Les conséquences des arrêtés ministériels pour les travailleurs de la santé
- Pierre Soublière -
Les arrêtés ministériels du gouvernement du
Québec dans
un contexte d'état d'urgence général ont laissé le
champ libre aux
employeurs dans le domaine de la santé au Québec
pour ce qui est des
conditions des travailleurs. Même avant cette
latitude, les employeurs
des résidences pour aînés, des hôpitaux et des
soins de santé en
général étaient extrêmement abusifs, par exemple
par le recours au
temps supplémentaire obligatoire, la mobilité du
personnel — cette
dernière étant de toute évidence un facteur dans
la propagation du
virus dans divers établissements de santé — le
manque de personnel,
etc. Ce sont des conditions que les travailleurs
de la santé
dénonçaient bien avant l'arrivée de la pandémie.
La plus récente mesure
en ce sens est le refus dans de plus en plus
d'endroits de travail de
permettre aux travailleurs de prendre leurs
vacances telles que
planifiées. Dans un établissement en particulier,
les vacances d'été de
tout le personnel de soins de santé ont été
annulées.
Dans un cas, les vacances d'une préposée aux
bénéficiaires ont été annulées à la dernière
minute. Celle-ci affirme
que si elle refuse de travailler, elle est
passible d'une amende allant
de 1 000 dollars à 6 000
dollars. Elle
ajoute : « On se démène pour sauver des vies,
pour garder nos
résidents en sécurité, pour être sûr que rien ne
leur arrive, mais
personne ne veille sur nous. » Au sujet de ce
grave problème de la
nécessité des travailleurs de la santé d'avoir le
temps de se reposer,
Nancy Bédard, la présidente de la Fédération
interprofessionnelle de la
Santé (FIQ), affirme : « Si seuls les efforts
collectifs et la
solidarité permettent de venir à bout de la
situation, ce n'est pas en
épuisant ses propres travailleuses que le
gouvernement y
parviendra. »
Le gouvernement du Québec doit arrêter de
considérer que
les travailleurs sont remplaçables. Il doit
reconnaître ce que les
travailleurs ont toujours soutenu, que les
conditions de travail des
travailleurs de la santé sont les conditions de
santé et de sécurité
des personnes qu'ils soignent. L'époque où les
généraux envoyaient
leurs troupes au front sans armes comme chair à
canon est révolue. Ce
n'est définitivement pas la façon de régler de
tels problèmes qui
exigent une collaboration avec les travailleurs en
première ligne qui,
pour leur part, ne demandent qu'à collaborer sur
la base de leur
expérience et de leurs besoins, en particulier
pour pouvoir travailler
dans un environnement le plus sécuritaire possible
dans ces
circonstances.
Qu'est-ce que le gouvernement ne comprend pas au
juste ?
Cet article est paru dans
Numéro 35 - Numéro 35 - 19 mai 2020
Lien de l'article:
Les conséquences des arrêtés ministériels pour les travailleurs de la santé - Pierre Soublière
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
|