Le droit à l'éducation pendant la pandémie

Les enseignants et les travailleurs de l'éducation démêlent la situation

Les enseignants et les travailleurs de l'éducation partout au Canada, comme ailleurs dans le monde, ont été propulsés dans un nouvel environnement avec la fermeture des écoles pour endiguer la propagation de la COVID-19. Les classes en ligne sont maintenant devenues la norme pour tous les niveaux scolaires. Un des gros problèmes est que les enseignants et les travailleurs de l'éducation veulent trouver comment affirmer le droit à l'éducation dans le contexte actuel, mais sont confrontés au fait qu'ils n'ont pas véritablement voix au chapitre sur la façon dont les choses se passent. On leur demande de faire preuve de flexibilité et d'accommodement, ce qui veut dire en pratique ne pas parler des problèmes qui existent, sinon se contenter de réagir à ce que décident les conseils scolaires et les gouvernements provinciaux. Les enseignants et les travailleurs de l'éducation ont prouvé qu'ils sont très flexibles et accommodants quand il s'agit de veiller à ce que les étudiants reçoivent l'éducation dont ils ont besoin. Or, cela ne doit pas vouloir dire accepter les mesures qui portent atteinte à leurs propres conditions de travail qui sont, comme ils le savent, les conditions d'apprentissage des étudiants.

C'est tout un défi en ce moment de pouvoir discuter de ce qui se passe. Entre autres, nous devons avoir notre propre perspective pour ne pas être submergés par l'accent disproportionné mis sur la technologie et les entreprises informatiques qui rivalisent pour obtenir les contrats de livraison des services d'éducation en ligne et qui espèrent sortir gagnantes de la situation. Chaque province, et même chaque conseil scolaire, a recours à un système différent, avec comme conséquence qu'il n'existe aucune approche commune et personne n'a l'intention d'en établir une. D'une école à l'autre, les approches diffèrent. Il y a aussi les nombreuses applications numériques en éducation - qui sont maintenant gratuites dans plusieurs cas - et les entreprises bousculent tout le monde pour imposer leurs systèmes et en sortir gagnantes.


Un problème majeur pour les enseignants et les travailleurs de l'éducation est comment s'assurer qu'on ne laisse pas s'échapper dans les mailles du filet les jeunes ayant des besoins spéciaux en classe ou ceux qui ont des défis personnels dans ces circonstances où les ressources nécessaires ne sont pas au rendez-vous. La réalité est que le passage soudain à l'apprentissage en ligne, sans plan centralisé pour garantir que tous les élèves, enseignants et travailleurs de l'éducation disposent des infrastructures dont ils ont besoin pour participer pleinement au processus, a été dans une grande mesure laissé à l'initiative individuelle et au hasard. Lorsque les gouvernements ont annoncé la fermeture des écoles, rien n'a été fait pour garantir que toutes les familles disposent de l'équipement nécessaire, en quantité nécessaire, et d'un savoir-faire technologique adéquat pour naviguer dans ce nouveau type de « salle de classe ». C'est sans compter le soutien nécessaire pour les défis personnels ou les situations financières difficiles, surtout quand on sait que les choses de base faisaient déjà énormément défaut avant la fermeture des écoles.

Les élèves de 12e année se sont retrouvés confrontés à beaucoup de défis au cours de leur année de fin d'études secondaires. Les universités de l'Ontario, par exemple, continuent d'exiger des notes de mi-parcours d'ici le 20 avril pour évaluer les offres pour une première admission. Cependant, il s'agit d'une demande irréaliste, étant donné que les notes ne refléteraient que le travail en classe effectué jusqu'au 13 mars. Les élèves et les éducateurs sont préoccupés par le fait que la situation actuelle accentuera les inégalités et fera en sorte que les étudiants ayant plus de ressources et de soutien auront de meilleures chances d'entrer à l'université de leur choix. Comment affirmer le droit à l'éducation dans ces circonstances n'est pas si simple. Les étudiants devraient-ils recevoir une note de passage ? Comment cela affectera-t-il l'accès à l'enseignement postsecondaire ?

Le point de départ pour régler ces problèmes doit être que l'éducation est un droit et non une compétition qui divise la société. Des investissements sont nécessaires pour s'assurer que tous les jeunes continuent de progresser dans leurs études et obtiennent la formation dont ils ont besoin pour faire une contribution à la société. Tout d'abord, cela signifie des investissements pour former plus d'enseignants et de travailleurs de l'éducation pour appuyer le système en tant qu'enseignants, tuteurs, aides enseignants et autres qui fournissent un soutien spécialisé aux élèves ayant des besoins élevés afin que tout le monde puisse être appuyé dans les circonstances. Cela signifie également que les enseignants et les travailleurs de l'éducation prennent en main de proposer des solutions qui défendent en pratique le droit à l'éducation.


Cet article est paru dans

Numéro 22 - 17 avril 2020

Lien de l'article:
Le droit à l'éducation pendant la pandémie: Les enseignants et les travailleurs de l'éducation démêlent la situation - Laura Chesnik


    

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