Des actions antiouvrières inacceptables des élites dirigeantes
- Pierre Chénier -
Forum ouvrier a reçu des rapports du
nord et du sud du Nouveau-Brunswick qui montrent
comment les élites dirigeantes de la province se
servent de la pandémie de la COVID-19 pour
intensifier leurs attaques contre la classe
ouvrière.
Les travailleurs du site d'enfouissement à
Allardville
Le 12 février, dans la
région de Chaleur dans le nord du
Nouveau-Brunswick, la Commission des services
régionaux de Chaleur (CSRC) a mis en
lockout 23 travailleurs du site
d'enfouissement d'Allardville. Ils sont membres de
la section locale 4193 du SCFP. Dès les
premiers jours du lockout, la CSRC a embauché des
scabs qui ont traversé la ligne de piquetage et a
même obtenu une injonction limitant le nombre de
piqueteurs à six en tout temps.
Face à cette attaque contre leurs droits, les
membres du SCFP et des supporters des 23
travailleurs en lockout ont informé la communauté
de leur lutte et ils ont reçu un très bon accueil.
Le 12 mars, la section locale 4193 du
SCFP a organisé un rassemblement à Belledune où la
communauté a exprimé son appui aux travailleurs en
lockout. Suite au rassemblement, le SCFP a
présenté au maire suppléant de Belledune une
pétition signée par 1 200 membres de la
communauté partout dans la région, exigeant la fin
du lockout.
Les travailleurs disent qu'avant la crise de la
pandémie ils avaient fait du porte-à-porte dans la
région pour expliquer la situation des
travailleurs d'enfouissement. Selon le SCFP, la
communauté a exprimé sa ferme opposition au
lockout, en particulier à l'embauche de scabs, que
les gens qualifient d'injuste car on se sert des
chômeurs de la région de façon méprisante pour
diviser le peuple et attaquer des secteurs
particuliers de travailleurs. La pétition est
disponible à ici.
Le 19 mars, suite à une directive du
gouvernement provincial sur l'urgence en vertu de
la pandémie, les travailleurs du site
d'enfouissement d'Allardville ont démantelé leurs
lignes de piquetage conformément à la consigne
d'éviter les rassemblements en raison de la crise
de la COVID-19. Tout de suite après la déclaration
d'urgence du Nouveau-Brunswick et le démantèlement
de la ligne de piquetage, la CSRC a publié un
nouvel avis sur son site web visant à engager plus
de briseurs de grève pour remplacer les postes des
membres de la section locale 4193 en lockout,
et cela à des salaires grandement supérieurs à
ceux prévus à la convention collective de ces
travailleurs.
Sandy Harding, la directrice régionale du SCFP
des Maritimes, a dit aux médias qu'elle était «
dégoûtée » que le gouvernement régional de
Chaleur se serve de la crise de la COVID-19 pour
avoir recours à plus de scabs pour remplacer les
travailleurs du SCFP. « Il s'agit vraiment d'une
situation éhontée », a-t-elle dit. « Nous
avons tendu la main à l'employeur et lui avons
respectueusement demandé de suspendre le lockout
pendant que dure cette situation de crise mais il
a immédiatement refusé. Nous lui avons alors
demandé de négocier (virtuellement) pour que nous
puissions en arriver à une solution et rendre aux
travailleurs le respect qui leur revient. Mais le
représentant de l'employeur est prêt à discuter
seulement si la section locale accepte des
concessions sur les clauses touchant aux billets
du médecin et aux libérations syndicales. Je
trouve cela dégoûtant et mes pensées vont aux
courageux travailleurs qui ne font que défendre ce
qui existe déjà dans leur convention
collective. »
Le président de la section locale du SCFP, Serge
Plourde, un travailleur au site d'enfouissement,
s'est adressé aux médias après que son emploi ait
été offert sur le site de la CSRC. Plourde dit que
les 23 membres en lockout sont « traités
comme les ordures » qui sont envoyées au site
d'enfouissement par la CSRC, dont les membres du
conseil d'administration sont les maires de
Belledune, Bathurst, Petit-Rocher, Pointe-Verte,
Beresford, Nigadoo et quatre représentants du
district des Services locaux du gouvernement
provincial.
Face à la pandémie, les travailleurs en lockout
avaient accepté de reprendre le travail et de
rouvrir le site d'enfouissement si la CSRC
acceptait de se remettre à la table pour négocier
une convention collective acceptable. La CSRC a
refusé catégoriquement et a au contraire présenté
les mêmes exigences sur des questions qui ont déjà
été réglées et elle a insisté pour que les
travailleurs acceptent les revendications de
l'employeur, dont celle les obligeant à avoir un
billet du médecin même après une seule journée de
maladie et de limiter le nombre de libérations
syndicales allouées aux représentants syndicaux.
Dans son rejet de l'offre des travailleurs de
retourner au travail, la CSRC a aussi dit qu'elle
avait nommé un nouveau négociateur de Fredericton
qui ne parle et ne lit que l'anglais. Le
négociateur en chef de l'équipe syndicale, Robert
LeMoignan, un représentant national du SCFP, a dit
aux médias que cette manoeuvre illustre bien le
comportement dictatorial de l'employeur et son
manque de respect envers les travailleurs, puisque
la région de Chaleur est en grande majorité
francophone et les propositions venant des deux
parties sont toutes en français et que l'équipe du
SCFP est entièrement francophone. En plus, la CSRC
semble avoir durci ses positions puisque le site
d'enfouissement va continuer de fonctionner avec
les briseurs de grève. Elle refuse même de
reconnaître que certaines questions ont déjà été
réglées.
Les travailleurs de la ville de Saint John
Dans le sud
du Nouveau-Brunswick, la ville de Saint John
intensifie ses pressions sur les cols bleus en se
servant de la crise de la COVID-19. L'équipe de
négociation du gouvernement municipal exige que la
section locale 18 du SCFP, représentant les
cols bleus municipaux, accepte un gel de salaire.
Selon la Coopérative des médias du
Nouveau-Brunswick, le maire de Saint-John, Don
Darling, aurait écrit le 19 mars sur son
blogue qu'en raison de la situation de la COVID-19
il n'appuiera aucune augmentation salariale pour
les travailleurs syndiqués. Le maire a
emphatiquement déclaré qu'il allait rejeter toute
augmentation, toute prime et toute clause de
protection pour toute nouvelle entente avec les
travailleurs et il s'attend à ce que les
conseillers l'appuient. L'attitude antiouvrière du
maire reflète bien sa position en tant que
représentant de la puissante oligarchie financière
du Nouveau-Brunswick et en particulier des deux
compagnies dominantes de la ville, la raffinerie
Irving Oil et la compagnie de pâtes et papiers JD
Irving.
Brien Watson du SCFP a dit à la Coopérative des
médias du Nouveau-Brunswick qu'il est très
préoccupé par la suggestion du maire Darling que
le salaire de tous les travailleurs municipaux
devrait être gelé pendant quatre ans, parce que
les salaires du secteur municipal ne suivent plus
du tout l'augmentation du coût de la vie.
Les revendications des travailleurs sont justes
et les attaques contre eux doivent cesser. Honte à
la Commission des services régionaux de Chaleur et
au maire de Saint-John ! Se servir d'un poste
de privilège et de pouvoir pour imposer des points
de vue intéressés est condamnable. C'est tout à
fait déphasé par rapport aux exigences
d'aujourd'hui et méprisant envers la culture de
respect de la classe ouvrière dont le Canada a
besoin. C'est seulement après que les besoins des
travailleurs aient été satisfaits que les autres
problèmes pourront être réglés.
Cet article est paru dans
Numéro 15 - 27 mars 2020
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Des actions antiouvrières inacceptables des élites dirigeantes - Pierre Chénier
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