Pleurer les morts et lutter pour
les vivants lors de la Journée de commémoration
« Laisser le secteur privé se réglementer est comme demander au renard de protéger le poulailler »
- Lettre de la section locale 401
des Travailleurs unis
de l'alimentation et du commerce (extraits) -
Le 23 avril 2020
Cher premier ministre Kenney,
La pandémie de la
COVID-19 met les travailleurs albertains de
l'alimentation en danger imminent. Nous vous
écrivons avec une préoccupation urgente pour la
vie et les moyens de subsistance de
nos 32 000 membres syndiqués et de tous
les Albertains qui continuent de travailler.
Nos membres sont tombés malades avec la COVID-19,
et certains sont morts. Les événements récents
suggèrent que la production alimentaire a été
priorisée par rapport à la protection de la vie
des travailleurs. En raison des situations chez
Cargill à High River et chez JBS à Brooks, nous
avons perdu confiance dans la volonté du
gouvernement de l'Alberta de faire tout ce qui est
nécessaire pour protéger les travailleurs.
Il est maintenant temps pour toutes les personnes
concernées de vraiment travailler ensemble pour
assurer la sécurité des travailleurs de
l'alimentation, nos membres. Il est grand temps de
créer un groupe de travail composé de
travailleurs, d'employeurs et d'experts de la
santé pour établir des règles et des règlements
afin de protéger la vie des travailleurs dans tous
les lieux de travail du secteur alimentaire. Cela
devrait comprendre une approche centrée sur les
travailleurs, qui met l'accent sur l'expérience
des travailleurs de l'industrie de la
transformation des aliments. Le groupe de travail
devrait également être composé de personnes très
éloignées des ordres du jour politiques et
patronaux.
Alors que les rassemblements publics ont été
limités et les terrains de jeux sont fermés pour
assurer la sécurité publique, les lieux de travail
de nos membres restent ouverts. Cela constitue une
contradiction scandaleuse. Des milliers de
travailleurs de l'Alberta travaillent coude à
coude chaque jour dans les usines de traitement
des viandes. Des milliers de clients se pressent
chaque jour dans les épiceries, se rassemblant à
proximité des employés et les uns des autres,
malgré les ordonnances de santé publique qui
exigent une distanciation sociale.
Votre gouvernement a qualifié les travailleurs de
l'alimentation de l'Alberta d'« essentiels »
et le public les a appelés des « héros ».
Mais sur leur lieu de travail, ils sont traités
comme étant remplaçables.
Nous avons cherché à travailler avec les
employeurs par des discussions de bonne foi
pendant des semaines. Certains ont rédigé de
bonnes politiques sur la distanciation sociale et
fourni des équipements de protection individuelle
(ÉPI) aux employés. D'autres ont été lents à agir
ou ont été réfractaires. Mais même avec les
meilleurs employeurs, il existe des écarts entre
la politique du siège social et les pratiques sur
le lieu de travail, qui sont désormais une
question de vie ou de mort. Il faut que le
gouvernement instaure une réglementation et une
politique d'application de la réglementation
immédiates afin de protéger la vie des Albertains.
Nous avons besoin de nouveaux règlements pour
l'industrie alimentaire pendant la COVID-19
Votre gouvernement a agi rapidement pour modifier
le Code des normes d'emploi afin d'offrir
plus de « flexibilité » aux employeurs. Nous
demandons à votre gouvernement d'agir
immédiatement pour protéger maintenant les
travailleurs. En tant que strict minimum, dans
l'industrie alimentaire, tous les travailleurs
devraient avoir les garanties suivantes :
- En cas d'éclosion, fermeture immédiate de
l'endroit de travail jusqu'à ce que :
- une période de 14 jours se soit écoulée
pour l'isolement de tous les employés
- des tests de dépistage de la COVID-19 et le
suivi des contacts pour tous les employés aient
été complétés
- les agents de l'AHS et de la SST ont confirmé
que le lieu de travail peut reprendre en toute
sécurité et le syndicat a approuvé cette
conclusion
- La prime de risque à la COVID-19 statutaire
de 1,5 fois le taux horaire régulier pour
toutes les heures travaillées tant que la COVID-19
demeure un risque
- L'augmentation du nombre de pauses payées pour
que les travailleurs puissent se laver les mains
fréquemment
- Un statut de présomption pour les réclamations
faites à la CAT liées à la COVID-19 dans le
secteur alimentaire
- Des réunions hebdomadaires obligatoires du
comité mixte de santé et de sécurité au travail
pour identifier et atténuer les risques et
répondre aux préoccupations des employés
- Divulgation obligatoire de tous les rapports de
l'AHS au syndicat dans les lieux de travail
syndiqués
- Congé payé par l'employeur pour tous les
travailleurs de l'alimentation qui ne peuvent pas
travailler en raison de la COVID-19
- Éducation et soutien par le gouvernement aux
travailleurs sur la façon de se protéger, y
compris leur droit de refuser un travail dangereux
- L'assurance qu'aucun travailleur ne perd son
emploi pour avoir trop peur de venir travailler
- La protection du statut d'immigration afin
qu'aucun travailleur ne se sente obligé de se
rendre au travail pendant la COVID-19 de peur de
perdre son statut au Canada
- L'accès garanti aux soins de santé pour les
employés qui n'ont pas satisfait à l'exigence de
résidence pour la couverture des soins de santé de
l'Alberta
- L'application des mesures de distanciation
sociale et des mesures de sécurité sur le lieu de
travail avec des contrôles ponctuels quotidiens et
non annoncés par des fonctionnaires autorisés à
imposer des amendes importantes aux employeurs qui
enfreignent ces règles.
Dispositions spécifiques aux épiceries
Les épiceries sont parmi les derniers espaces
publics où les gens peuvent se rassembler en grand
nombre, ce qui est interdit ailleurs.
Malheureusement, tout le monde ne respecte pas les
risques pris par nos travailleurs de première
ligne du secteur alimentaire. Nous demandons les
protections supplémentaires suivantes pour toutes
les épiceries de l'Alberta :
- Port continu du masque pour tous les employés,
clients, sous-traitants et visiteurs
- Règles de distanciation sociale par les clients,
appliquées par la direction, y compris
- limiter le nombre de clients dans un magasin
en tout temps à un nombre qui respecte la santé
et la sécurité
- des barrières appropriées obligatoires pour
les caissiers, les boulangers, les traiteurs et
les travailleurs de comptoirs de viande
- marquages de sécurité obligatoires sur les
planchers des magasins pour maintenir la
distance sociale
- affiches et autres outils pour éduquer les
clients à garder leurs distances
- annonces audio en magasin rappelant aux
clients les exigences de la distanciation
sociale
- fermeture des caisses libre-service
automatisées
- Application des arrêtés de distanciation
sociale dans les épiceries
- Interdiction des paniers d'achat difficiles à
nettoyer et mise à la disposition sans frais de
tous les chariots d'achat payants, afin d'atténuer
le rassemblement des clients autour des chariots
- Reconnaissance par la SST que le comportement
agressif et irrespectueux des clients dans les
magasins constitue un danger au travail
- Désinfection quotidienne de toutes les surfaces
en magasin
- Fermeture des magasins le week-end toutes les
deux semaines pour un nettoyage en profondeur et
pour permettre au personnel de se reposer du
stress de travailler dans des conditions de
pandémie dangereuses
- Réduire les heures et limiter les heures
d'ouverture pour éviter la fatigue des
travailleurs
- Grandes campagnes d'éducation du public et
application de la distanciation sociale dans les
magasins, avec des pénalités pour réaliser les
choses suivantes :
- les emplettes à l'épicerie une fois par
semaine seulement, avec un seul acheteur par
ménage
- le respect de la sécurité des travailleurs qui
servent la clientèle dans ces circonstances
difficiles
- une distanciation sociale appropriée et
maintenue en tout temps dans le magasin
- des heures spéciales pour les clients à
risque, y compris les employés du magasin, les
personnes âgées, les personnes handicapées,
celles dont le système immunitaire est
compromis, les femmes enceintes, les femmes qui
ont récemment accouché, les travailleurs
essentiels et les travailleurs ayant des
responsabilités familiales, tels que les parents
seuls
- Un système de contrôle de la température
efficace et approprié qui tient compte des
problèmes de confidentialité individuelle
- L'application des dispositions ci-dessus avec
des contrôles ponctuels quotidiens et non annoncés
par des fonctionnaires provinciaux.
Des millions d'Albertains fréquentent
régulièrement les épiceries - certains pour la
première fois de leur vie - car les restaurants
sont pratiquement tous fermés. En raison de cette
forte augmentation des achats en épicerie, les
magasins d'alimentation au détail enregistrent des
bénéfices records. On ne peut pas les laisser se
réglementer si nous voulons vraiment sauver des
vies ; le gouvernement doit intervenir et
réglementer ces lieux de travail.
Dispositions spécifiques à la transformation et
à la fabrication des aliments
Les lieux de
travail dans l'industrie de la transformation des
aliments sont certains des derniers sites de
travail de la province où les rassemblements de
masse de personnes en étroite proximité sont
toujours autorisés. De par leur conception, les
usines de transformation des aliments comprennent
une proximité sociale étroite des travailleurs
pour maximiser l'efficacité. La distanciation est
très difficile dans ces lieux de travail, et une
attention particulière est requise pour assurer la
sécurité dans cette industrie. Par conséquent, ces
travailleurs devraient avoir les garanties
minimales suivantes :
- application active par les représentants du
gouvernement de la distanciation sociale sur les
planchers de production et tous les endroits où
les employés interagissent (salles à manger,
vestiaires, toilettes, couloirs, etc.),
garantissant ainsi que les travailleurs sont
capables de travailler à deux mètres (6,5 pieds)
l'un de l'autre tout au long de leur journée de
travail. Cela devrait comprendre :
- modifications de la conception des postes de
travail telles que l'installation de Perspex, de
plexiglas ou d'un matériau similaire pour
protéger les travailleurs contre les infections
potentielles les uns des autres
- vitesse réduite et espacement des lignes de
production, heures de début décalées,
réorganisation du travail et vitesse des lignes
réduites, et espacement accru des lignes afin
que les pratiques de distanciation sociale
puissent être respectées. Cet objectif doit être
atteint sans éliminer aucun poste et les
décisions concernant les quarts de travail, les
accords de travail partagé et les heures
supplémentaires doivent impliquer le syndicat
- prendre des dispositions pour voyager en toute
sécurité vers et depuis le lieu de travail afin
de minimiser le risque d'exposition à la
COVID-19
- ÉPI obligatoire fourni à tous les employés,
bien que cela ne doit pas remplacer un espacement
approprié entre les travailleurs
- Fourniture de stations de lavage et de
désinfection adéquates des mains et augmentation
du nombre de pauses pour que le lavage devienne
une partie plus courante du travail
- Un système de contrôle de la température
efficace et approprié qui tient compte des
problèmes de confidentialité individuelle
- Examen de dépistage, port du masque et strict
lavage des mains requis de tous ceux qui
fréquentent les sites de l'employeur, y compris
les propriétaires, les gestionnaires, les
entrepreneurs et tout autre tiers présent sur le
site
- Affichage de tous les protocoles de travail liés
à la COVID-19 sur des panneaux d'affichage dans
des langues que tous les travailleurs peuvent
comprendre et maintien d'une communication
régulière
- Application des dispositions ci-dessus avec des
contrôles ponctuels quotidiens et inopinés par des
fonctionnaires.
[...]
Laisser le secteur privé se réglementer, c'est
comme demander au renard de protéger le
poulailler. C'est pourquoi nous demandons à
nouveau une réunion avec des responsables de la
Santé publique et des législateurs dotés d'une
autorité appropriée et compétente pour établir
rapidement des règlements clairs et exécutoires
afin d'assurer la santé, la sécurité et la
sécurité financière des travailleurs de l'Alberta.
[...]
... il est temps de passer des mots aux actions
concrètes.
[...]
Tom Hesse, président
Section locale 401 du Syndicat des
Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce
(Pour le texte complet de la lettre en anglais,
cliquer ici.)
Cet article est paru dans
Numéro 26 - 27 avril 2020
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