Opinion sur une question de grande préoccupation

L'urgence nationale annoncée au Québec fait ressortir ce qui manque

Compte tenu de tous les problèmes quotidiens dans le secteur des soins de santé, y compris les conditions de travail désastreuses des travailleurs de la santé telles que les réductions de personnel et les heures supplémentaires obligatoires, il vient à l'esprit que les travailleurs de la santé travaillent déjà dans des conditions d'urgence nationale. Ces conditions difficiles ont des répercussions directes sur la qualité des soins aux patients.

Pendant la pandémie de la COVID-19, les responsables de la santé appellent déjà les infirmières à la retraite à travailler pour la ligne de santé 811 en raison d'un manque de personnel et d'une surcharge d'appels. Malgré cet appel fait aux retraités pour combler cette lacune, certains hauts fonctionnaires insistent pour dire que le système de santé est prêt à faire face à une crise et tout ce que les gens doivent faire est de pratiquer la distanciation sociale, « s'isoler » et travailler à domicile et le système de santé prendra soin du reste.

Dans toutes les annonces, le diable est dans les détails. Les annonces ne tiennent pas compte des problèmes concrets actuels dans le secteur de la santé, des compressions effectuées depuis des années ou de l'expérience directe des personnes et de leurs circonstances particulières comme l'âge, les handicaps, la famille, la situation dans les garderies, les fonds d'urgence disponibles, le logement ou la situation en ce qui concerne le travail.

La possibilité de travailler à domicile est une très bonne mesure lorsque c'est possible mais une grande majorité de travailleurs ne peuvent pas le faire. Il en va de même pour de nombreuses personnes forcées de se débrouiller seules lorsqu'elles sont en isolement. Pour que la quarantaine soit efficace, elle doit être organisée collectivement pour que les besoins de tous soient satisfaits.

Une chose nous préoccupe grandement : lorsque les gouvernements appellent les gens à agir de manière responsable, peuvent-ils être pris au sérieux ? Les gouvernements à tous les niveaux mènent depuis des décennies une offensive antisociale en utilisant des excuses creuses telles que les déficits qu'il faut réduire et les dettes publiques qui doivent être payées avant que quoi que ce soit de positif puisse être fait.

Face aux actions socialement irresponsables de l'élite dirigeante en position de contrôle, tout le monde devrait noter que la classe ouvrière agit de manière responsable sans relâche, année après année, lorsqu'elle produit les biens nécessaires et fournit les services dont le peuple et la société ont besoin pour exister. Lorsque les travailleurs demandent à améliorer leurs conditions de vie, leur propre santé et sécurité et celle de la société tout entière, ils agissent de manière responsable car cela améliore les conditions sociales de tous.

Les gouvernements n'ont pas besoin de dire aux travailleurs d'agir de manière responsable ; au contraire, ils devraient se regarder dans le miroir et évaluer les actions socialement irresponsables dans lesquelles ils se sont engagés depuis 30 ans.

Cette pandémie met en évidence la nécessité de renouveler le processus politique afin qu'en temps « normal » comme en temps d'urgence nationale, les besoins, les préoccupations, les suggestions et les opinions de tous les membres de la société et de leurs collectifs deviennent partie intégrante du processus décisionnel. Et cela ne doit pas être fait de manière superficielle, par des consultations bidon, mais de manière pratique, avec de nouvelles formes et de véritables institutions démocratiques où la participation active consciente des individus et de leurs collectifs à la prise de décision est organisée.

Aujourd'hui, les prises de décision sont concentrées entre les mains de quelques-uns qui servent invariablement les intérêts privés étroits des riches oligarques qu'ils représentent. Les temps exigent qu'on bâtisse quelque chose de différent, où les membres de la société et leurs collectifs, et surtout ceux qui sont aux premières lignes en tant que travailleurs, se représentent eux-mêmes au gouvernement selon des manières et des formes pratiques qu'ils développent et qui leur permettent d'avoir un contrôle direct sur les événements qui touchent leur vie.


Cet article est paru dans

Numéro 12 - 18 mars 2020

Lien de l'article:
Opinion sur une question de grande préoccupation: L'urgence nationale annoncée au Québec fait ressortir ce qui manque - Pierre Soublière


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca