La solution à la crise du système de santé est
dans la lutte pour les droits de tous et de toutes

La crise dans les résidences de soins de longue durée en Colombie-Britannique fait ressortir le besoin d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux dont celui des soins aux aînés


Réunion à Comox sur la crise dans les soins de santé des aînés en Colombie-Britannique,
le 24 février 2020, avant la pandémie

La Colombie-Britannique n'a pas échappé à la tragédie terrible de la perte des précieuses vies des personnes âgées dans les centres de soins de longue durée, en particulier dans la région densément peuplée des Basses-terres. En fait, les premiers cas de la COVID-19 au Canada et le premier décès ont eu lieu au Lynn Valley Care Centre à Vancouver Nord. Il y a eu des éclosions de la COVID-19 dans plus de vingt foyers de soins de longue durée dans trois des cinq régions administratives de la santé dans lesquelles la province est divisée. Les deux régions qui n'ont connu aucune éclosion dans les centres de soins de longue durée sont le nord de la Colombie-Britannique et l'île de Vancouver.

Au cours des dernières années, les centres de soins de longue durée de la Colombie-Britannique ont été de plus en plus surveillés grâce aux actions menées par les syndicats, dont la campagne « Les soins ne peuvent pas attendre » du Syndicat des employés d'hôpitaux. Cette campagne a attiré l'attention sur la nécessité d'augmenter les investissements afin d'accroître les effectifs dans les centres de soins de longue durée et elle a été menée de concert avec le plaidoyer public courageux des membres des familles des résidents des centres de soins de longue durée. La détermination d'agir des syndicats et des familles a assisté l'enquête du Bureau du défenseur des aînés sur la façon dont les centres de soins de longue durée sont financés et comment les fonds sont alloués. Le rapport, intitulé « Un milliard de raisons pour s'en faire », a été publié le 4 février.

Plusieurs centaines de personnes sur l'île de Vancouver ont participé à des réunions publiques en février pour discuter de la crise des soins de longue durée et présenter des propositions de changement. Au moment où ces réunions ont eu lieu, les conditions dans quatre foyers de soins de longue durée de Retirement Concepts avaient entraîné une situation où quatre médecins hygiénistes différents, trois de l'île de Vancouver et un de l'intérieur de la Colombie-Britannique, ont ordonné aux autorités sanitaires de reprendre la gestion des établissements de soins de longue durée. Des familles de résidents de plusieurs résidences de Retirement Concepts en Colombie-Britannique avaient déjà demandé l'autorisation d'un recours collectif pour les soins aux aînés contre l'entreprise et le ministère de la Santé, qui n'a pas encore été accordée. La chaîne Retirement Concepts comprend 20 résidences en Colombie-Britannique et en Alberta. Elle a été achetée en 2017, avec l'approbation du gouvernement fédéral et l'acquiescement du gouvernement provincial, par la multinationale chinoise d'assurances Anbang. Une autre résidence de Retirement Concepts, Millrise Seniors Village, dans le sud-ouest de Calgary, a été reprise le 4 mai par les Services de santé de l'Alberta sur ordre du médecin hygiéniste en chef de l'Alberta.

Dans le contexte d'urgence face à la COVID-19, la Colombie-Britannique a été la première province à prendre des mesures spécifiques pour régler certains des problèmes des centres de soins de longue durée. Des ordonnances de la médecin hygiéniste en chef, Bonnie Henry, et du ministre de la Sécurité publique et solliciteur général, Mike Farnworth, ont été émises respectivement le 26 mars et le 10 avril. Elles stipulent que les travailleurs des centres de soins de longue durée doivent travailler dans un seul centre, que les travailleurs doivent être rémunérés pour les heures qu'ils auraient normalement dû travailler avant de se limiter à travailler dans un seul centre. En ce qui concerne les salaires, elles stipulent aussi que tous les travailleurs en soins de longue durée doivent être rémunérés aux taux de la convention collective entre l'Association des employeurs des soins de santé de la Colombie-Britannique (HEABC) et l'Association qui négocie au nom des infirmières, et entre la HEABC et l'Association qui négocie pour les établissements de soins (FBA), qui est la « convention-cadre ». Celle-ci couvre tous les travailleurs des hôpitaux de la Colombie-Britannique, des centres de soins de longue durée détenus et exploités par les autorités de la santé et bon nombre des centres exploités par des organismes à but non lucratif.

Les mesures qui ont été prises pour lutter contre les bas salaires et la prévalence du travail précaire, à temps partiel et occasionnel, qui obligent les travailleurs à avoir plusieurs emplois dans différents établissements afin de gagner ce qu'un travailleur à temps plein gagnerait, sont une réponse provisoire nécessaire face à la crise immédiate. Cependant, le diable est dans les détails. Bien que l'ordonnance sur le « site unique » ait été rendue le 26 mars et que l'ordonnance du solliciteur général qui autorisait la dérogation aux conventions collectives pour permettre le complément de salaire pour les travailleurs non couverts par la convention collective des infirmières et la FBA, ait été émise le 10 avril, la mise en oeuvre, qui est compliquée, n'est toujours pas terminée. Dans la plupart des cas, l'ordonnance de s'en tenir à un site unique était en vigueur le 11 mai, mais dans la plupart des centres pour personnes âgées exploités à des fins privées, le complément salarial n'a pas eu lieu. Une entreprise aussi importante est évidemment compliquée, mais des rapports indiquent également que certains propriétaires refusent tout simplement de payer. Il est encore plus préoccupant de constater que les travailleurs, autrefois limités à travailler dans un seul établissement, n'ont pas vu leurs heures et leur salaire augmenter pour correspondre à ce qu'ils gagnaient avant que l'ordonnance relative au site unique ne soit mise en place. Ces « héros » ont été reconnus pour leur travail au service de certaines des personnes les plus vulnérables de la Colombie-Britannique. En dépit de toutes les meilleures intentions, beaucoup ne font pas face à une augmentation, mais à une diminution de leurs revenus.

Selon l'analyse du Bureau du défenseur des aînés, sur le 1,4 milliard de dollars de revenus générés dans le secteur des soins contractuels (tous les centres gérés par les autorités de la Santé publique), 1,3 milliard de dollars proviennent du gouvernement provincial. La province finance tous les exploitants, publics, à but lucratif et non lucratif, à un niveau suffisant pour payer tout le personnel couvert par les associations regroupant les infirmières et les établissements de soins de santé de longue durée, selon les taux en vigueur. Les exploitants privés signent des contrats avec les autorités sanitaires en fonction de ce qu'ils considèrent être des profits acceptables, mais par la suite, ces profits sont considérablement augmentés en payant des salaires jusqu'à 7,00 $ de l'heure inférieurs aux tarifs de la FBA et des infirmières. Et tout cela est parfaitement légal. La crise actuelle et l'incapacité du gouvernement à répondre aux besoins immédiats des travailleurs reflètent le fait que le système est organisé pour servir les intérêts privés étroits des exploitants et non, comme les Canadiens s'y attendent et l'exigent, pour prendre soin des résidents et de ceux qui s'occupent d'eux.

Les aînés qui vivent dans des résidences de soins de longue durée et les travailleurs qui en prennent soin ont des demandes fondées sur la valeur qu'ils produisent pour la société, les aînés sur la base de la capacité de travail qu'ils ont contribuée au cours de leur vie active, les travailleurs sur la base de leur capacité de travail que les exploitants des centres achètent aujourd'hui. L'élite dirigeante qui contrôle les moyens de production et de distribution ne valorise pas la capacité de travail de ceux qui oeuvrent dans des centres de soins de longue durée et considère ceux qui ont dépassé leurs années productives comme un fardeau. Résoudre la crise des soins aux aînés nécessite l'effort déterminé de l'ensemble de la classe ouvrière pour augmenter la part que les travailleurs reçoivent de la valeur qu'ils créent, à la fois sous la forme de salaires plus élevés et d'investissements accrus dans les soins de santé, l'éducation et d'autres programmes sociaux.


Cet article est paru dans

Numéro 37 - Numéro 37 - 28 mai 2020

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La solution à la crise du système de santé est : La crise dans les résidences de soins de longue durée en Colombie-Britannique fait ressortir le besoin d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux dont celui des soins aux aînés - Barbara Biley


    

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