Les travailleurs prennent la parole à la défense des conditions
de travail dont ils ont besoin

Marc Robitaille, représentant à la prévention de la section locale 9291 du Syndicat des Métallos, mine Westwood en Abitibi

À la mine, nous travaillons à éviter les accidents de travail et à assurer la sécurité des travailleurs. Nous avons recommencé il y a un peu plus d'une semaine à travailler dans le secteur minier, après avoir été forcés de cesser nos activités à la fin du mois de mars. Beaucoup de travailleurs se questionnent, il y a beaucoup d'inquiétude et c'est normal. Il n'y a personne qui veut ramener ce virus à la maison. Mon rôle est de m'assurer que l'entreprise a mis les mesures en place en fonction des règles sanitaires imposées par la Santé publique. Nous travaillons pour le bien de tout le monde. Les travailleurs réguliers de la mine, les contractuels, tous ont le droit d'avoir un environnement de travail sécuritaire. Même si je ne les représente pas en tant que représentant à la prévention, ce qu'on fait est aussi bénéfique pour les cadres. Aussitôt que quelqu'un rentre au site, il faut s'assurer que tout se passe de façon sécuritaire. On ne veut pas que personne ne se blesse ou tombe malade.

Quand tu es représentant à la prévention, tu dois avoir en tête exclusivement la question de la santé et de la sécurité du travailleur. Tu dois te demander si la mesure qui est en place, si la pratique qui est utilisée comporte un danger pour quelqu'un. Et s'il y a un danger, il faut trouver une solution. On ne parle pas de signe de dollar. On parle de santé et de sécurité, on parle de moyens mis en place pour que les travailleurs travaillent de façon sécuritaire. Quand on participe aux comités de révision réglementaire, notre mot d'ordre c'est la santé et la sécurité, alors que pour l'employeur c'est toujours la sécurité oui, mais combien cela coûte-t-il ? Pour nous on s'en fout combien cela coûte, la question c'est d'éliminer le danger pour les travailleurs.

Dans notre cas, la distanciation sociale est notre première problématique en ce moment. Avant même qu'on soit en confinement [à cause de la pandémie], on avait déjà traité de cette problématique. L'employeur avait commencé à émettre des mesures, mais elles n'étaient pas claires au début, la distanciation sociale était d'un à deux mètres, les programmes étaient mis en place pour respecter le un mètre de distanciation. Une mine c'est vaste. Il y a des goulots d'étranglement. Le matin, tout le monde se retrouve au même endroit pour prendre ses ordres pour la journée ; il y a les vestiaires, il y a la cage qui nous descend sous terre. Les travailleurs étaient inquiets d'être collés les uns sur les autres dans ces endroits-là.

Au début, l'employeur ne voulait pas nécessairement mettre en place les mesures qui étaient conformes aux directives de la Santé publique. Mais avec le confinement, il y a eu des directives très claires de la Santé publique, que si vous voulez rouvrir l'entreprise, il faut prendre telle et telle mesure. Et les mesures ont été mises en place. Il y a aussi un côté éducation parce que les méthodes de travail et les comportements sont chambardés. De plus en plus, quand les travailleurs se croisent, cela devient instinctif de le faire en respectant le deux mètres, sans qu'on ait besoin de sortir un ruban à mesurer. On le voit à l'oeil. Nous sommes présentement dans cette période-là. Le nettoyage des mains est très important. En entrant sur le site, il faut se laver les mains et il y a une prise de température. Il y a des stations de nettoyage un peu partout. Le travailleur doit nettoyer sa machine, ses commandes avant de commencer son quart de travail. Même chose quand il termine son quart de travail. Pour les cages, on a diminué de moitié le nombre de ceux qui utilisent la cage en même temps pour descendre sous terre. Cela implique des changements d'horaires. C'est une réalité à laquelle autant dans notre milieu de travail qu'en société on doit s'adapter.

Il faut continuer à insister pour que le travail se fasse de façon sécuritaire et ne pas hésiter à utiliser les ressources en santé et sécurité. Le secteur minier est un secteur prioritaire selon la Loi sur la santé et la sécurité du travail et c'est une obligation légale de l'employeur qu'il y ait un représentant à la prévention. Il ne faut pas hésiter à utiliser les représentants syndicaux pour aider les travailleurs dans leur cheminement quand il y a des problématiques en santé et sécurité.

Quand on est dans un milieu syndiqué, il faut utiliser nos ressources. Quand on n'a pas de syndicat, il faut aussi faire valoir ses droits en tant que travailleurs. La Loi sur la santé et la sécurité du travail est là pour tout le monde, et c'est un minimum. Avec la COVID-19, on est en train de prendre conscience que notre santé c'est important, on fait attention à nous, on se protège. Alors, protégeons-nous aussi au travail. Gardons cet esprit-là. Il faut toujours se questionner : est-ce que c'est dangereux le travail que je suis en train de faire ? Il ne faut pas hésiter à le faire et à chercher une solution qui est sécuritaire.


Cet article est paru dans

Numéro 28 - 29 avril 2020

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Les travailleurs disent leur pensée en ce jour de deuil: Marc Robitaille, représentant à la prévention de la section locale 9291 du Syndicat des Métallos, mine Westwood en Abitibi


    

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