Les travailleurs de la construction au Québec remportent des succès initiaux

La lutte pour des conditions de travail sécuritaires et salubres s'intensifie

Face à la pandémie de la COVID-19, les travailleurs de la construction du Québec intensifient leur lutte pour protéger leur santé et leur sécurité qui sont sérieusement mises en péril par le manque de conditions sanitaires de base sur les chantiers de construction. Deux de leurs revendications principales sont l'installation de toilettes adéquates sur tous les chantiers, avec chauffage, ventilation, chasse d'eau, eau chaude, savon, papier de toilette, et l'installation de roulottes assez grandes pour éviter que les travailleurs soient côte-à-côte quand ils mangent et pour qu'ils puissent maintenir une distance d'un ou deux mètres entre eux. Cela fait des décennies que les travailleurs luttent pour une revendication aussi élémentaire que des toilettes adéquates, et le danger qu'ils courent maintenant pour leur vie révèle l'indifférence et la négligence flagrantes qui ont été manifestées par les gouvernements successifs, la Commission de la construction du Québec et plusieurs entreprises de la construction.

Les travailleurs de la construction soulignent qu'ils ont obtenu quelques succès par leur intervention directe sur les chantiers ces dernières semaines. Ils ont obtenu que des toilettes adéquates soient installées sur des sites de même que des roulottes de chantier. Ils ont exercé leur droit de refuser d'accomplir un travail dangereux pour obtenir des changements qui améliorent les conditions sanitaires sur les chantiers. Les travailleurs soulignent que depuis le milieu du mois de mars, ce sont des centaines de travailleurs de la construction qui ont exercé leur droit de refus parce que les mesures sanitaires de base et la distanciation sociale ne sont pas respectées.

En plus du problème des installations sanitaires non existantes et de l'impossibilité de se laver les mains sur plusieurs chantiers, le problème de l'organisation du travail est une question de très grande préoccupation pour les travailleurs de la construction dont il faut s'occuper de façon urgente. Les travailleurs de la construction travaillent dans des espaces confinés et restreints qui requièrent la présence de plusieurs travailleurs et dans lesquels une distance de même un mètre est très difficile à réaliser. Il faut que les travailleurs de la construction et leurs organisations soient pleinement mobilisés pour que des alternatives puissent être mises en place.

C'est la raison pour laquelle, le 18 mars dernier, les deux plus grands syndicats de la construction, la FTQ-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction, ont demandé la suspension temporaire des chantiers pour que ce travail puisse se faire. Ils demandent que ce travail soit fait avec la participation des autorités de la santé, du comité de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui a été mis sur pied pour se pencher sur la question et de toutes les parties prenantes de l'industrie de la construction.

Le 23 mars, le gouvernement du Québec a annoncé qu'il réduisait au minimum les services et les activités non prioritaires jusqu'au 13 avril, dont les chantiers de construction. Les firmes
de construction pour réparations d'urgence ou pour fins de sécurité, les électriciens et plombiers et autres corps de métiers pour des services d'urgence poursuivent leurs activités et les équipements de location sont aussi maintenus.

Le gouvernement du Québec a présenté cette mesure comme une « pause  » mais ce n'est pas ainsi que les travailleurs et leurs syndicats l'entendent. Ils demandent que cette période en soit une de travail intensif pour que, lorsque les chantiers vont rouvrir, des mesures aient été mises en place pour améliorer sérieusement les conditions sanitaires et faire en sorte que l'organisation du travail ait été revue pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs.

Voici comment le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoli, décrit l'objectif qui animait le syndicat quand il a demandé la suspension temporaire des chantiers de construction :

« Il est actuellement impossible de respecter les normes sanitaires de base sur la très grande majorité des chantiers au Québec. Dans ce contexte, il est irresponsable de poursuivre les travaux. Nos travailleuses et nos travailleurs ne sont pas des cobayes et ne peuvent continuer à travailler sans aucune protection. On ne peut pas improviser avec la santé et sécurité, il faut des mesures claires et s'assurer qu'elles soient mises en place. Il faut intervenir immédiatement"


Cet article est paru dans

Numéro 14 - 26 mars 2020

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