Migrante Canada poursuit sans relâche la défense des travailleurs migrants et de leurs droits pendant la COVID-19
- Entrevue avec Maria Sol
Pajadura, présidente de Migrante Canada -
Un contingent de préposés aux bénéficiaires
durant la Journée internationale des femmes 2020
à Toronto
Forum ouvrier publie ci-dessous une
entrevue avec Maria Sol Pajadura, présidente de
Migrante Canada, une organisation de défense
pancanadienne des travailleurs migrants des
Philippines et d'autres pays.
Forum ouvrier : Migrante
Canada fait beaucoup de travail pour offrir une
aide pratique aux travailleurs migrants.
Pouvez-vous nous parler un peu de l'impact de la
COVID-19 sur différents secteurs des travailleurs
migrants, de l'industrie alimentaire, des aidants
à domicile, etc. et sur les projets que Migrante a
entrepris pour aider ces travailleurs ?
Maria Sol
Pajadura : La COVID-19 affecte
directement les travailleurs migrants. Par
exemple, depuis l'annonce du confinement en
Ontario et dans d'autres provinces, des
travailleurs migrants ont été mis à pied dans
l'industrie alimentaire, la construction et
d'autres lieux de travail comme les services de
nettoyage et les restaurants. Les travailleurs
migrants sans statut se retrouvent dans une
situation encore plus défavorable, car ils sont
plus vulnérables et ne sont pas admissibles à des
prestations de quelque nature que ce soit. Pour
ceux qui travaillent encore, par exemple dans les
soins aux personnes âgées, certains employeurs
insistent pour qu'ils restent à la résidence et
soient disponibles 24 heures sur 24,
sept jours par semaine, sans salaire
supplémentaire, et ils doivent le faire sous peine
de perdre leur emploi et de devenir inadmissibles
au statut de résident.
Migrante Canada a créé Kapitbisig Laban (bras de
liaison) de la COVID, un réseau d'entraide présent
à Vancouver, Edmonton, Calgary, Winnipeg, Toronto,
Ottawa et Montréal, pour aider et soutenir les
travailleurs migrants qui ont perdu leur emploi et
les aider à obtenir de la nourriture et de
l'argent par des dons financiers et des échanges.
Nous essayons également de trouver des emplois
pour ces travailleurs, dans la mesure du possible.
Nous leur parlons régulièrement pour nous assurer
qu'ils ne sont pas isolés. L'isolement nuit à leur
santé mentale et à leur bien-être, surtout pour
ceux qui n'ont aucun statut et qui sont en proie à
une grande anxiété, ne sachant pas comment ils
soutiendront leurs familles qui dépendent d'eux
dans leur pays.
FO : De nombreux travailleurs
migrants ont été jugés « essentiels » pendant
la pandémie, par exemple les travailleurs
agricoles, les travailleurs de l'industrie
alimentaire et des services, mais ils se voient
refuser tout accès aux programmes de soutien que
les gouvernements fédéral et provinciaux ont mis
en place. Pouvez-vous nous parler un peu de cette
situation ?
MSP : Si un travailleur
migrant a des papiers, il est admissible à
l'assurance-emploi ou à la Prestation canadienne
d'urgence. Nous aidons ceux qui sont admissibles à
préparer et à soumettre leur demande. Ce sont ceux
qui n'ont pas de statut ou qui sont venus au
Canada et qui se retrouvent ensuite sans emploi à
cause des magouilles des recruteurs sans scrupules
et du refus du Canada de protéger les travailleurs
migrants, qui ont le plus de difficultés. Ils se
retrouvent isolés et sans accès à
l'assurance-emploi, aux soins de santé et à toute
prestation. C'est la même chose pour ceux qui
n'ont pas de statut. Ils ont une famille à la
maison qui dépend d'eux, ce qui crée une angoisse
difficile pour eux et pour la famille également,
qui est souvent menacée de famine et de
souffrances aux Philippines. C'est inhumain.
FO : Migrante Canada fait
partie de la campagne du Caregivers Action Centre
et d'autres qui appellent le gouvernement fédéral
à accorder le statut de résident à tous les
travailleurs migrants à leur arrivée au Canada.
Pouvez-vous informer nos lecteurs de cette
campagne ?
MSP :
Oui, nous faisons en fait partie du Réseau des
droits des migrants qui appelle le gouvernement
fédéral à agir tout de suite pour garantir que les
travailleurs migrants, y compris ceux sans statut,
obtiennent le statut d'immigrants reçus et les
avantages auxquels ils devraient avoir droit en
tant que travailleurs, en tant qu'êtres humains.
Nous disons que si ces travailleurs sont «
essentiels », et la COVID a très bien montré
que les travailleurs migrants jouent un rôle
essentiel dans l'économie et la société, alors
leur contribution doit être reconnue et ils
devraient recevoir le statut de résident et tous
les avantages que cela comporte, tels que les
soins de santé, l'assurance-emploi et autres
soutiens. Nous demandons également au gouvernement
Trudeau de régulariser le statut des travailleurs
migrants sans-papiers afin qu'ils puissent rester
et continuer de travailler en toute légalité. Nous
disons que ces travailleurs ne sont pas des
criminels, ils sont victimes d'un système qui
exploite leur vulnérabilité. Voilà notre
revendication première. Il est grand temps que le
Canada cesse d'exploiter et de maltraiter les
travailleurs migrants et les traite comme des
êtres humains.
Pour en savoir plus sur Kapitbisig Laban COVID,
visitez kapitbisig.ca.
(Photos: Kapitbisig Laban,
Caregivers Action Centre)
Cet article est paru dans
Numéro 31 - 5 mai 2020
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Migrante Canada poursuit sans relâche la défense des travailleurs migrants et de leurs droits pendant la COVID-19
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