Simon Lévesque, responsable de la santé et de la sécurité à la FTQ-Construction

Cela fait 40 ans que nous avons les mêmes demandes au niveau de la construction. On nous parle toujours de la prise en charge par le milieu, mais on n'a pas les outils pour le faire.

Nous avons énormément d'accidents graves dans la construction. On mesure la santé et la sécurité par les décès au travail, qui sont particulièrement élevés dans la construction, mais on ne doit pas oublier les travailleurs qui sont blessés gravement. Il faut que les milieux s'organisent pour que les vies arrêtent de basculer. Ces dernières années, la pression a énormément augmenté parce qu'il y a beaucoup de travail dans l'industrie de la construction et les employeurs font des pieds et des mains pour essayer de faciliter l'entrée dans le domaine de la construction en faisant entrer de la main-d'oeuvre peu formée. On coupe les formations. Au lieu de passer par les diplômes d'études professionnelles, on passe par les ouvertures de bassins, souvent au sacrifice des travailleurs et de leur santé et sécurité.

Le principal outil que nous revendiquons, c'est le représentant en prévention. On veut avoir des représentants en prévention qui sont nommés par les syndicats, qui vont travailler dans les milieux de travail, s'impliquer au niveau de la santé et de la sécurité et faire les suivis adéquats. Ils vont faire appliquer les programmes de prévention et faire modifier les programmes de prévention des employeurs, sans se faire menacer de se faire congédier parce qu'ils sont impliqués dans la santé et sécurité. Nos travailleurs n'ont pas de sécurité d'emploi même s'ils sont syndiqués. Dès qu'ils soulèvent un problème de santé et sécurité, ils se font congédier, sous de faux prétextes, comme se faire dire par les employeurs qu'ils n'ont plus de travail pour eux. Les représentants en prévention sont nécessaires pour qu'on puisse améliorer les bilans au niveau de la santé et sécurité.

L'intervention sur les chantiers est difficile parce que les travailleurs veulent être aidés, mais ils ne veulent pas être ciblés par les employeurs et risquer de perdre leur travail. En plus, les représentants syndicaux ne peuvent pas être à temps plein sur les chantiers pour faire des suivis au niveau des méthodes de travail et de toute l'organisation du travail.

En ce qui concerne la pandémie, notre travail principal est au niveau de l'hygiène, de la salubrité, des aires de repas, notamment leur nettoyage régulier, le lavage des mains, etc. Demander de l'eau pour se laver les mains, c'est comme si on demandait quelque chose de luxueux. C'était toujours présenté comme quelque chose d'impossible. Et pourtant, dans les travaux où on a besoin de l'eau pour faire le travail, on en a trouvé des moyens pour fournir des toilettes adéquates où nos travailleurs peuvent se laver les mains avec du savon. Il y a d'autres cas, comme un entrepreneur qui a installé un poste de lavage de mains, avec un chauffe-eau, une cuve de lavage, une installation portative adéquate. C'est donc possible ! Chose certaine, il ne faut pas lâcher ! C'est une revendication de base et elle doit être satisfaite !


Cet article est paru dans

Numéro 28 - 29 avril 2020

Lien de l'article:
Simon Lévesque, responsable de la santé et de la sécurité à la FTQ-Construction


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca