Les syndicats demandent au gouvernement de renverser sa décision de mettre à pied les travailleurs en éducation

Le président du syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) de l'Alberta, Rory Gill, estime que jusqu'à 20 000 employés pourraient perdre leur emploi à la suite de l'annonce que le gouvernement provincial retire le financement pour les enseignants suppléants et le personne de soutien, de même que pour les aides-enseignants, à l'échelle de tous les conseils scolaires de l'Alberta pendant les deux derniers mois de l'année scolaire 2019-2020. Gill a qualifié cette décision de cruelle et irréfléchie. « Par une annonce surprise un samedi après-midi, où les détails manquent, le gouvernement de Kenney vient de licencier des milliers de personnes qui s'occupent de nos enfants et les éduquent  », a-t-il dit. Il a souligné que les aides-enseignants pourraient devoir chercher un emploi ailleurs. « Vous ne pouvez pas simplement mettre à pied des milliers d'aides-enseignants et vous attendre à ce qu'ils retournent tous à l'automne dans le réseau », a déclaré Gill. « Ça va entraîner un exode massif des cerveaux. »

Depuis le 13 mars, date de la fermeture des écoles, le personnel de soutien a appuyé activement les élèves, en aidant aux nombreuses tâches administratives associées à la décision soudaine de fermer les écoles, ainsi qu'en établissant des liens avec les élèves avec lesquels ils ont établi des relations au cours de l'année scolaire ainsi que pendant les années passées dans certains cas.

Le président de l'Association des enseignants de l'Alberta, Jason Schilling, a dit que « Les aides-enseignants et les autres membres du personnel qui travaillent dans les écoles sont vraiment essentiels en ce moment car ils fournissent un soutien aux élèves et aux enseignants, et en fin de compte aux parents, pour la prestation des services éducationnels. Nous avons un tas d'enfants qui n'ont pas accès à la technologie et donc les aides-enseignants et les autres membres du personnel de l'école fournissent un soutien à ces élèves » , a-t-il dit.

John Vradenburgh, le président de la section locale 474 du SCFP, qui représente le personnel d'entretien dans le réseau des écoles publiques d'Edmonton, a dit à Forum ouvrier  : « Nous ne connaissons pas les détails en ce qui concerne notre personnel en ce moment. Le gouvernement comprend qu'il serait prudent de demander au personnel de soutien d'aider, avec une nouvelle méthode non testée de prestation à distance des services éducationnels, et pourtant, sous le couvert d'une pandémie, ils poursuivent leur plan global de démanteler les services publics. Pour l'instant, c'est le secteur de l'éducation qui est visé. Avec un préavis de 15 minutes aux commissions scolaires et dans un communiqué de presse public le samedi, ce gouvernement a montré le peu de considération qu'il a pour les travailleurs et notre système d'éducation publique. Tout économiste dira que les gens qui travaillent sont le moteur de l'économie. Nous avons entendu des reportages au sujet de réductions de 128 millions de dollars dans la province, ce qui représente moins d'un quart d'un pour cent des dépenses annuelles du gouvernement de l'Alberta, mais cela affectera très profondément tant de personnes dans une situation de pandémie. »

Vradenburgh a souligné que le gouvernement a raté une occasion de procéder à un nettoyage des écoles plus en profondeur que ce qui a été fait depuis longtemps, et qu'en tout état de cause, la réponse à une pandémie nécessitera plus de temps pour nettoyer les écoles, pas moins.

Wilma Ellenburgh, présidente de la section locale 52A d'Unifor qui représente le personnel de soutien en éducation dans les réseau des écoles catholiques d'Edmonton a dit à Forum ouvrier  : « Cette décision du gouvernement de Kenney de retirer des fonds montre qu'il n'a pas considéré l'impact que cela aura sur les élèves, les familles et les Albertains qui les appuient. Les aides-enseignants auraient continué à travailler jusqu'à la fin de l'année scolaire, afin que les enfants qui ont des besoins spéciaux puissent continuer leur école, comme le font les autres enfants.

« Il y a deux semaines, nous étions prêts à faire travailler les membres jusqu'à la fin du mois de juin, conformément à l'avis de la ministre de l'Éducation. On m'a demandé de former un groupe ad hoc pour réfléchir à la manière dont les aides-enseignants pourraient apporter un soutien à domicile aux étudiants. Il incombera désormais au personnel certifié de veiller à ce que le programme scolaire soit dispensé à tous les élèves. Cependant, il est important de se rappeler que bon nombre de ces élèves ayant des besoins spéciaux comptent sur l'aide-enseignant avec lequel ils travaillent et à qui ils se confient. La relation est très différente de celle avec l'enseignant. Je n'arrive pas à comprendre comment les conseils scolaires vont gérer cela. Lors de la prochaine année scolaire, il y aura probablement une forte réduction du financement.

Le président de l'Association des enseignants de l'Alberta a dit que « le gouvernement de l'Alberta a raté une occasion de faire preuve de leadership pendant une crise en faisant en sorte que des milliers d'Albertains aient un revenu continu en cette période très stressante ». Schilling a déclaré qu'en plus de quelque 20 000 employés de soutien, jusqu'à 6 000 enseignants suppléants seraient touchés.

« L'annonce d'aujourd'hui est très préoccupante. Les enseignants et les aides-enseignants travaillent en étroite collaboration pour faciliter l'apprentissage des élèves », a dit Schilling. « Leur travail était utilisé pour soutenir les étudiants qui ont besoin d'accommodements et ceux qui n'ont pas un accès adéquat à la technologie. Nous continuons de nous inquiéter de la façon dont les élèves ayant des besoins spéciaux seront soutenus pendant cette période ; de nombreux parents éprouvent des difficultés et ont besoin d'autant d'aide que possible. » Schilling a souligné que de nombreux enseignants suppléants travaillent presque à plein temps.

La commissaire du conseil scolaire d'Edmonton, Bridget Sterling, a tweeté la ministre de l'Éducation LaGrange : : « C'est incroyablement cruel. Le gouvernement fédéral a ordonné aux employeurs de garder autant que possible les personnes qui travaillent. Même votre gouvernement a demandé la même chose. Et pourtant, vous placez des milliers de travailleurs sur des programmes d'aide au moment où ils ont le plus besoin de leur gouvernement. »


Cet article est paru dans

Numéro 17 - 2 avril 2020

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