Les conséquences des arrêtés ministériels pour les travailleurs de la santé

Les arrêtés ministériels du gouvernement du Québec dans un contexte d'état d'urgence général ont laissé le champ libre aux employeurs dans le domaine de la santé au Québec pour ce qui est des conditions des travailleurs. Même avant cette latitude, les employeurs des résidences pour aînés, des hôpitaux et des soins de santé en général étaient extrêmement abusifs, par exemple par le recours au temps supplémentaire obligatoire, la mobilité du personnel — cette dernière étant de toute évidence un facteur dans la propagation du virus dans divers établissements de santé — le manque de personnel, etc. Ce sont des conditions que les travailleurs de la santé dénonçaient bien avant l'arrivée de la pandémie. La plus récente mesure en ce sens est le refus dans de plus en plus d'endroits de travail de permettre aux travailleurs de prendre leurs vacances telles que planifiées. Dans un établissement en particulier, les vacances d'été de tout le personnel de soins de santé ont été annulées.

Dans un cas, les vacances d'une préposée aux bénéficiaires ont été annulées à la dernière minute. Celle-ci affirme que si elle refuse de travailler, elle est passible d'une amende allant de 1 000 dollars à 6 000 dollars. Elle ajoute : « On se démène pour sauver des vies, pour garder nos résidents en sécurité, pour être sûr que rien ne leur arrive, mais personne ne veille sur nous. » Au sujet de ce grave problème de la nécessité des travailleurs de la santé d'avoir le temps de se reposer, Nancy Bédard, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la Santé (FIQ), affirme : « Si seuls les efforts collectifs et la solidarité permettent de venir à bout de la situation, ce n'est pas en épuisant ses propres travailleuses que le gouvernement y parviendra. »

Le gouvernement du Québec doit arrêter de considérer que les travailleurs sont remplaçables. Il doit reconnaître ce que les travailleurs ont toujours soutenu, que les conditions de travail des travailleurs de la santé sont les conditions de santé et de sécurité des personnes qu'ils soignent. L'époque où les généraux envoyaient leurs troupes au front sans armes comme chair à canon est révolue. Ce n'est définitivement pas la façon de régler de tels problèmes qui exigent une collaboration avec les travailleurs en première ligne qui, pour leur part, ne demandent qu'à collaborer sur la base de leur expérience et de leurs besoins, en particulier pour pouvoir travailler dans un environnement le plus sécuritaire possible dans ces circonstances.

Qu'est-ce que le gouvernement ne comprend pas au juste ?


Cet article est paru dans

Numéro 35 - Numéro 35 - 19 mai 2020

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Les conséquences des arrêtés ministériels pour les travailleurs de la santé - Pierre Soublière


    

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