Lettre à la rédaction d'un travailleur de la métallurgie de l'Abitibi
Je pense que le
gouvernement et les employeurs profitent de la
crise de la COVID-19 pour essayer d'affaiblir le
mouvement syndical. On le voit avec les
infirmières et tout le personnel de la santé.
C'est désolant de voir que le gouvernement se
donne le droit d'annuler leurs conventions
collectives et de changer unilatéralement leurs
conditions de travail. Je sympathise beaucoup avec
eux. La situation des infirmières est très
difficile, elles travaillent d'arrache-pied, elles
nous protègent, elles font un travail remarquable
et pourtant le gouvernement ne prend pas leur
situation au sérieux. Le temps supplémentaire
obligatoire en 2020, c'est impensable. C'est
impensable aussi que ceux qui font le travail
n'ont pas leur mot à dire sur les conditions de
travail qui doivent exister et reçoivent des avis
disciplinaires quand ils dénoncent des situations
dangereuses. Il y a des cas où une planification
d'avance a été faite et des ententes ont été
faites avec les infirmières pour respecter leurs
droits et leurs conditions et lutter contre la
pandémie. Donc c'est possible. Le gouvernement les
appelle des anges gardiens, comme si elles étaient
bénies et protégées des maladies et des tragédies
qui peuvent survenir, mais ce n'est pas le cas. Ce
sont des travailleurs et des travailleuses en
chair et en os qui doivent être respectés.
Quand le gouvernement fait ses conférences
quotidiennes sur la pandémie, il dit que les
choses vont bien, que la situation est sous
contrôle, que tout le monde a les équipements de
protection individuelle nécessaires, mais la
réalité sur le terrain est bien différente, et pas
seulement dans le domaine de la santé. Le
gouvernement est déconnecté des conditions de
travail réelles. Les conditions de travail
ont été gagnées par les travailleurs à la sueur de
leur front et il y en a qui ont donné leur vie
pour nous donner les conditions que nous avons
maintenant. Ce sont nos parents et nos
grands-parents qui nous ont donné ces conditions.
On n'a pas oublié que pendant le lockout des
travailleurs d'ABI, le premier ministre Legault ne
s'est pas mêlé de ses affaires et a publiquement
accusé les travailleurs d'ABI d'être des enfants
gâtés pour appuyer les attaques contre leurs
conditions de travail.
Cette situation n'existe pas seulement dans le
domaine de la santé. À l'heure actuelle, le
gouvernement et des employeurs de la construction
essaient de reporter les vacances des travailleurs
de la construction. Il y a eu une levée de
boucliers là-dessus par les travailleurs de la
construction et la situation n'est pas encore
réglée à ce que je sache. Il faut que tous les
travailleurs veillent au grain parce que sinon des
choses encore plus inacceptables vont être faites
contre nous.
En terminant, je veux dire que vos articles qui
défendent les droits des travailleurs sont très
utiles parce qu'ils donnent une information
crédible. On n'est pas gêné de partager ces
articles avec d'autres. Ils se basent sur ce qui
se passe sur le terrain et sur ce que les
travailleurs qui sont au front vivent. C'est au
front qu'on trouve la vérité.
Cet article est paru dans
Numéro 39 - Numéro 39 - 9 juin 2020
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Lettre à la rédaction d'un travailleur de la métallurgie de l'Abitibi
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