Préoccupations des personnes
handicapées pendant la COVID-19
Besoin immédiat d'action gouvernementale en appui aux personnes ayant une invalidité et en soins à domicile
- Barbara Biley -
Le gouvernement de la Colombie-Britannique a
répondu à la crise qui sévissait dans les
établissements de soins de longue durée avant la
pandémie de la COVID-19 mais s'est retrouvé sous
les feux des projecteurs en raison du nombre de
ces établissements où la pandémie s'est déclarée
et du taux élevé de mortalités dues à la COVID-19.
Une ordonnance émise le 26 mars par l'Agent
provincial de la santé stipule que les
travailleurs ne doivent travailler que dans un
seul établissement de soins de longue durée. Mais
il faut davantage de mesures, y compris des
garanties d'accès à l'équipement de protection
individuelle, des services de garderie pour les
travailleurs, etc., et ceux-ci et les syndicats de
la santé continuent de lutter pour obtenir le
nécessaire.
De toutes les mesures prises par les
gouvernements provincial et fédéral, la situation
extrêmement difficile des personnes ayant une
invalidité et recevant des soins à domicile a été
totalement négligée. En Colombie-Britannique, il
n'y a pas de directive quant aux mesures requises
pour la protection de la santé et du bien-être des
travailleurs des soins à domicile ni des gens
soignés. Le résultat est que partout dans la
province, malgré la myriade de protocoles,
certains travailleurs disent qu'ils n'ont reçu
aucune instruction sur comment procéder pour
assurer leur propre protection ou celle des
patients dont les services sont fournis par les
autorités de la santé publique ainsi que par les
nombreuses agences qui fournissent des services à
but lucratif.
En plus des
gens qui reçoivent des soins à domicile par le
biais des autorités de la santé ou d'agences
privées, il y a plus de 1 200 personnes
ayant une invalidité et d'un âge avancé qui
reçoivent une allocation du gouvernement pour
embaucher, former et gérer leurs fournisseurs de
soins. Dans certains cas, l'individu soigné est
l'employeur, et parfois c'est la famille de la
personne soignée. Le programme d'allocation du
gouvernement provincial est Choix en appui à
une vie autonome (CSIL). Plusieurs personnes ont
besoin des services d'un préposé aux soins 24
heures sur 24 et dans la plupart des cas ils
vont embaucher plusieurs préposés, lesquels
travaillent pour plus d'un employeur dont, entre
autres, les employeurs de CSIL, les agences, les
autorités de la santé et les établissements de
soins de longue durée. L'ordonnance qui a été
émise par l'Agent provincial de la santé ne tient
pas compte des travailleurs de soins à domicile ni
des employeurs de CSIL, ce qui a créé une grande
confusion. L'une des cinq autorités de la santé,
Island Health, a fait parvenir une lettre aux
employeurs de CSIL sur l'Île de Vancouver laissant
entendre que l'ordonnance prévoyant « un
employeur unique » sur les établissements de
soins de longue durée s'appliquera aussi aux
employeurs et aux employés de CSIL. La lettre dit:
« Island Health requiert de l'information sur
votre personnel pour que nous puissions compiler
les données et fixer un plan pour affecter le
personnel à un seul site. [...] C'est
l'information que nous vous demandons afin
d'appuyer nos efforts visant à limiter et réduire
la mobilité des travailleurs d'un site à l'autre
au cours de la présente urgence de la santé
publique et en raison des graves risques que les
travailleurs pourraient courir en voyageant d'un
site à l'autre s'ils ont été exposés à
l'infection. » Ni l'Agent provincial de la
santé ni aucune autre autorité de la santé n'a
communiqué avec les employeurs de CSIL. Les
travailleurs qui ont reçu la consigne de choisir «
un site » s'ils travaillent dans les soins de
longue durée ne savent pas s'ils pourront
continuer de travailler dans les soins à domicile
ou pour un employeur de CSIL s'ils choisissent un
établissement de soins de longue durée comme leur
« seul site ».
Il est inadmissible que le gouvernement
provincial n'ait pas tenu compte des citoyens de
la Colombie-Britannique ayant une invalidité,
surtout ceux qui gèrent leurs propres soins, mais
a plutôt laissé proliférer la désinformation et la
mésinformation et n'a pas communiqué avec la
Société du Centre de ressource d'allocation
individualisée de la Colombie-Britannique (IFRC).
Cette organisation a été mise sur pied par les
employeurs de CSIL -- des individus et des
familles de personnes ayant une invalidité et de
personnes âgées qui reçoivent du financement de
CSIL -- pour les aider à réussir grâce au
programme de CSIL et aux autres programmes de
financement individualisé disponibles en
Colombie-Britannique.
En ce moment, alors que la discussion se
développe sur le rationnement des soins advenant
que la pandémie fasse déborder encore plus le
système de santé et sa capacité de fournir les
soins nécessaires à tous, les personnes ayant une
invalidité sonnent l'alarme. Les défenseurs de ces
personnes, y compris les personnes ayant une
invalidité, font valoir que même en temps dit «
normal », la question de l'Aide médicale à
mourir est soulevée auprès des personnes ayant une
invalidité, alors que personne n'oserait soulever
la question auprès de quiconque vivant une
situation différente.
Un de ces défenseurs est Paul Gauthier, le
directeur exécutif de l'IFRC. Dans une
conversation avec Forum ouvrier au sujet
du très réel danger auquel sont confrontées
aujourd'hui les personnes ayant une invalidité,
Paul a dit : « Je suis outré et consterné à
chaque fois que dans le système on se met à parler
si rapidement d'aide médicale à mourir. La plupart
des personnes avec une invalidité qui choisissent
l'aide médicale à mourir le font parce qu'elles ne
reçoivent pas l'appui nécessaire et qu'elles ne
veulent pas être un fardeau pour leur famille ni
pour la société, et ce qui finit par se produire
c'est que l'aide médicale à mourir devient la
seule alternative. Je pense que de plus en plus de
personnes commencent à utiliser cette option parce
que le système ne fournit pas suffisamment
d'heures de soutien à domicile pour que les gens
puissent vivre, pas seulement pour se lever et se
coucher le soir, mais aussi pour la qualité de vie
dont ils ont besoin durant une journée.». Les
Canadiens, pas seulement ceux qui ont une
invalidité et leurs défenseurs, rejettent cette
idée qu'un être humain puisse être un «
fardeau » pour le système de santé, que
certaines vies sont moins précieuses que d'autres
et que certaines personnes sont dispensables. Les
aînés, les adultes et les enfants avec des
problèmes de santé chroniques et des handicaps
physiques et de développement ont droit aux
meilleurs soins de santé que la société puisse
dispenser.
Le 28 mars, l'Association des employeurs de
CSIL (ACE) a écrit au ministère de la Santé
demandant que celui-ci :
1. Clarifie la situation et communique aux
autorités de santé respectives et à la communauté
de CSIL les répercussions et le contenu des
ordonnances de notre agent provincial de la santé
en lien avec les soins communautaires de la
Colombie-Britannique ;
2. Habilite les individus du programme CSIL à
embaucher immédiatement des membres de la famille
pendant cette pandémie ;
3. Suspende provisoirement l'exigence d'obtenir
l'autorisation préalable avant d'avoir recours à
des agences pour trouver du personnel
d'urgence ;
4. Veille à ce qu'il y ait suffisamment
d'approvisionnements en équipement médical -
masques, gants, désinfectant, produits de
nettoyage - pour les employeurs de CSIL à risque
élevé et leur personnel et que les dépenses pour
ces approvisionnements et/ou équipements médicaux
soient accessibles et suppléés d'allocations
courantes ou supplémentaires de CSIL ;
5. Veille à ce que les employeurs de CSIL aient
accès aux allocations supplémentaires des
autorités de santé respectives pour gérer les
situations urgentes d'embauchage par exemple
lorsqu'un membre du personnel ne peut se présenter
au travail ;
6. Veille à ce que les employeurs de CSIL
puissent demander à leurs employés qui le veulent
de les accompagner lorsqu'ils sont
hospitalisés ;
7. Veille à ce que l'Association des employeurs
de CSIL soit inclue dans tout processus
décisionnel qui touche aux employeurs de
CSIL ;
Le ministère de la Santé et les autorités de la
santé doivent immédiatement mettre ces
revendications en oeuvre.
Cet article est paru dans
Numéro 18 - 4 avril, 2020
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