Le droit des personnes assistées sociales à un revenu décent

Les personnes assistées sociales sont parmi les plus vulnérables de la société et elles mènent depuis près de 50 ans une lutte inlassable pour la pleine reconnaissance de leurs droits. Plus de 272 680 ménages sont prestataires des programmes d'assistance sociale au Québec et ceux-ci doivent composer avec la brutalité de l'offensive antisociale.

La situation s'est aggravée avec la pandémie et le confinement recommandé par les autorités publiques. Le confinement relève de l'utopie pour les personnes à faible revenu qui doivent se rendre dans les banques alimentaires encore ouvertes et faire la course aux spéciaux dans plusieurs épiceries différentes pour se nourrir. Les déplacements essentiels se multiplient quand on ne peut pas stocker la nourriture. Les gens se mettent malgré eux en danger d'attraper la COVID-19 et de la propager, alors qu'elles font partie d'une population à risque. Ils doivent se déplacer davantage, prendre l'autobus. C'est ainsi qu'est la vie sur l'assistance sociale.

Quatre-vingt groupes de la société civile ont joint leur voix au Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) pour demander un soutien suffisant pour aider les personnes sans emploi à faire face à la crise et plus spécifiquement en cette période austère et critique de pandémie. Avec la tenue de la 47e Semaine de la dignité des personnes assistées sociales au Québec qui s'est tenue du 4 au 8 mai 2020, ces demandes ont été réitérées. Ils ont organisé des activités en ligne, lancé une vidéo dénonçant la situation, préparé des vignettes de témoignages, panels et bien d'autres activités.

Les personnes assistées sociales reçoivent un revenu de survie avec 690 $ par mois, alors que le gouvernement fédéral fixe le montant nécessaire pour bien se protéger à 2000 $ par mois. Le gouvernement a remis des fonds aux banques alimentaires, mais cela ne règle en rien la situation d'extrême pauvreté vécue par les personnes assistées sociales. Selon la Mesure du panier de consommation (MPC), le montant nécessaire pour couvrir minimalement ses besoins de base a été fixé, pour une personne seule habitant à Montréal en 2019, à 18 424 $ par année. Le 690 $ que reçoivent les personnes assistées sociales est bien en dessous de cela.

À Montréal, le taux de résidents vivants sous le seuil de la pauvreté est de 29 %, selon les chiffres avancés par la ville de Montréal en 2019. Ce nombre est plus élevé que dans les autres villes canadiennes, devant Vancouver (27 %), Toronto (25 %) et Calgary (14 %). Ainsi, 16,2 % de la population montréalaise de plus de 12 ans est aux prises avec l'insécurité alimentaire. Qui plus est, les jeunes de 12 à 39 ans sont les plus touchés, et particulièrement les 30 à 39 ans. En conséquence, un nombre sans cesse grandissant de gens ont recours aux banques alimentaires.

La dernière attaque est venue du gouvernement libéral de Philippe Couillard avec le programme Objectif emploi mis de l'avant le 1er avril 2018 et qui incite les nouveaux prestataires de l'aide sociale à entreprendre des démarches pour se trouver un emploi. Ceux qui acceptent d'y participer sont récompensés par une hausse de leur prestation de 240 $ par mois, alors que des pénalités pouvant atteindre 224 $ sont prévues pour ceux qui refusent de s'engager. Le programme controversé a été dénoncé dès son lancement par les prestataires, les groupes communautaires ainsi que les fonctionnaires.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement Legault n'a annoncé aucune aide pour les personnes assistées sociales, ce qui est inacceptable. Maintenant que le déconfinement est à l'horizon, loin de se laisser abattre, les personnes assistées sociales regroupées dans leur collectif poursuivent leur lutte pour la pleine reconnaissance de leurs droits.


Cet article est paru dans

Numéro 39 - Numéro 39 - 9 juin 2020

Lien de l'article:
Le droit des personnes assistées sociales à un revenu décent - Serge Lachapelle


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca