Le mépris total du gouvernement du Québec pour la vie, la santé et la dignité
- Pierre Soublière -
Le Centre intégré de santé et des services
sociaux de l'Outaouais (CISSSO) a récemment révélé
que dans un de ses centres d'hébergement et de
soins de longue durée (CHSLD), Lionel-Émond, une
institution publique, il y avait eu 30
infections et six décès parmi ses résidents ainsi
que 21 cas d'infection parmi les travailleurs
de la santé. D'autre part, dans un CHSLD privé,
Champlain de Gatineau, appartenant à la compagnie
torontoise All Seniors Living Centres, il y aurait
aussi eu des cas d'infection, mais le CISSSO a
récemment affirmé à un journal local qu'il avait
décidé de ne pas divulguer le nombre de cas « par
respect pour les propriétaires ». On peut se
demander, dans le décompte quotidien du Québec,
combien de cas semblables ne sont pas rendus
publics ?
Face aux problèmes dans
les CHSLD, les gens recourent à des actions
collectives. Par exemple, le 17 avril, une
action collective a été prise contre le CHSLD de
Herron à Dorval où 31 personnes ont perdu la vie.
Les demandeurs réclament une somme en dommages
punitifs pour le traitement inhumain et dégradant
des aînés qui y ont habité. La demande est faite
au nom des 130 résidents pour tout ce qu'ils
ont subi. Le Groupe Kasata, le propriétaire de
Herron, est tenu responsable de ne pas avoir
fourni à ses travailleurs de la santé l'équipement
de protection individuelle adéquat et de ne pas
s'être assuré que les lieux soient sanitaires et
sécuritaires. On lui reproche aussi d'avoir
abandonné ses résidents, faisant preuve de mépris
total pour leur vie, leur santé et leur dignité et
les soumettant à des traitements inhumains et
dégradants. Lors d'une journée particulière, selon
les demandeurs, il y avait une infirmière et deux
préposés pour les 130 résidents.
Bien avant la pandémie, la situation était telle
dans les CHSLD qu'en juillet 2018 le Conseil
pour la protection des malades a lui aussi
entrepris une action collective dans laquelle il
donne de nombreux exemples des conditions de vie
dégradantes. Il dénonce la négligence et les
mauvais traitements systémiques des patients de
ces résidences. Le recours collectif
touche 34 000 personnes, toutes ayant connu
ces conditions depuis juillet 2015. Il
soulève la pénurie de personnel et la surcharge de
travail comme faisant partie du problème. Le
gouvernement a même tenté d'annuler cette action
collective, sous prétexte qu'un « milieu de
vie » était « difficile à définir ».
En 2019, un juge a alors défendu le
bien-fondé de l'action en disant que les questions
de milieu de vie et de la qualité adéquate des
soins sont identiques, rejetant ainsi le plaidoyer
du gouvernement. C'est un exemple parmi plusieurs
qui illustre comment les gouvernements, qui sont
censés défendre le bien public, tentent au nom
d'intérêts privés d'annuler des recours collectifs
qui ont pour but de défendre les droits de
collectifs de travailleurs et des Premières
Nations.
Aussi, le 26 mai, en pleine pandémie, le
gouvernement du Québec a déposé une « offre
globale » aux divers syndicats des
travailleurs de la santé, dans le cadre de
négociations pour le renuvellement de conventions
collectives qui démontrent le même mépris total
pour la vie, la santé et la dignité des
travailleurs et du peuple. Aucune des demandes des
travailleurs pour des conditions de travail qui
garantissent leur santé et leur sécurité et le
bien-être des patients n'est satisfaite. C'est
donc avec mépris que les travailleurs ont rejeté
cette offre. Ils ont fait valoir qu'avec ces
offres le gouvernement refuse de répondre aux
besoins des travailleurs des services publics
alors que les rudes épreuves que vivent les
travailleurs et la population en ce moment sont
précisément une conséquence de ce refus.
Cet article est paru dans
Numéro 41 - Numéro 41 - 16 juin 2020
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Le mépris total du gouvernement du Québec pour la vie, la santé et la dignité - Pierre Soublière
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