Les défis qui nous attendent

L'élite dirigeante en Ontario cherche continuellement à créer les conditions pour criminaliser les enseignants et les travailleurs de l'éducation en les blâmant pour les problèmes auxquels les parents et les étudiants font face dans le système d'éducation. Elle cherche aussi à briser l'unité dans l'action des enseignants et des travailleurs de l'éducation de l'Ontario. Comme on le voit à sa position envers l'opposition résolue des peuples autochtones à ce que d'autres décident de ce qui se passe sur leur territoire, l'élite dirigeante ne permettra à aucun pouvoir autre que le sien d'affirmer son droit de décider de ce qui se passe d'une manière qui favorise ses intérêts privés. Face à des divergences politiques et à une opposition unie du peuple, elle recourt à des menaces et impose le diktat plutôt que de négocier et de chercher des solutions politiques qui pourraient harmoniser les intérêts individuels et collectifs de manière à ouvrir la voie vers l'avant.

Un éditorial récent du National Post intitulé « Il est temps de mettre fin au droit de grève des enseignants » a directement appelé le gouvernement de l'Ontario à mettre fin au droit de grève des éducateurs au moyen d'une loi. L'article exprime la frustration de la classe dirigeante envers les enseignants et les travailleurs de l'éducation qui refusent d'accepter les attaques contre leurs conditions de travail dont ils disent clairement qu'elles sont les conditions d'apprentissage des étudiants :

« Tous les gouvernements, peu importe leur couleur politique, ont subi leur censure au cours des 30 dernières années pour ne pas avoir apprécié, accommodé et indemnisé leurs membres, semble-t-il, à la hauteur qu'ils réclamaient comme leur dû. Libéraux, conservateurs, néodémocrates, peu importe, c'est toujours la même chose : un problème survient, que les chefs syndicaux condamnent comme une insulte à leur profession, une attaque contre les étudiants et une menace mortelle pour l'avenir de l'éducation. »

Au lieu de reconnaître qu'elle doit investir dans l'éducation publique de façon continue et constante et récupérer ces investissements auprès des riches qui en bénéficient, la classe dirigeante n'est pas capable de comprendre pourquoi, malgré ses tentatives pour diviser et régner sur les enseignants, les travailleurs de l'éducation et leurs syndicats, ceux-ci ne vont pas se soumettre de plein gré au programme néolibéral de réduction et de restructuration de l'éducation pour payer les riches par la privatisation et d'autres stratagèmes.

L'article recourt ensuite à des calomnies, insinuant que les éducateurs sont des moutons forcés de suivre les diktats des « patrons des syndicats » par crainte de représailles :

« Les enseignants eux-mêmes sont peut-être des professionnels dévoués, profondément préoccupés par les élèves et respectueux de l'apprentissage, mais ils ont depuis longtemps cédé à leurs syndicats l'autorité en ce qui concerne les conventions collectives. Les demandes d'autorisation de débrayages pour tout problème présentement jugé intolérable sont approuvées à une écrasante majorité. Ceux qui peuvent avoir des doutes personnels savent qu'il vaut mieux ne pas contester les pouvoirs en place. »

Cela se produit en même temps que le gouvernement de l'Ontario a utilisé sa majorité pour essayer d'éliminer les syndicats d'étudiants des universités et des collèges parce qu'il estimait qu'ils étaient dirigés par des « marxistes fous ». La classe dirigeante ne peut comprendre que les enseignants et les travailleurs de l'éducation eux-mêmes sont en fait ceux qui se sont battus pour s'assurer que leurs syndicats n'acceptent pas la dégradation de leurs conditions de travail ou des accords secrets qui divisent le mouvement dans son ensemble. Ce fut le cas en 2014, par exemple, lorsque les libéraux de l'Ontario ont imposé des conventions collectives aux travailleurs de l'éducation par voie législative, puis ont demandé à l'un des présidents des syndicats de l'éducation de se présenter comme candidat libéral à une élection partielle après avoir conclu un accord avec le gouvernement qui, selon lui, était « le meilleur possible » dans les circonstances. Les membres du syndicat ont fait tout en leur pouvoir pour que le président ait à rendre des comptes, de concert avec le gouvernement libéral minoritaire soutenu par les progressistes-conservateurs à l'époque, le mettant à genou dans cette élection partielle.

Le fait que des appels soient lancés pour éliminer le droit de grève des travailleurs de l'éducation montre clairement que la classe dirigeante ne veut pas négocier et n'a pas tiré les leçons de ses erreurs. Au lieu de cela, elle veut que le gouvernement Ford soit l'instrument pour rendre le diktat permanent en éliminant le droit de grève. Les travailleurs doivent s'y opposer fermement en se tenant aux côtés des éducateurs dans leurs actions de grève pour montrer que rien d'autre qu'une résolution négociée ne sera accepté.

(Photos : FO, FEESO, ETT)


Cet article est paru dans

Numéro 6 - 19 février 2020

Lien de l'article:
Les défis qui nous attendent - Mira Katz


    

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