l'impression
qu'ils tentent de se débarrasser de nous tout
simplement parce qu'ils le peuvent. » Elle
ajoute que les salaires de l'hôtel sont légèrement
supérieurs au salaire minimum, mais elle craint
que la compagnie cherche à embaucher de nouveaux
travailleurs à des salaires inférieurs.
La section locale 40 de UNITE HERE, qui
représente des milliers de travailleurs syndiqués
de l'hôtellerie, des services alimentaires et de
l'industrie aéroportuaire partout en
Colombie-Britannique, ne parle pas uniquement au
nom de ses propres membres, dont la plupart ont
été mis à pied, elle parle aussi au nom des
travailleurs qui n'ont pas d'organisation de
défense.
Le 25 juin, le gouvernement Hogan a annoncé
un prolongement de la période de mises à pied
avant que les employeurs n'aient à verser une
indemnité de départ. De 13 semaines stipulées
par la législation, la période a été prolongée
à 24 semaines. La disposition arrive à
échéance le 30 août. Le jour même, la section
locale 40 a organisé un rassemblement et une
conférence de presse devant le Rosewood Hotel
Georgia avec le mot d'ordre « Où est notre droit
de retour au travail ? » La présidente
Zailda Chen affirme : « Nous sommes vraiment
déçus de la décision du gouvernement aujourd'hui
de prolonger les mises à pied temporaires et de
retarder l'indemnité de départ pour venir en aide
à la communauté d'affaires sans aucune mesure de
protection pour les travailleurs. Le gouvernement
a dû mettre 50 000 travailleurs de
l'hôtellerie au chômage, mais sans aucun droit
juridique leur permettant de récupérer leurs
emplois. Les travailleurs de la restauration sont
déjà en train de perdre leurs emplois de façon
permanente en raison de cette pandémie. Une vague
de cessations d'emploi est possible en septembre.
Cette décision ne répond pas à ce dont les
travailleurs mis à pied ont besoin pour rester en
lien avec leurs emplois. Le gouvernement de la
Colombie-Britannique doit agir et protéger les
travailleurs et non seulement les
entreprises. »
Le président de la Fédération du travail de la
Colombie-Britannique, Laird Cook, a dit dans un
communiqué de presse du 25 juin : « Si
les employeurs ont plus de temps pour remettre
leur entreprise en marche, il va de soi que les
travailleurs ont le droit de retourner à leurs
emplois à la fin de cette période... Les
employeurs soutiennent qu'un prolongement leur
permettrait de ramener leurs employés au travail —
donc veillons à ce qu'ils le fassent. »
Les travailleurs de
l'hôtellerie exigent que le gouvernement prenne
des mesures pour protéger leurs emplois, peu
importe la durée des mises à pied, qu'ils soient
syndiqués ou non - toutes des choses possibles en
vertu des pouvoirs d'urgence. Les travailleurs qui
sont membres de la section locale 40 de UNITE
HERE ont négocié le droit de retourner à leurs
emplois à la suite d'une mise à pied allant
jusqu'à six mois dans la convention collective
signée à l'issue de la grève de l'automne 2019.
Ils craignent que dès que la période de six mois
sera terminée l'employeur congédiera tout le monde
afin d'embaucher de nouvelles personnes à des
salaires inférieurs et ainsi se débarrasser de la
convention collective négociée ainsi que du
syndicat.
James Milling, qui a travaillé comme portier à
l'hôtel Georgia pendant 9 ans,
explique : « Notre contribution à l'industrie
de l'hôtellerie de la Colombie-Britannique est
majeure. J'espère que la province ne laissera pas
tomber des travailleurs ayant plusieurs années
d'expérience. Le gouvernement provincial doit
veiller à ce que les travailleurs de l'hôtellerie
qui ont bâti cette industrie aient une garantie de
retrouver leurs emplois dès que l'industrie se
stabilisera. »
Au début de la pandémie, l'oligarchie financière,
par le biais de ses représentants politiques,
répétait sans fin : « Nous sommes tous dans
le même bateau. » Or, il est clair que les
riches ne sont intéressés à résoudre la crise que
s'ils en sortent gagnants, tandis que tous les
autres n'ont qu'à subvenir à leurs propres
besoins. Les travailleurs de l'hôtellerie et leurs
alliés intensifient la lutte pour la
reconnaissance de leur droit à la sécurité
d'emploi.
(Photos: UNITE HERE 40, Retail
Action Network)
Cet article est paru dans
Numéro 48 - Numéro 48 - 9 juillet 2020
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