Geneviève Royer, orthopédagogue au secondaire

Le principal problème de santé auquel les enseignantes et enseignants sont aux prises est celui de l'anxiété. Cela se traduit, entre autres, par une augmentation année après année du nombre d'enseignants devant prendre des congés prolongés. À titre d'exemple, entre 2013 et 2018, alors qu'il y a eu une augmentation de 4 % d'enseignants dans la profession, ce sont 13 % de plus d'enseignants qui ont dû prendre ce type de congé.

Il est clair pour nous que ce sont nos conditions de travail qui génèrent cette maladie. La contradiction entre les besoins de nos élèves (tant sur le plan pédagogique que sur le plan humain) et notre capacité d'y répondre vu le manque de ressources est intenable. Les écoles sont des lieux de relations sociales complexes où tous les problèmes de la société se retrouvent, jour après jour. Nous devons intervenir auprès de jeunes aux prises eux-mêmes avec des maladies mentales ou physiques, ou des membres de leur famille qui en souffrent eux aussi, des jeunes vivant de l'insécurité financière, ou ayant des problèmes d'apprentissage. Nous refusons la pression exercée selon laquelle notre surmenage est dû à un problème de comportement individuel, à une « mauvaise » façon de gérer nos classes.

Regardons ce qui se passe maintenant. Le gouvernement parle de rouvrir les écoles depuis le 10 avril et pas une fois les mesures qu'il compte prendre n'ont été présentées aux enseignants et à leur organisation pour qu'on les accepte. C'est extrêmement anxiogène pour les travailleurs de l'éducation, leur famille et les familles de nos élèves ! Alors on échange entre nous pour mettre de l'avant nos critères, en tant qu'experts de la vie dans les écoles. On voit d'autant plus la justesse de notre demande, qui date de plus de 20 ans, de diminuer le ratio élèves/enseignants et d'avoir une présence en nombre d'heures suffisantes, de professionnels et d'éducateurs spécialisés pour nous assister. Les choses ne peuvent plus retourner comme avant.

Un autre exemple est l'entretien, c'est-à-dire le nettoyage et l'assainissement des écoles. Le nombre d'heures y étant allouées a diminué de façon telle depuis des années que le calendrier d'entretien proposé dans les écoles primaires et secondaires, publié en 2015 par le ministère de la Santé et des Services sociaux, n'est absolument pas respecté. Nous ne voulons pas retourner dans nos écoles où les bureaux des élèves sont nettoyés une fois par année !

C'est pourquoi nous sommes en train de discuter entre nous et avec nos syndicats de comment nous allons nous-mêmes organiser le retour en classe. Cela donne déjà un sentiment de sécurité en opposition à la façon dont le gouvernement traite de la question de la réouverture des écoles.


Cet article est paru dans

Numéro 28 - 29 avril 2020

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Geneviève Royer, orthopédagogue au secondaire


    

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