Le droit à l'éducation pendant la
pandémie
Les enseignants et les travailleurs de l'éducation démêlent la situation
- Laura Chesnik -
Les enseignants et les travailleurs de
l'éducation
partout au Canada, comme ailleurs dans le monde,
ont été propulsés dans
un nouvel environnement avec la fermeture des
écoles pour endiguer la
propagation de la COVID-19. Les classes en ligne
sont maintenant
devenues la norme pour tous les niveaux scolaires.
Un des gros
problèmes est que les enseignants et les
travailleurs de l'éducation
veulent trouver comment affirmer le droit à
l'éducation dans le
contexte actuel, mais sont confrontés au fait
qu'ils n'ont pas
véritablement voix au chapitre sur la façon dont
les choses se passent.
On leur demande de faire preuve de flexibilité et
d'accommodement, ce
qui veut dire en pratique ne pas parler des
problèmes qui existent,
sinon se contenter de réagir à ce que décident les
conseils scolaires
et les gouvernements provinciaux. Les enseignants
et les travailleurs
de l'éducation ont prouvé qu'ils sont très
flexibles et accommodants
quand il s'agit de veiller à ce que les étudiants
reçoivent l'éducation
dont ils ont besoin. Or, cela ne doit pas vouloir
dire accepter les
mesures qui portent atteinte à leurs propres
conditions de travail qui
sont, comme ils le savent, les conditions
d'apprentissage des étudiants.
C'est tout un défi
en ce moment de
pouvoir discuter de ce qui se passe. Entre autres,
nous devons avoir
notre propre perspective pour ne pas être
submergés par l'accent
disproportionné mis sur la technologie et les
entreprises informatiques
qui rivalisent pour obtenir les contrats de
livraison des services
d'éducation en ligne et qui espèrent sortir
gagnantes de la situation.
Chaque province, et même chaque conseil scolaire,
a recours à un
système différent, avec comme conséquence qu'il
n'existe aucune
approche commune et personne n'a l'intention d'en
établir une. D'une
école à l'autre, les approches diffèrent. Il y a
aussi les nombreuses
applications numériques en éducation - qui sont
maintenant gratuites
dans plusieurs cas - et les entreprises bousculent
tout le monde pour
imposer leurs systèmes et en sortir gagnantes.
Un problème majeur pour les enseignants et les
travailleurs de
l'éducation est comment s'assurer qu'on ne laisse
pas s'échapper dans
les mailles du filet les jeunes ayant des besoins
spéciaux en classe ou
ceux qui ont des défis personnels dans ces
circonstances où les
ressources nécessaires ne sont pas au rendez-vous.
La réalité est que
le passage soudain à l'apprentissage en ligne,
sans plan centralisé
pour garantir que tous les élèves, enseignants et
travailleurs de
l'éducation disposent des infrastructures dont ils
ont besoin pour
participer pleinement au processus, a été dans une
grande mesure laissé
à l'initiative individuelle et au hasard. Lorsque
les gouvernements ont
annoncé la fermeture des écoles, rien n'a été fait
pour garantir que
toutes les familles disposent de l'équipement
nécessaire, en quantité
nécessaire, et d'un savoir-faire technologique
adéquat pour naviguer
dans ce nouveau type de « salle de classe ».
C'est sans compter le
soutien nécessaire pour les défis personnels ou
les situations
financières difficiles, surtout quand on sait que
les choses de base
faisaient déjà énormément défaut avant la
fermeture des écoles.
Les élèves de 12e année se sont retrouvés
confrontés à beaucoup de défis au cours de leur
année de fin d'études
secondaires. Les universités de l'Ontario, par
exemple, continuent
d'exiger des notes de mi-parcours d'ici le 20
avril pour évaluer
les offres pour une première admission. Cependant,
il s'agit d'une
demande irréaliste, étant donné que les notes ne
refléteraient que le
travail en classe effectué jusqu'au 13 mars.
Les élèves et les
éducateurs sont préoccupés par le fait que la
situation actuelle
accentuera les inégalités et fera en sorte que les
étudiants ayant plus
de ressources et de soutien auront de meilleures
chances d'entrer à
l'université de leur choix. Comment affirmer le
droit à l'éducation
dans ces circonstances n'est pas si simple. Les
étudiants devraient-ils
recevoir une note de passage ? Comment cela
affectera-t-il l'accès
à l'enseignement postsecondaire ?
Le point de départ pour régler ces problèmes doit
être
que l'éducation est un droit et non une
compétition qui divise la
société. Des investissements sont nécessaires pour
s'assurer que tous
les jeunes continuent de progresser dans leurs
études et obtiennent la
formation dont ils ont besoin pour faire une
contribution à la société.
Tout d'abord, cela signifie des investissements
pour former plus
d'enseignants et de travailleurs de l'éducation
pour appuyer le système
en tant qu'enseignants, tuteurs, aides enseignants
et autres qui
fournissent un soutien spécialisé aux élèves ayant
des besoins élevés
afin que tout le monde puisse être appuyé dans les
circonstances. Cela
signifie également que les enseignants et les
travailleurs de
l'éducation prennent en main de proposer des
solutions qui défendent en
pratique le droit à l'éducation.
Cet article est paru dans
Numéro 22 - 17 avril 2020
Lien de l'article:
Le droit à l'éducation pendant la
pandémie: Les enseignants et les travailleurs de l'éducation démêlent la situation - Laura Chesnik
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