Dominion Diamond Mines dans les Territoires du Nord-Ouest
se range sous la protection de la loi sur les faillites

Les travailleurs sont déterminés à défendre leurs droits


Le chantier principal de la mine de diamants d'Ekati

Dominion Diamond Mines est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) depuis le 22 avril. Les travailleurs et leur syndicat exigent que la compagnie respecte ses obligations envers les fonds de retraite et les clauses de leur convention collective portant sur la protection des emplois. Ils demandent également que la mine Ekati soit maintenue en activité.

Dominion Diamond Mines est l'un des plus grands producteurs et fournisseurs mondiaux de diamants bruts de première qualité. Elle possède et exploite la mine de diamants Ekati et détient 40 % de la mine de diamants Diavik dont le principal propriétaire est Rio Tinto, également l'exploiteur de la mine. L'entreprise est propriétaire du projet diamantifère de Lac de Gras qui fait partie du champ de kimberlites et qui comprend les mines de diamants Ekati et Diavik. Le projet est considéré comme ayant un potentiel d'exploration important pour la kimberlite diamantifère. Tous ces sites sont situés à environ 300 kilomètres au nord-est de Yellowknife. En plus de ses activités minières et d'exploration, la compagnie a des bureaux de vente en Belgique et en Inde. En 2017, Dominion Diamond Mines a été achetée par le monopole américain Washington Companies qui détient des sociétés de transport ferroviaire, de transport maritime, de construction et d'exploitation minière, de vente d'équipements lourds, de technologie aéronautique et de développement immobilier.

Forum ouvrier publie ci-dessous une récente entrevue avec Todd Parsons, président du Syndicat des travailleurs du Nord (UNW), qui représente plus de 400 travailleurs de la mine de diamants d'Ekati.

Forum ouvrier : Quelle est l'importance de Dominion Diamond Mines comme employeur dans les Territoires du Nord-Ouest ?

Todd Parsons : Dominion Diamond Mines est l'un des plus gros employeurs à part le gouvernement dans notre région. Entre autres, il fournit des emplois aux autochtones dans bon nombre de nos petites collectivités ainsi qu'aux habitants de Yellowknife. Alors que 400 membres de l'unité de négociation sont touchés par la demande de protection contre l'insolvabilité, il y en a 700 autres qui ne font pas partie de notre unité de négociation, mais qui travaillent dans la mine et sont également touchés. La fermeture de la mine aurait un effet dévastateur pour les travailleurs et leur collectivité et pour l'ensemble de l'économie des Territoires du Nord-Ouest.

FO : Dominion Diamond Mines a en fait fermé la mine de diamants d'Ekati le 19 mars, avant de déposer une demande de protection contre l'insolvabilité, n'est-ce pas ?

TP : Oui. La société dit que la fermeture est liée à des inquiétudes concernant la COVID-19 et l'impossibilité de vendre les diamants extraits sur le site[1]. Elle dit qu'elle n'était pas en mesure de vendre son produit sur les marchés, car les parquets en Belgique et en Europe étaient fermés, pour la plupart à cause de la COVID-19. La mine n'a en fait jamais rouvert. Nous avons soulevé la question avec l'employeur, mais il n'a pas donné de date définitive pour la réouverture.

Pendant ce temps, l'autre société d'exploitation du diamant, Diavik Diamond Mine, qui est détenue à 40 % par Dominion Diamond Mine et le reste par Rio Tinto, n'a jamais fermé ses portes et dit qu'elle est en mesure de vendre ses diamants sur les marchés mondiaux. Il y a un conflit entre elles sur cette question. Il est difficile de confirmer les faits.

Un mois après la fermeture de la mine Ekati, Dominion Diamond Mines a obtenu la protection des tribunaux contre l'insolvabilité en vertu de la LACC.

Le fait que tout cela arrive en même temps soulève plusieurs questions.

Notre syndicat est très impliqué dans le suivi des procédures judiciaires. Notre conseil juridique cherche à protéger les travailleurs à la fois pour ce qui est des obligations de retraite et des obligations d'emploi prévues par la convention collective. L'employeur doit continuer de respecter ses obligations en matière de retraite et d'accorder les avantages sociaux prévus dans la convention collective. Ces obligations sont primordiales. Nous voulons aussi que les opérations minières soient maintenues.

Nous voyons qu'une autre filiale de Washington Companies a fait une offre d'achat des actifs de la mine Ekati. L'offre comprend le maintien des obligations de retraite et d'emplois et la poursuite des opérations minières.

Cependant, il appartiendra au tribunal de déterminer si cette offre est acceptée ou non. D'autres soumissions peuvent être faites dans le cadre des procédures judiciaires de la LACC. Il est assez inhabituel, dans le contexte des procédures en protection de faillites, que Washington Companies déclare publiquement son offre. Je ne suis au courant d'aucune autre offre en ce moment.

Ce qui est certain, c'est que si le site minier ferme, ce serait très grave pour les travailleurs et les communautés, et très dur pour l'économie du Nord, surtout dans les conditions de la pandémie de la COVID-19. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ce moteur économique de notre économie. Les obligations en matière de retraite et d'emplois doivent être respectées et la mine Ekati doit continuer d'exploiter le diamant.

Note

1. Lorsque Dominion Diamond Mines a suspendu les opérations à la mine Ekati en mars, le syndicat a dit que c'était une décision unilatérale et que la compagnie n'avait pas travaillé avec le syndicat pour trouver des solutions mutuellement acceptables aux problèmes de santé et sécurité de tous les travailleurs, de leur famille et de leur communauté, et à l'incertitude économique que la suspension des opérations cause pour les travailleurs. Le syndicat a également déposé un grief pour violation de divers éléments de la convention collective, car l'entreprise a tout simplement déclaré que la convention collective ne s'appliquait pas à une situation de pandémie mondiale. Par conséquent, elle a violé les procédures négociées pour les mises à pied et les rappels lorsqu'elle a décidé quelle équipe elle garderait pour entretenir le site minier. Les travailleurs se sont vu refuser leurs indemnités de départ dûment négociées s'ils optaient pour une mise à pied permanente en raison de la suspension indéfinie des opérations. La compagnie a également enfreint les accords socioéconomiques et les accords sur les retombées économiques qu'elle a conclus avec des groupes des Premières Nations, qui prévoient l'emploi d'un certain nombre d'autochtones dans l'exploitation de la mine.

(Photos : FO, Dominion Mines)


Cet article est paru dans

Numéro 43 - Numéro 43 - 23 juin 2020

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