Simon Lévesque, responsable de la santé et de la sécurité à la FTQ-Construction
On ne doit pas banaliser le problème de la
propagation de la maladie. Il y a des mesures qui
sont mises en place, mais, comme c'est le cas
habituellement, on a l'impression que la
construction est laissée de côté.
Nous avons beaucoup
de questionnements. Cela fait longtemps qu'on dit
que la question de l'hygiène au travail au niveau
de la construction est négligée. Cela fait des
années qu'on se bat pour avoir des conditions
sanitaires adéquates. Nous avons eu un nouveau
règlement en 2016 qu'on se bat pour faire
appliquer. Le règlement est très précis sur la
question des toilettes. Nous sommes le seul milieu
de travail au Québec où on est obligé de préciser
que les toilettes doivent être chauffées, aérées,
qu'il doit y avoir une toilette à chasse, de l'eau
tempérée, du savon, du papier hygiénique, une
poubelle, sinon nous n'obtiendrons rien. Encore
là, il y a des employeurs qui ne respectent pas le
règlement. En plus, le règlement ne couvre pas les
chantiers de construction sur lesquels il y
a 24 travailleurs et moins. Il n'y a rien de
prévu dans ces cas-là pour que l'employeur soit
obligé de fournir de l'eau et du savon pour que le
travailleur se lave les mains. La première mesure
de prévention pour éviter que le virus se propage
c'est le lavage des mains. Et de tels chantiers
constituent la très vaste majorité des chantiers
au Québec. Nous intensifions notre travail pour
que tous les chantiers de construction aient accès
à des toilettes adéquates.
Il y a de sérieux problèmes sur les gros
chantiers aussi. Par exemple, on ferme des cabanes
à sucre parce que les gens y mangent côte-à-côte,
mais sur les gros chantiers, les travailleurs
mangent dans des roulottes de chantier et ils
mangent côte-à-côte. La distance d'un mètre n'est
pas respectée. Les mesures sont déclarées
inapplicables dans la construction et c'est contre
cela qu'on se bat. Nous demandons par exemple
qu'il y ait des espaces de repas convenables qui
peuvent accueillir les travailleurs en maintenant
la distance nécessaire entre eux.
Un problème que nous avons en ce moment c'est que
dès qu'il y a un travailleur qui tousse, on veut
le congédier. Il y a des travailleurs qui fument
et qui toussent depuis longtemps. On fait face à
une situation dans laquelle ou bien aucune mesure
n'est prise ou alors on a des mesures comme
celles-là où on s'en prend aux travailleurs s'ils
ont une condition particulière. Aujourd'hui même,
il y a un maître-d'oeuvre qui a dit à un
travailleur de quitter le chantier parce qu'il
toussait.
Nous demandons que tout ce que le gouvernement
demande aux citoyens et dans le domaine du travail
s'applique aussi aux chantiers de construction. En
plus, il faut suivre l'évolution de la situation
en ce qui concerne la maladie, et si on doit en
arriver à une réorganisation du travail qui
implique un ralentissement de la production, on
doit s'y préparer. Il faut planifier les choses
tout de suite.
Cet article est paru dans
Numéro 12 - 18 mars 2020
Lien de l'article:
Simon Lévesque, responsable de la santé et de la sécurité à la FTQ-Construction
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