Préoccupations des personnes handicapées pendant la COVID-19

Besoin immédiat d'action gouvernementale en appui aux personnes ayant une invalidité et en soins à domicile

Le gouvernement de la Colombie-Britannique a répondu à la crise qui sévissait dans les établissements de soins de longue durée avant la pandémie de la COVID-19 mais s'est retrouvé sous les feux des projecteurs en raison du nombre de ces établissements où la pandémie s'est déclarée et du taux élevé de mortalités dues à la COVID-19. Une ordonnance émise le 26 mars par l'Agent provincial de la santé stipule que les travailleurs ne doivent travailler que dans un seul établissement de soins de longue durée. Mais il faut davantage de mesures, y compris des garanties d'accès à l'équipement de protection individuelle, des services de garderie pour les travailleurs, etc., et ceux-ci et les syndicats de la santé continuent de lutter pour obtenir le nécessaire.

De toutes les mesures prises par les gouvernements provincial et fédéral, la situation extrêmement difficile des personnes ayant une invalidité et recevant des soins à domicile a été totalement négligée. En Colombie-Britannique, il n'y a pas de directive quant aux mesures requises pour la protection de la santé et du bien-être des travailleurs des soins à domicile ni des gens soignés. Le résultat est que partout dans la province, malgré la myriade de protocoles, certains travailleurs disent qu'ils n'ont reçu aucune instruction sur comment procéder pour assurer leur propre protection ou celle des patients dont les services sont fournis par les autorités de la santé publique ainsi que par les nombreuses agences qui fournissent des services à but lucratif.

En plus des gens qui reçoivent des soins à domicile par le biais des autorités de la santé ou d'agences privées, il y a plus de 1 200 personnes ayant une invalidité et d'un âge avancé qui reçoivent une allocation du gouvernement pour embaucher, former et gérer leurs fournisseurs de soins. Dans certains cas, l'individu soigné est l'employeur, et parfois c'est la famille de la personne soignée. Le programme d'allocation du gouvernement provincial est  Choix en appui à une vie autonome (CSIL). Plusieurs personnes ont besoin des services d'un préposé aux soins 24 heures sur 24 et dans la plupart des cas ils vont embaucher plusieurs préposés, lesquels travaillent pour plus d'un employeur dont, entre autres, les employeurs de CSIL, les agences, les autorités de la santé et les établissements de soins de longue durée. L'ordonnance qui a été émise par l'Agent provincial de la santé ne tient pas compte des travailleurs de soins à domicile ni des employeurs de CSIL, ce qui a créé une grande confusion. L'une des cinq autorités de la santé, Island Health, a fait parvenir une lettre aux employeurs de CSIL sur l'Île de Vancouver laissant entendre que l'ordonnance prévoyant  « un employeur unique » sur les établissements de soins de longue durée s'appliquera aussi aux employeurs et aux employés de CSIL. La lettre dit: « Island Health requiert de l'information sur votre personnel pour que nous puissions compiler les données et fixer un plan pour affecter le personnel à un seul site. [...] C'est l'information que nous vous demandons afin d'appuyer nos efforts visant à limiter et réduire la mobilité des travailleurs d'un site à l'autre au cours de la présente urgence de la santé publique et en raison des graves risques que les travailleurs pourraient courir en voyageant d'un site à l'autre s'ils ont été exposés à l'infection. » Ni l'Agent provincial de la santé ni aucune autre autorité de la santé n'a communiqué avec les employeurs de CSIL. Les travailleurs qui ont reçu la consigne de choisir « un site » s'ils travaillent dans les soins de longue durée ne savent pas s'ils pourront continuer de travailler dans les soins à domicile ou pour un employeur de CSIL s'ils choisissent un établissement de soins de longue durée comme leur « seul site ».

Il est inadmissible que le gouvernement provincial n'ait pas tenu compte des citoyens de la Colombie-Britannique ayant une invalidité, surtout ceux qui gèrent leurs propres soins, mais a plutôt laissé proliférer la désinformation et la mésinformation et n'a pas communiqué avec la Société du Centre de ressource d'allocation individualisée de la Colombie-Britannique (IFRC). Cette organisation a été mise sur pied par les employeurs de CSIL -- des individus et des familles de personnes ayant une invalidité et de personnes âgées qui reçoivent du financement de CSIL -- pour les aider à réussir  grâce au programme de CSIL et aux autres programmes de financement individualisé disponibles en Colombie-Britannique.

En ce moment, alors que la discussion se développe sur le rationnement des soins advenant que la pandémie fasse déborder encore plus le système de santé et sa capacité de fournir les soins nécessaires à tous, les personnes ayant une invalidité sonnent l'alarme. Les défenseurs de ces personnes, y compris les personnes ayant une invalidité, font valoir que même en temps dit « normal », la question de l'Aide médicale à mourir est soulevée auprès des personnes ayant une invalidité, alors que personne n'oserait soulever la question auprès de quiconque vivant une situation différente.

Un de ces défenseurs est Paul Gauthier, le directeur exécutif de l'IFRC. Dans une conversation avec Forum ouvrier au sujet du très réel danger auquel sont confrontées aujourd'hui les personnes ayant une invalidité, Paul a dit : « Je suis outré et consterné à chaque fois que dans le système on se met à parler si rapidement d'aide médicale à mourir. La plupart des personnes avec une invalidité qui choisissent l'aide médicale à mourir le font parce qu'elles ne reçoivent pas l'appui nécessaire et qu'elles ne veulent pas être un fardeau pour leur famille ni pour la société, et ce qui finit par se produire c'est que l'aide médicale à mourir devient la seule alternative. Je pense que de plus en plus de personnes commencent à utiliser cette option parce que le système ne fournit pas suffisamment d'heures de soutien à domicile pour que les gens puissent vivre, pas seulement pour se lever et se coucher le soir, mais aussi pour la qualité de vie dont ils ont besoin durant une journée.». Les Canadiens, pas seulement ceux qui ont une invalidité et leurs défenseurs, rejettent cette idée qu'un être humain puisse être un « fardeau » pour le système de santé, que certaines vies sont moins précieuses que d'autres et que certaines personnes sont dispensables. Les aînés, les adultes et les enfants avec des problèmes de santé chroniques et des handicaps physiques et de développement ont droit aux meilleurs soins de santé que la société puisse dispenser.

Le 28 mars, l'Association des employeurs de CSIL (ACE) a écrit au ministère de la Santé demandant que celui-ci :

1. Clarifie la situation et communique aux autorités de santé respectives et à la communauté de CSIL les répercussions et le contenu des ordonnances de notre agent provincial de la santé en lien avec les soins communautaires de la Colombie-Britannique ;

2. Habilite les individus du programme CSIL à embaucher immédiatement des membres de la famille pendant cette pandémie ;

3. Suspende provisoirement l'exigence d'obtenir l'autorisation préalable avant d'avoir recours à des agences pour trouver du personnel d'urgence ;

4. Veille à ce qu'il y ait suffisamment d'approvisionnements en équipement médical - masques, gants, désinfectant, produits de nettoyage - pour les employeurs de CSIL à risque élevé et leur personnel et que les dépenses pour ces approvisionnements et/ou équipements médicaux soient accessibles et suppléés d'allocations courantes ou supplémentaires de CSIL ;

5. Veille à ce que les employeurs de CSIL aient accès aux allocations supplémentaires des autorités de santé respectives pour gérer les situations urgentes d'embauchage par exemple lorsqu'un membre du personnel ne peut se présenter au travail ;

6. Veille à ce que les employeurs de CSIL puissent demander à leurs employés qui le veulent de les accompagner lorsqu'ils sont hospitalisés ;

7. Veille à ce que l'Association des employeurs de CSIL soit inclue dans tout processus décisionnel qui touche aux employeurs de CSIL ;

Le ministère de la Santé et les autorités de la santé doivent immédiatement mettre ces revendications en oeuvre.


Cet article est paru dans

Numéro 18 - 4 avril, 2020

Lien de l'article:
Préoccupations des personnes handicapées pendant la COVID-19: Besoin immédiat d'action gouvernementale en appui aux personnes ayant une invalidité et en soins à domicile - Barbara Biley


    

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