Les travailleurs assument la responsabilité des conditions
de travail pendant la pandémie

Le Jour de deuil national et la COVID-19


À quelques jours du 28 avril, Jour de deuil national pour les travailleurs tués au travail, un nuage encore plus sombre pèsera sur la cérémonie lorsque nous commémorerons les travailleurs tués au cours de la dernière année.

Le monument de l'ONA à Toronto qui rend hommage aux infirmières qui sont mortes en soignant des patients atteints lors de l'épidémie du SRAS en 2003.

En raison de la pandémie de la COVID-19, il faudra ajouter à la liste de cette année les travailleurs de première ligne qui ont mis leur vie en péril pour faire en sorte que la société ne soit pas totalement paralysée. Alors que nous pensons d'abord aux médecins, aux infirmières, aux paramédics, aux pompiers et aux policiers quand il est question de la première ligne de défense, les chauffeurs d'autobus, les chauffeurs de taxi, les camionneurs, les préposés aux services de soutien à la personne, les travailleurs sociaux et les gens qui travaillent avec les itinérants sont tous des victimes potentielles du virus de la COVID-19. Même nos travailleurs d'épicerie ou la personne qui vous sert votre tasse de café matinale sont à risque d'être infectés par le virus. Il y a une multitude de héros méconnus trop nombreux pour que nous puissions tous les nommer, mais nous ne les oublierons pas lorsque nous nous arrêterons le 28 avril pour commémorer ceux et celles qui sont tombés pendant cette période de crise.

Nous avons entendu nos politiciens nous dire que nous sommes en guerre contre cette pandémie et pourtant nos soldats de première ligne ont été mal équipés pour lutter contre cet ennemi. Plusieurs d'entre nous restons à la maison en espérant que le virus ne viendra pas frapper à notre porte ou toucher un être cher tandis que certains, dans leur égoïsme, se pensent intouchables. Ce sera une dure leçon si la maladie frappe quelqu'un qui n'aura pas pris le problème au sérieux.

Cette pandémie a mis en lumière les nombreuses failles de notre infrastructure et à quel point notre système économique est fragile. Dans le cadre de leur privatisation, plusieurs de nos importants systèmes gérés publiquement ont été négligés ou déréglementés par le motif du profit qui les domine maintenant, à nos risques et périls.

Le sous-financement de notre système de santé n'a jamais été aussi évident. Un système de santé sain et mu par la compassion et non le gain et le profit devrait être l'objectif de tous les gouvernements alors que nous essayons de maîtriser cette pandémie.

Maintenant que nous tentons d'éduquer nos enfants à la maison, nous nous rendons compte à quel point les enseignants sont importants et de la nécessité d'un système d'éducation public robuste. À quoi ressemblera une salle de classe de 29 élèves dans la période post-pandémique ? Le manque de ressources disponibles pour les parents, pour même débuter l'enseignement à domicile, a été révélé lui aussi.

Les travailleurs qui vivent chaque jour de l'économie à la demande, qui ont de la difficulté à gagner un salaire décent, sont ceux qui nettoient les hôpitaux ou les banques. Tout à coup, les travailleurs étrangers qui viennent au pays cueillir nos fruits et travailler dans les fermes qui nous nourrissent sont devenus importants. Et pourtant, ils ne sont pas appréciés et ne reçoivent même pas un salaire décent. « D'abord les profits, ensuite les travailleurs » semble être la devise de l'idéologie néolibérale.

Qu'arrivera-t-il une fois la pandémie résolue ? Allons-nous retourner à nos vies routinières et oublier les sacrifices que nous avons consentis pendant que les politiciens retournent à leurs idéologies partisanes ? Nous, les travailleurs et le peuple de cette société, devons exiger une reddition de comptes de ces politiciens et les forcer à nous écouter dans ce monde postpandémique peu importe quand il arrivera. Malheureusement, je pense que nous allons tous retourner à nos querelles partisanes sur qui détient la meilleure idéologie et sur comment avancer.

Nous ne pouvons pas laisser cela se produire et tous les partis politiques doivent repenser la société en tant qu'ensemble et non pas en fonction de quelques-uns.

Le système d'indemnisation des travailleurs doit être revu et rendu conforme à l'entente centenaire en vertu de laquelle les travailleurs ont cédé leur droit de poursuivre l'employeur lorsque blessés au travail en échange d'une indemnisation tout au long de leur période de rétablissement. Je pose la question : qu'a fait la Commission ontarienne de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) au cours de cette pandémie ? Elle s'est assurée que les employeurs aient ce qu'ils voulaient, mais a ignoré nos appels à l'aide.

Plusieurs travailleurs seront infectés par la COVID-19 et devront faire une demande d'indemnisation en raison de la maladie. Les familles des travailleurs tués par le virus de la COVID-19 doivent aussi être indemnisées et recevoir de l'aide de notre système d'indemnisation.

C'est pourquoi la Commission devrait de nouveau s'appeler la Commission d'indemnisation des travailleurs, un nom qui reflète sa véritable raison d'être. Le système doit demeurer un système public afin qu'il honore cet important mandat de veiller au bien-être des travailleurs accidentés.

À l'occasion du 28 avril, Jour de deuil national, n'oublions pas les travailleurs qui auront fait l'ultime sacrifice, ni aucun travailleur par ailleurs, puisque nous sommes tous des soldats de l'industrie et que, sans notre travail, la société s'écroulerait. Cela n'a jamais été aussi évident que pendant cette crise.

Que ceux qui sont au pouvoir pensent à la société comme étant un collectif et au fait que nous sommes tous dans le même bateau. Et lorsque nous émergerons de cette crise, travaillons ensemble à une société qui soutient les droits de tous.

(Photos : FO,OFL,ONA)


Cet article est paru dans

Numéro 24 - 23 avril 2020

Lien de l'article:
Les travailleurs assument la responsabilité des conditions : Le Jour de deuil national et la COVID-19 - Peter Page, Groupe des travailleurs accidentés du district de Hamilton


    

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