Droits et plein statut pour tous
les
travailleurs
Action militante pour exiger la résidence permanente pour les migrants et les demandeurs d'asile
Le samedi 23 mai, une manifestation
militante s'est
tenue devant le bureau de circonscription du
premier ministre Justin
Trudeau à Montréal pour exiger l'octroi de la
résidence permanente aux
migrants et aux demandeurs d'asile. Plus d'une
centaine de manifestants
étaient sur les lieux respectant les mesures de
distanciation, d'autres
étaient à bicyclette et plus de 200 voitures
en caravane ont
circulé durant l'action en klaxonnant.
L'action
avait été appelée par Debout pour la
dignité à la suite de l'envoi d'une lettre ouverte
au
premier ministre, le 7 mai dernier, demandant
la
régularisation du statut des migrants et des
demandeurs
d'asile qui sont en situation précaire. Ceux-ci
travaillent dans
les CHSLD et les résidences pour personnes âgées
depuis la crise pandémique. Ils sont préposés aux
bénéficiaires, gardiens de sécurité, etc.
Si les demandeurs d'asile sont aptes à travailler
dans les
services essentiels, ils sont également aptes à
rester
comme résidents permanents au Canada, ont dit les
manifestants.
Frantz André, du Comité d'action des personnes
sans
statut (CAPSS), a expliqué le but de l'action : «
Nous avons une
manifestation mobile en ce moment pour demander au
gouvernement de
Justin Trudeau de donner un programme de
régularisation amenant à la
résidence permanente à ceux et celles qui
continuent à être dans la rue
et à prendre soin de nos aînés. Ces gens prennent
le risque d'être
infectés et contaminés, eux et leur famille. On
les reconnaît comme des
anges gardiens. Ce sont des humains avant d'être
des anges gardiens et
on espère qu'ils ne vont pas mourir pour devenir
des anges gardiens.
« M. Trudeau et les autres membres du parlement
se
doivent de donner ce programme de régularisation.
Nous savons que cela
a déjà été fait et que cela peut être fait encore.
Démontrez que vous
êtes solidaires avec la communauté haïtienne et
les autres communautés
qui ont, elles aussi, des gens qui vont dans les
centres pour personnes
âgées, les CHSLD et les résidences privées. Nous
avons eu monsieur
François Marcelin, un de nos compatriotes, qui
travaillait deux emplois
pour prendre soin de sa famille, son épouse et ses
trois enfants et qui
en quelques jours a contracté la COVID-19. Il est
décédé dans les bras
de sa femme le 16 avril. Son épouse veut
maintenant retourner en
Haïti car elle considère que le Canada l'a
abandonnée, ne lui a pas
donné la résidence permanente et n'a pas pris soin
de son mari. »
Durant l'action, plusieurs ont pris la parole,
dont le Dr Wilner Cayo, président de Debout
pour la dignité qui a
dit : « Vous êtes aux premières lignes, vous
êtes exploités par
les agences rapaces. Vous êtes oubliés par un
gouvernement qui nageait
dans des surplus. Mais vous êtes au rendez-vous
pour soigner nos aînés.
Le temps de le dire, vous êtes devenus nos anges
gardiens. Vous êtes
salués haut et fort par les gouvernements
provinciaux et fédéral qui ne
tarissent d'éloges à votre endroit, mais qui
refusent de vous traiter
en humains. Nous sommes venus vous le dire :
vous êtes des humains
à part entière. Nous sommes fiers de votre
dévouement.
« On vous trimbale de centre en centre en mettant
votre
vie en danger pour sauver d'autres vies. Oui,
plusieurs d'entre vous
qui soignez nos aînés, vous vous faites refuser
des soins auxquels tout
citoyen normal a droit. Vos enfants même nés ici
au Québec ne sont pas
admis aux services de garde subventionnés. Les
gouvernements prennent
des mesures extraordinaires en ces temps
extraordinaires, mais pas pour
vous. Vous avez peur qu'après vous serez sacrifiés
et déportés. Avec
raison. Tout est possible quand le petit calcul
politique prend le
dessus sur les valeurs humanistes.
« Vous êtes
exploités par les agences et
vous vous sentez utilisés par les gouvernements.
Vous craignez de
n'avoir été que la chair à canon de ce système qui
profite de vous une
fois la pandémie terminée et les besoins auront
changé. Votre travail
est exemplaire, vous le payez même de votre vie.
Plusieurs de vos
collègues sont morts dans l'anonymat, à l'instar
de Marcelin François,
un préposé mort au combat. Si la fatalité
frappait, vous n'auriez
aucune économie à laisser, car au salaire minimum
vous ne pouvez pas
vous loger décemment. Votre contexte
socio-économique est plus que
précaire. Pourquoi vous devriez encore souffrir la
peur de la
déportation ?
« Messieurs les premiers ministres, cessez de
vous
renvoyer la balle. Reconnaissez vraiment les anges
gardiens. Non en
paroles, mais en action. Vous avez pris beaucoup
de mesures
exceptionnelles, des décisions extraordinaires.
Octroyer la résidence
permanente à ces migrants serait le remerciement
censé et cohérent à
adresser à ces gens. Le Québec a besoin d'eux et
ils ont besoin du
Québec, soyons solidaires. Ce n'est pas de la
charité, ils le méritent.
« François Legault disait que le Québec était
chanceux
de les avoir, mais sont-ils malchanceux en ayant
ce type de leader au
pouvoir. Dites-leur merci en posant l'action juste
en appuyant cette
démarche et en octroyant la résidence permanente à
ces valeureux, à ces
valeureuses. C'est une question de dignité. »
Les organisateurs prévoient d'autres actions à la
défense des travailleurs migrants et des
demandeurs d'asile dont un
grand nombre sont d'origine haïtienne qui vivent
dans Montréal-Nord,
considéré comme un des arrondissements les plus
touchés à Montréal par
la COVID-19.
Cet article est paru dans
Numéro 38 - Numéro 38 - 2 juin 2020
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