La Commission des relations de travail de l'Alberta refuse d'agir pour défendre les droits des travailleurs
- Peggy Morton -
La section locale 401 des TUAC accueille les
travailleurs qui entrent à l'usine de Cargill
à High River, alors qu'elle rouvre le 4 mai
2020, avec des masques et de l'information.
Le 29 avril, la section locale 401 des
Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce
a déposé une plainte pour pratique déloyale de
travail, qui démontre que Cargill a violé deux
articles du Code des relations de travail de
l'Alberta en entravant la représentation des
travailleurs par le syndicat et le droit des
travailleurs à la représentation.
La plainte
pour pratique déloyale de travail a révélé que
depuis que les premiers cas de la COVID-19 ont été
identifiés à l'usine, Cargill a toujours refusé de
reconnaître le syndicat comme le représentant des
travailleurs. Il a en outre donné aux travailleurs
des informations fausses et trompeuses sur
l'implication du syndicat, tentant ainsi de miner
la confiance envers celui-ci, et il a suggéré à
tort aux travailleurs que le syndicat avait
accepté de rouvrir l'usine. La plainte montre que,
bien au contraire, la direction de Cargill a
toujours refusé de fournir des renseignements au
syndicat, de répondre aux questions et même de
répondre au syndicat concernant les enjeux
soulevés dans la lettre du syndicat au premier
ministre Jason Kenney.
La plainte fournit les informations sur la façon
dont Cargill a réagi depuis la mort de Bui Thi
Hiep le 20 avril. À chaque étape, la
compagnie a refusé de mener des négociations de
bonne foi avec le syndicat et a plutôt utilisé la
désinformation, les menaces, l'intimidation et le
diktat.
Par exemple, il a fallu près d'une semaine après
le décès de Hiep et une ordonnance de la
Commission de la santé et la sécurité au travail
de l'Alberta (AOHS) avant que l'entreprise n'ouvre
une enquête sur son décès, comme l'exige la loi.
L'AOHS a finalement visité l'usine le 27
avril, mais n'a fait aucune entrevue avec les
travailleurs. Les responsables de la Commission de
la santé et de la sécurité au travail ont demandé
à Cargill de fournir certains documents, mais
l'entreprise ne s'y est même pas conformée.
Le 28 avril, Cargill a tenu une assemblée
virtuelle avec les travailleurs et n'a pas demandé
au syndicat d'y participer. Cargill n'a pas
informé le syndicat qu'il rouvrirait l'usine et
n'a mené aucune discussion avec le syndicat.
Malgré cela, Cargill a envoyé une lettre à chaque
travailleur déclarant qu'il poursuivait les
discussions avec le syndicat au sujet de la
réouverture de l'usine, laissant l'impression que
le syndicat approuvait la démarche.
Le syndicat a demandé à la Commission des
relations de travail de l'Alberta (ALRB) de tenir
une audience d'urgence et a demandé des « mesures
provisoires », soulignant le préjudice
irréparable qui serait causé si les travailleurs
devaient retourner au travail sans que leur
syndicat puisse déterminer s'ils pouvaient le
faire en toute sécurité. Le pays tout entier a
entendu les témoignages des travailleurs sur la
façon dont l'entreprise les a obligés à venir
travailler malades, a refusé de fournir une
protection appropriée, a refusé de ralentir la
ligne de production pour permettre une
distanciation sociale et a montré autant
d'indifférence et de mépris pour leur santé que
leur vie. Le fait que la direction de Cargill ne
puisse pas se voir confier la sécurité des
travailleurs, qu'ils considèrent comme des choses
et non des êtres humains, est évident pour tout le
monde, tout comme le fait que c'est la santé et la
vie même des travailleurs, de leur famille et des
communautés qui sont en jeu. Tout le monde, sauf
ceux qui constituent en paroles l'autorité
publique, mais qui agissent plutôt comme les
apologistes et les facilitateurs de Cargill.
Il est difficile d'imaginer une situation plus
lourde de dangers ou de dommages irréparables avec
la moitié des travailleurs déjà atteints de la
COVID-19, la mort d'une travailleuse et proche
collègue, et d'autres qui sont gravement malades à
l'hôpital, certains aux soins intensifs. Malgré
l'urgence manifeste de l'affaire et une situation
où 85 % des travailleurs avaient indiqué
qu'ils pensaient qu'il n'était pas sécuritaire de
travailler, l'ALRB a fixé la date de l'audience au
7 mai, trois jours après la réouverture de
l'usine, et a nommé un médiateur pour rencontrer
les parties durant la fin de semaine.
La section locale 401 a demandé que la
question soit réexaminée. La décision de la
Commission des relations de travail disait :
« Le syndicat soulève une préoccupation de
justice naturelle, affirmant que la décision l'a
effectivement privé de la possibilité de demander
des mesures provisoires. Ce que je retiens du
résumé des raisons fournies, c'est que la
Commission était préoccupée par la complexité du
litige, compte tenu des circonstances actuelles.
La plainte du syndicat contenait un contenu
détaillé et n'a été déposée que vendredi.
L'employeur n'a pas encore déposé sa réponse. La
décision reflète un équilibre des intérêts qui
n'est ni déraisonnable ni injuste en ces temps
extraordinaires. »
Dans sa décision, la Commission ne dit pas ce qui
est équilibré. Elle ne mentionne pas qu'elle «
équilibre » la vie des êtres humains avec la
cupidité et les intérêts étroits des milliardaires
étrangers qui sont si déterminés à ouvrir l'usine.
Le fait que l'employeur n'ait pas encore répondu
est même déclaré comme ayant une certaine
pertinence - un employeur qui n'a même pas encore
présenté ses condoléances au mari de Bui Thi Hiep
qui avait travaillé pour Cargill durant 23
ans, décédée de la COVID-19 le 20 avril.
Oui, beaucoup de choses sont révélées durant des
temps extraordinaires. Ce qui est révélé surtout,
c'est que les travailleurs ne peuvent compter que
sur eux-mêmes et sur leur propre travail
d'organisation et sur la force de leur nombre et
de leur conviction pour défendre leurs droits, et
que c'est cette lutte qui défend les droits de
tous.
Tous en appui aux
travailleurs les plus vulnérables des usines
de transformation de la viande !
À l'usine de
Cargill à High River, le 4 mai 2020
(Photos: TUAC 401 )
Cet article est paru dans
Numéro 32 - Numéro 32 - 7 mai 2020
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La Commission des relations de travail de l'Alberta refuse d'agir pour défendre les droits des travailleurs - Peggy Morton
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