Les conditions dans l'industrie de la transformation de la viande aux États-Unis
Une photo sur la page Facebook du Premier
Mai 2020 de l'Alliance des travailleurs de la
chaîne alimentaire demande que tous les
travailleurs de l'alimentation soient protégés.
La COVID-19 a mis en lumière les conditions
brutales, dangereuses et pénibles des travailleurs
de l'industrie de la transformation de la viande
et de la volaille aux États-Unis. Elle a également
mis en lumière le contrôle des oligopoles de la
transformation des viandes sur l'ensemble du
secteur, avec toutes ses conséquences négatives.
La taille et la productivité massives de ces
usines rendent les propriétaires d'autant plus
déterminés à les garder ouvertes à tout prix, et,
dans ce contexte, les autorités fédérales et
étatiques ont été leurs serviteurs consentants.
Les travailleurs et leurs syndicats parlent
ouvertement des conditions qui ont provoqué de
grandes éclosions du coronavirus dans les usines
de viande et de volaille.
Le traitement de la viande est un travail
dangereux, éreintant et sous-payé effectué par des
travailleurs qui sont dans de nombreux cas
extrêmement vulnérables, notamment des
travailleurs sans-papiers, des réfugiés et
d'autres immigrants récents. Au début des années
1980 et même avant, l'industrie s'est relocalisée
des grandes villes vers les zones rurales. Avec
l'aide de l'administration Reagan, les oligarques
de la viande ont entrepris de détruire les
syndicats.
La transformation de la viande est concentrée
dans les États des grandes plaines, notamment le
Dakota du Sud, l'Iowa, le Kansas et le Missouri,
ainsi qu'au Colorado et au Texas. Les États du sud
des États-Unis ont également une production de
volaille importante. Il n'y avait pas suffisamment
de travailleurs dans les zones rurales pour ces
usines massives, en particulier compte tenu du
taux de roulement élevé en raison des terribles
conditions de travail. Les entreprises ont plutôt
fonctionné en recrutant les travailleurs les plus
vulnérables et marginalisés, notamment les
réfugiés d'Asie du Sud-Est et d'Afrique, et plus
récemment d'Amérique centrale et d'Amérique du
Sud. On estime que près d'un tiers de la
main-d'oeuvre est composée d'immigrants récents et
qu'un travailleur sur quatre est sans papiers. Des
raids périodiques menés par le Service de
l'immigration et des contrôles douaniers (ICE)
sont utilisés pour renforcer cette vulnérabilité
et servir d'avertissement que les tentatives de
défendre leurs droits peuvent avoir des
conséquences désastreuses.
La brutalité des employeurs et de l'État à leur
service n'a pas de limites. The Atlantic a
fait un reportage sur un raid en août 2019
effectué dans sept usines de volaille au
Mississippi. Six cents agents de l'ICE, armés de
fusils et de gilets pare-balles, ont arrêté 680
travailleurs principalement latinos. The
Atlantic rapporte que leurs enfants se sont
rassemblés à l'extérieur de l'usine, regardant
leurs parents se faire emmener. Le raid a illustré
le racisme organisé par l'État, s'étant lui-même
produit trois semaines après la tuerie terroriste
de 22 personnes à El Paso au Texas, où le tireur
avait ciblé des clients mexicains dans un Walmart
par désir d'arrêter « l'invasion hispanique du
Texas ».
Cette force de travail vulnérable fait face à un
danger constant, travaillant à une vitesse
vertigineuse avec des couteaux et des scies, des
milliers de travailleurs oeuvrant coude à coude
dans une usine. Les sols sont glissants et saturés
en eau et en sang. Selon les accidents signalés,
les travailleurs de la viande aux États-Unis sont
trois fois plus susceptibles d'être blessés que le
travailleur moyen au pays et sept fois plus
susceptibles de subir plusieurs fois une blessure
au travail. Chaque semaine, il y a des
amputations, des fractures, des brûlures graves,
des traumatismes crâniens et d'autres blessures
graves. Dans les usines de volaille, l'utilisation
de produits chimiques provoque des maladies
respiratoires et d'autres maladies.
Les cadences sur
les lignes de production aux États-Unis sont le
double de celles en Europe, et la vitesse est
vertigineuse. Aux États-Unis, les moyennes de
l'industrie varient de 1000 porcs à l'heure à
plus de 8000 poulets à l'heure. Il n'y a
aucun moyen pour les travailleurs de suivre des
directives telles que se couvrir la bouche en
éternuant. Les travailleurs de nombreuses usines
s'exposent à des mesures disciplinaires s'ils
ratent même un seul morceau de viande ou de
volaille qui arrivent sur la ligne à la vitesse de
l'éclair. En octobre 2019, l'administration
Trump a supprimé les limites de vitesse des
chaînes de production dans les usines de
transformation du porc. Même si la pandémie
faisait rage, le département de l'Agriculture a
accordé des dérogations autorisant 15 usines
de volaille à augmenter la cadence de leurs
chaînes jusqu'à 175 oiseaux par minute. Les
statistiques sur le taux de blessures, qui sont
probablement largement sous-déclarées, ont été
compilées avant la suppression des restrictions de
vitesse.
Certaines parties d'une usine de transformation
de la viande, comme le département des mises à
mort, sont très chaudes, tandis que d'autres
sections sont semblables au travail dans un
réfrigérateur. Le froid est considéré comme un
facteur qui permet de prolonger la durée de survie
d'un virus à l'extérieur d'un hôte, ce qui
augmente le risque de transmission du coronavirus.
Cela contribue également à l'incidence élevée de
l'arthrite chez les travailleurs des usines de
transformation.
Les éclosions, qui ont imposé un lourd tribut aux
travailleurs des usines de transformation, à leurs
familles et à leurs communautés sont le résultat
direct de la cupidité et de la recherche du profit
maximum des oligarques et du fait que l'autorité
publique qui pourrait les restreindre n'existe
plus. Cela montre la nécessité d'une nouvelle
direction où les droits des travailleurs sont
respectés dans une industrie agricole et
alimentaire moderne et durable dans le but de
fournir des aliments sains et salubres pour tous.
Les travailleurs qui parlent en leur propre nom et
dénoncent la négligence criminelle des oligarques
défendent leurs droits et les droits de tous à la
sécurité et la salubrité alimentaires.
Cet article est paru dans
Numéro 33 - Numéro 33 - 12 mai 2020
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Les conditions dans l'industrie de la transformation de la viande aux États-Unis
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