Réouverture partielle des
chantiers de construction résidentielle au Québec
Les travailleurs intensifient la lutte pour des conditions de travail adéquates
- Pierre Chénier -
Le 13 avril, le gouvernement du Québec a
annoncé la réouverture partielle des chantiers
domiciliaires à partir du 20 avril. Il s'agit
des sites pour les unités résidentielles qui
doivent être livrées d'ici le 31 juillet. Les
chantiers de construction au Québec sont fermés
depuis le 24 mars.
Selon le ministre du Travail du Québec, le
travail qui a été fait pendant la fermeture des
chantiers par le comité Chantiers COVID-19, qui a
été mis sur pied par la Commission des normes, de
l'équité, de la santé et de la sécurité du travail
(CNESST), doit nous rendre confiants que la
réouverture de la construction résidentielle, et
éventuellement de tous les chantiers de
construction, sera faite de manière sécuritaire
pour les travailleurs de la construction.
Un
coup d'oeil même rapide sur le guide produit par
le comité révèle que les affirmations du ministre
du Travail sont fausses. Il est outrageant qu'en
ce qui concerne les installations sanitaires, le
guide mentionne que « pour les chantiers de moins
de 25 travailleurs, une toilette chimique
peut être utilisée ». Entre autres choses,
une toilette chimique n'a ni eau courante ni savon
pour que les travailleurs puissent se laver les
mains. La plupart des chantiers de construction
résidentielle au Québec ont moins de 25
travailleurs. Cette mesure est imposée aux
travailleurs de la construction alors que
l'Organisation mondiale de la santé souligne qu'un
lavage fréquent et complet des mains avec eau et
savon est une mesure clé pour freiner la
propagation de la COVID-19 et que le gouvernement
du Québec a décrété un état d'urgence sanitaire.
Tout cela n'a pas convaincu le gouvernement du
Québec de fournir aux travailleurs de la
construction des mesures sanitaires de base comme
condition sine qua non de la réouverture
des chantiers de construction.
Cela fait des dizaines d'années que les
travailleurs de la construction mènent une lutte
d'arrache-pied pour des choses aussi élémentaires
que des installations sanitaires adéquates sur
tous les chantiers. Le gouvernement a choisi
délibérément d'imposer le statu quo aux
travailleurs de la construction en pleine
situation de crise et de cacher cela par des
phrases qui sonnent bien, au lieu de satisfaire
une fois pour toutes les revendications légitimes
des travailleurs de la construction en résolvant
ce problème qui traîne depuis si longtemps. Il
n'est même pas venu à l'idée du gouvernement de
satisfaire la demande que font les travailleurs de
la construction depuis longtemps d'avoir des
représentants à la prévention sur tous les
chantiers de construction. Les représentants à la
prévention passeraient tout leur temps sur les
chantiers à faire en sorte qu'une prévention
adéquate est faite, à indiquer les violations des
normes de santé et sécurité et à proposer des
correctifs immédiats. Ils seraient d'une immense
valeur pendant la pandémie où les dangers à la
santé et la sécurité sont grandement multipliés.
Le gouvernement considère encore que les
travailleurs de la construction n'ont pas de
droits et qu'ils sont essentiellement des fauteurs
de trouble qui entravent la réalisation du profit
par des intérêts privés étroits. Les travailleurs
de la construction produisent une immense valeur
pour la société et leurs réclamations et leurs
droits doivent être soutenus, y compris le droit
d'avoir un mot à dire décisif dans la
détermination de leurs conditions de travail. La
crise de la COVID-19 n'a pas changé la position
fondamentale antisociale de l'État et de l'élite
dominante envers les travailleurs de la
construction. C'est cette position hostile qui,
entre autres choses, a fait du secteur de la
construction le secteur le plus meurtrier de tous
les secteurs de l'économie du Québec, année après
année. La violation organisée par l'État des
droits des travailleurs de la construction doit
cesser et c'est maintenant que cela doit se faire.
Les travailleurs de la construction n'ont donc
d'autre choix que d'intensifier leur lutte à la
défense de leur santé et de leur sécurité, qui est
aussi notre santé et sécurité à tous. Ils vont
faire tout ce qu'ils peuvent pour se défendre et
se protéger et pour demander que les autorités
assument leurs responsabilités et garantissent
leurs droits. Ils vont le faire dans des
conditions difficiles et ils ont besoin de l'appui
entier de tous les travailleurs et de bâtir une
opinion publique qui appuie leurs demandes
d'obtenir tout ce dont ils ont besoin pour que les
activités de construction puissent se poursuivre
pendant la pandémie.
Assurons-nous d'appuyer et de populariser leurs
demandes devant le tribunal de l'opinion publique
pour qu'il soit impossible à l'État et aux
entreprises de la construction de les isoler.
Cet article est paru dans
Numéro 21 - 16 avril 2020
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Réouverture partielle des
chantiers de construction résidentielle au Québec: Les travailleurs intensifient la lutte pour des conditions de travail adéquates - Pierre Chénier
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