Sérieuses préoccupations des travailleurs de première ligne en Ontario

La voie dangereuse de la suspension des conventions collectives des travailleurs de la santé

Le 21 mars, le gouvernement de l'Ontario a annoncé qu'il utilisera ses pouvoirs d'urgence pour déroger aux conventions collectives des travailleurs. Il a émis une ordonnance d'urgence qui donne aux hôpitaux le pouvoir de réaffecter et modifier des quarts de travail, annuler les congés et les vacances, donner des emplois en sous-traitance pour augmenter le nombre des travailleurs et donner du travail qui appartient aux unités de négociation à des bénévoles et des travailleurs qui n'appartiennent pas à l'unité. Le 23 mars, il a émis une ordonnance semblable au sujet des soins de longue durée. Les ordonnances sont valides pendant 14 jours et peuvent être renouvelées pour un autre quatorze jours, après quoi elles doivent être adoptées comme lois pour demeurer en vigueur.

Soulignant qu'en vertu des lois du travail de l'Ontario, les droits des employés d'hôpitaux de refuser un travail dangereux sont très limités, et qu'ils n'ont pas le droit légal de grève contrairement aux autres travailleurs, le Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario (CSHO-SCFP) écrit dans un communiqué de presse :

« Il est profondément injuste envers les employées dévouées d'hôpitaux majoritairement de sexe féminin qui, sans masques de protection, masques faciaux et autres équipements de protection, courent déjà un risque accru d'infection à la COVID-19, que le gouvernement de l'Ontario s'accorde de vastes pouvoirs pour leur enlever leurs droits en milieu de travail », écrit Michael Hurley, le président du Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario (CSHO-SCFP).

« Mais si nos membres sont prêts à se sacrifier pour offrir des soins de grande qualité, ils méritent d'être consultés sur les changements nécessaires au travail pour répondre aux situations d'urgence, et cela n'a pas été fait. Cet ordre du gouvernement est inutile, irrespectueux et coercitif », déclare Hurley.


« Pourquoi les employées des hôpitaux, à prédominance féminine, qui prennent les devants pour offrir des soins de qualité avec des ressources limitées et dont certaines sont déjà atteintes de la maladie COVID-19, sont-elles si mal traitées par ce gouvernement ? », se demande Michael Hurley. « D'abord, le gouvernement de l'Ontario n'a pas commandé suffisamment de masques, de masques faciaux et de gants, ensuite il a réduit sa norme de protection des employés de la santé pour justifier sa pénurie d'approvisionnement, et enfin il s'est accordé de vastes pouvoirs pour éliminer de nombreux droits des employés en milieu de travail sans un mot de consultation. »

Hurley rappelle au gouvernement que malgré les circonstances extraordinaires en Ontario et partout dans le monde, il n'a pas été difficile de transférer des employés des cliniques fermées et des centres de chirurgie ambulatoire aux centres de dépistage et à d'autres services.

« Nous pourrions certainement aider à surmonter de tels problèmes. Les employés d'hôpitaux sont présents et continueront d'aider les Ontariens alors que la pandémie continue de s'intensifier. La population peut compter sur nous », dit-il. « Mais si nos membres sont prêts à se sacrifier pour offrir des soins de grande qualité, ils méritent d'être consultés sur les changements nécessaires au travail pour répondre aux situations d'urgence, et cela n'a pas été fait. Cet ordre du gouvernement est inutile, irrespectueux et coercitif. »

Michael Hurley exhorte le gouvernement à utiliser ses pouvoirs d'urgence pour ordonner aux entreprises ontariennes de produire des masques et des respirateurs, qui sont en pénurie. Ces deux équipements seront nécessaires pour protéger les employés de la santé contre les infections et les patients les plus malades atteints de la COVID-19.

« Nos membres veulent se concentrer sur les soins, et ne veulent pas être distraits. Nous demandons au gouvernement de veiller à laisser cet ordre expirer comme prévu. Une prolongation serait très problématique. »

Les 40 000 membres du CSHO-SCFP travaillent dans 120 sites de plus de 60 hôpitaux en Ontario.


Cet article est paru dans

Numéro 13 - 25 mars 2020

Lien de l'article:
Sérieuses préoccupations des travailleurs de première ligne en Ontario: La voie dangereuse de la suspension des conventions collectives des travailleurs de la santé


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca