Des manifestations militantes au Québec contre des ordonnances ministérielles inacceptables
- Pierre Chénier -
La FIQ organise un camp devant l'Institut
universitaire de gériatrie de Montréal le 2 juin
2020.
Les travailleurs et les travailleuses de la
santé et des services sociaux continuent de tenir
des manifestations contre les arrêtés ministériels
de l'exécutif gouvernemental au Québec qui donnent
plein pouvoir à la ministre et aux administrations
d'annuler les conventions collectives négociées et
de modifier unilatéralement les conditions de
travail dans le secteur. L'outrage de qualifier
les membres du personnel d'« anges
gardiens », tout en niant leurs droits et en
les considérant comme une sorte de chair à canon
qui doit simplement obéir et peut-être même mourir
en vertu d'ordres au sujet desquels ils n'ont pas
voix au chapitre, est un sujet de grande
préoccupation pour tous les travailleurs.
En ce moment, les
manifestations se concentrent beaucoup sur la
question des vacances alors que l'été approche,
que les travailleurs du secteur sont épuisés,
qu'on entend beaucoup parler d'une possible
deuxième vague de la COVID-19 dans les mois qui
viennent et que les administrations exercent des
pressions multiples pour annuler et reporter des
vacances et des congés.
Le 2 juin, la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ a
inauguré un camping de deux jours devant
l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal
pour protester contre les employeurs de la santé
qui s'appuient sur l'ordonnance ministérielle du
gouvernement pour refuser de reconnaître aux
professionnelles en soins leur droit aux vacances
tel que prévu dans leur convention collective. Le
thème de l'action est « Camping forcé : c'est
ici qu'on passe l'été ».
Les membres de la FIQ demandent aux employeurs de
s'entendre avec leur syndicat local sur les
modalités des vacances. En entrevue le 2 juin,
Nancy Bédard, la présidente de la FIQ, a dit
que sept CISSS ou CIUSSS au Québec ne se sont
toujours pas entendus avec leur syndicat respectif
de la FIQ sur la prise de vacances.
« Les professionnelles doivent avoir du repos
partout au Québec, c'est une priorité pour soigner
nos patient-e-s et pour continuer de lutter contre
la pandémie de COVID-19. Il est plus que temps que
ces employeurs récalcitrants se mettent en
action ! Quand on prend le temps de
s'asseoir, on trouve des solutions sans avoir
recours aux arrêtés ministériels. Les
professionnelles en soins, qui sont au combat
depuis près de trois mois, doivent avoir ce moment
de répit, car il en va de leur santé physique et
mentale. Ce repos sera bénéfique autant pour elles
que pour l'ensemble des patient-e-s », a dit
Nancy Bédard dans le communiqué de presse
du 2 juin de la FIQ.
Le 28 mai, les plus
de 6 200 travailleurs et travailleuses
du CISSS des Laurentides, membres du Syndicat des
travailleuses et des travailleurs des Laurentides
en santé et services sociaux - CSN ont entrepris
des manifestations quotidiennes devant les
différents établissements du CISSS pour exiger une
confirmation que leurs vacances vont être
respectées.
Dans son communiqué de presse du 28 mai, le
syndicat indique que la direction du CISSS utilise
l'arrêté ministériel imposé par le gouvernement
Legault, le 21 mars dernier, pour restreindre
l'accès aux congés et aux vacances. Selon le
syndicat, les administrateurs utilisent l'arrêté
pour reporter et monnayer une partie des congés et
des vacances du personnel. Il met en garde le
CISSS contre cette pratique et demande à la
présidente-directrice générale de donner le signal
que les vacances seront respectées.
« Alors que le personnel était déjà épuisé avant
l'arrivée de la pandémie, il faut tout faire pour
éviter que les travailleuses et travailleurs
tombent au combat. Nous invitons la population de
la région à appuyer les anges gardiens et à
montrer leur appui dans les prochains jours en
klaxonnant. Votre appui peut faire la
différence », écrit Dominic Presseault, le
président du STTLSSS - CSN.
Également le 28 mai, les quatre syndicats du
CISSS de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) ont
organisé une manifestation afin de réclamer du
répit et une normalisation de leurs conditions de
travail. Dans un communiqué de presse, les
syndicats écrivent que pour le personnel du
CISSSMO, la crise de la COVID-19 « sape
dangereusement un édifice déjà gravement fragilisé
par des années de compressions et de
restructuration ».
Les
quatre
syndicats
sont
la
section locale 3247 du Syndicat canadien de
la fonction publique (SCFP), l'exécutif local de
l'Alliance du personnel professionnel et
technique de la santé et des services sociaux
(APTS), la FIQ-Syndicat des professionnelles en
soins de Montérégie-Ouest et le Syndicat des
travailleuses et travailleurs du
CISSSMO-Estrie-CSN.
La manifestation a pris la forme d'un convoi de
voitures qui a emprunté plusieurs grandes artères
couvertes par le CISSS.
« Depuis le mois de mars, les arrêtés
ministériels et les gestionnaires ont, notamment,
chamboulé les horaires et les assignations,
allongé les heures de travail et les déplacements
pour se rendre au travail, déplacé du personnel
dans des résidences et des CHSLD privés
complètement désorganisés, annulé des vacances et
des congés, etc. », lit-on dans le
communiqué. « Ces difficultés se sont conjuguées à
de grands défis comme la garde des enfants et
l'application des mesures de protection sanitaire.
Pour pouvoir tenir le coup d'ici à la prochaine
vague de contamination, les travailleuses et
travailleurs réclament du répit. »
Le communiqué souligne que les travailleurs et
travailleuses du CISSSMO réclament que les
gestionnaires collaborent avec eux pour évaluer
les besoins réels en personnel, trouver des
solutions et alléger le fardeau et qu'ils écoutent
leur voix au lieu de se faire l'instrument du
diktat ministériel.
Cet article est paru dans
Numéro 39 - Numéro 39 - 9 juin 2020
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Des manifestations militantes au Québec contre des ordonnances ministérielles inacceptables - Pierre Chénier
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