Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ)

Comme présidente du syndicat, et par ce que je vois sur le terrain, mes préoccupations sont toujours pour la santé et la sécurité de nos membres et des travailleurs de la santé dans l'ensemble. J'ai l'impression que les décisions sont prises parfois en vertu du matériel disponible et selon les inventaires et non selon les besoins. Les consignes de protection de divers matériel changent constamment. Récemment, nous avons eu une directive nouvelle dans la matinée concernant les jaquettes jetables de notre employeur et, dans l'après-midi, la ministre de la Santé a dit qu'on était en pénurie. On voit en ce moment comment le gouvernement ne réussit pas à protéger la santé et la sécurité des gens. Il y a plus de 4000 personnes dans le réseau de la santé au Québec qui sont infectées par le coronavirus. Il y a une grande différence entre le discours du gouvernement et ce qui se passe sur le terrain.

En ce qui nous concerne, sous sommes passés d'anges gardiens à une situation où on doit simplement obéir. Parce qu'on est en situation de guerre, on oblige nos membres à augmenter leurs disponibilités, on change leurs quarts de travail, on ne les respecte pas. Pourtant, ce sont des soldats qui doivent être motivés. On doit s'assurer que les troupes soient là, mais on fait tout pour les dégoûter et même les pousser à démissionner. On peut dire que depuis l'arrêt ministériel du mois de mars du gouvernement du Québec, qui permet de changer nos conditions de travail unilatéralement, que les employeurs ne sont plus en recherche de solution. Ils nous disent que si nous avons un problème, ils vont utiliser l'arrêté ministériel et qu'ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent.

Nous disons depuis le début que cela prend des gens sur le terrain. On ne voit plus les gestionnaires, on ne sait pas où ils sont. Si les gestionnaires n'ont pas le temps, qu'ils mettent des personnes responsables qui vont s'occuper de la santé et de la sécurité au travail. Pendant la dernière négociation, nous avons demandé d'avoir des agents de santé et sécurité au travail qui sont des salariés et sont sur le terrain pour s'occuper de ce qui se passe. L'agent serait libéré à temps plein, il ferait le tour des établissements, il aurait le pouvoir de dire que ceci ne marche pas et exiger que telle ou telle mesure soit appliquée. On voit en ce moment la grande lacune en ce qui concerne la prévention dans nos réseaux. On voit la faiblesse de notre réseau. Depuis la crise du COVID, les comités mixtes de santé/sécurité ne fonctionnent plus. On ne voit jamais la CNESST non plus.

Il faut qu'on arrête de traiter les travailleurs et les travailleuses de la santé comme des anges gardiens, mais qu'on les traite comme des êtres humains qui viennent donner des soins. Il faut qu'on leur donne de bonnes conditions de travail et des moyens de se protéger.


Cet article est paru dans

Numéro 28 - 29 avril 2020

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Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ)


    

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