Opinion sur une question de grande
préoccupation
L'urgence nationale annoncée au Québec fait ressortir ce qui manque
- Pierre Soublière -
Compte tenu de tous les problèmes quotidiens
dans le secteur des soins de santé, y compris les
conditions de travail désastreuses des
travailleurs de la santé telles que les réductions
de personnel et les heures supplémentaires
obligatoires, il vient à l'esprit que les
travailleurs de la santé travaillent déjà dans des
conditions d'urgence nationale. Ces conditions
difficiles ont des répercussions directes sur la
qualité des soins aux patients.
Pendant la pandémie de la COVID-19, les
responsables de la santé appellent déjà les
infirmières à la retraite à travailler pour la
ligne de santé 811 en raison d'un manque de
personnel et d'une surcharge d'appels. Malgré cet
appel fait aux retraités pour combler cette
lacune, certains hauts fonctionnaires insistent
pour dire que le système de santé est prêt à faire
face à une crise et tout ce que les gens doivent
faire est de pratiquer la distanciation sociale, «
s'isoler » et travailler à domicile et le
système de santé prendra soin du reste.
Dans toutes
les annonces, le diable est dans les détails. Les
annonces ne tiennent pas compte des problèmes
concrets actuels dans le secteur de la santé, des
compressions effectuées depuis des années ou de
l'expérience directe des personnes et de leurs
circonstances particulières comme l'âge, les
handicaps, la famille, la situation dans les
garderies, les fonds d'urgence disponibles, le
logement ou la situation en ce qui concerne le
travail.
La possibilité de travailler à domicile est une
très bonne mesure lorsque c'est possible mais une
grande majorité de travailleurs ne peuvent pas le
faire. Il en va de même pour de nombreuses
personnes forcées de se débrouiller seules
lorsqu'elles sont en isolement. Pour que la
quarantaine soit efficace, elle doit être
organisée collectivement pour que les besoins de
tous soient satisfaits.
Une chose nous préoccupe grandement : lorsque les
gouvernements appellent les gens à agir de manière
responsable, peuvent-ils être pris au
sérieux ? Les gouvernements à tous les
niveaux mènent depuis des décennies une offensive
antisociale en utilisant des excuses creuses
telles que les déficits qu'il faut réduire et les
dettes publiques qui doivent être payées avant que
quoi que ce soit de positif puisse être fait.
Face aux actions socialement irresponsables de
l'élite dirigeante en position de contrôle, tout
le monde devrait noter que la classe ouvrière agit
de manière responsable sans relâche, année après
année, lorsqu'elle produit les biens nécessaires
et fournit les services dont le peuple et la
société ont besoin pour exister. Lorsque les
travailleurs demandent à améliorer leurs
conditions de vie, leur propre santé et sécurité
et celle de la société tout entière, ils agissent
de manière responsable car cela améliore les
conditions sociales de tous.
Les gouvernements n'ont pas besoin de dire aux
travailleurs d'agir de manière responsable ;
au contraire, ils devraient se regarder dans le
miroir et évaluer les actions socialement
irresponsables dans lesquelles ils se sont engagés
depuis 30 ans.
Cette pandémie met en évidence la nécessité de
renouveler le processus politique afin qu'en temps
« normal » comme en temps d'urgence
nationale, les besoins, les préoccupations, les
suggestions et les opinions de tous les membres de
la société et de leurs collectifs deviennent
partie intégrante du processus décisionnel. Et
cela ne doit pas être fait de manière
superficielle, par des consultations bidon, mais
de manière pratique, avec de nouvelles formes et
de véritables institutions démocratiques où la
participation active consciente des individus et
de leurs collectifs à la prise de décision est
organisée.
Aujourd'hui, les prises de décision sont
concentrées entre les mains de quelques-uns qui
servent invariablement les intérêts privés étroits
des riches oligarques qu'ils représentent. Les
temps exigent qu'on bâtisse quelque chose de
différent, où les membres de la société et leurs
collectifs, et surtout ceux qui sont aux premières
lignes en tant que travailleurs, se représentent
eux-mêmes au gouvernement selon des manières et
des formes pratiques qu'ils développent et qui
leur permettent d'avoir un contrôle direct sur les
événements qui touchent leur vie.
Cet article est paru dans
Numéro 12 - 18 mars 2020
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Opinion sur une question de grande
préoccupation: L'urgence nationale annoncée au Québec fait ressortir ce qui manque - Pierre Soublière
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