La lutte des éducateurs pour leurs conditions de travail a établi une nouvelle norme


Les présidents des quatre syndicats ontariens de l'éducation tiennent une conférence de presse
commune après le discours du ministre de l'Éducation Stephen Lecce au Canadian Club, le 12 février 2020.

Le débrayage commun appelé par les quatre syndicats de l'éducation en Ontario est le résultat du travail inlassable des travailleurs de l'éducation pour défaire les tentatives de diviser leurs rangs. Depuis 2012, lorsque le gouvernement libéral ontarien de Dalton McGuinty a entrepris de jouer les syndicats les uns contre les autres, une scission ouverte a été créée entre les directions des syndicats de l'éducation. Cette approche a été utilisée par les gouvernements successifs pour faire accepter à un des syndicats de l'éducation un cadre général pour une convention collective provinciale, qu'il peut ensuite imposer aux autres malgré les conditions de travail et les réalités différentes qui existent à l'échelle de la province et dans les conseils scolaires.

Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a alors imposé une négociation provinciale qui a encore aggravé la situation en éliminant par la loi une grande partie de la prise de décision locale dans les négociations. La combinaison des méthodes de diviser pour régner et de l'élimination de la prise de décision locale visait à éliminer la capacité de l'ensemble des enseignants et des travailleurs de l'éducation d'exprimer leur détermination à améliorer le système d'éducation plutôt que d'accepter sa détérioration au nom du maintien du statu quo.

Depuis 2012, et surtout depuis mars 2019, des efforts concertés ont été faits à la base pour surmonter les divisions, sur la base que l'éducation est un droit et que, peu importe à quel conseil quelqu'un appartient ou quelle est sa catégorie d'emploi, les éducateurs sont unis à la défense de leur droit à l'éducation et de leur droit de déterminer leurs salaires et conditions de travail. Ont fait partie de ces efforts l'appel à élire une enseignante comme candidate indépendante comme façon de parler en son nom et de prendre en main ses affaires maintenant, de même que la formation de groupes d'organisation communs sur les médias sociaux auxquels tous les éducateurs peuvent se joindre, sans égard à leur affiliation syndicale, et dans lesquels ils peuvent s'informer de ce qui se passe et planifier des actions ensemble. Cela a inclus l'établissement de formes de médias tel que le balado l'Éducation est un droit dans lequel les éducateurs peuvent discuter des problèmes en éducation et de ce qui peut être fait pour les résoudre au-delà de l'appartenance syndicale de chacun.

Ce travail continu à la base a produit un niveau d'unité nouveau une fois que les grèves des travailleurs de l'éducation ont débuté en octobre 2019 avec les actions de grève du zèle du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Bien que le SCFP ait été le premier à signer une convention avec le gouvernement, que le gouvernement souhaitait utiliser pour montrer que les travailleurs acceptent son diktat d'une limite de 1 % sur les nouvelles augmentations de salaire, cela n'a pas réussi à diviser les éducateurs. En fait, cela a réaffirmé le besoin d'actions unies. Lors des négociations du SCFP, les éducateurs ont commencé à considérer les actions de chacun comme leurs propres actions. Ils l'ont exprimé de multiples façons, par exemple lorsque le personnel scolaire de différents syndicats a porté les mêmes couleurs et a donné des cartes, de la nourriture et d'autres cadeaux pour que tous voient que chacun mène la même lutte.

Une fois que les grèves tournantes des syndicats représentant les enseignants et les travailleurs de l'éducation ont commencé, cette unité a atteint de nouveaux niveaux. Ce qui a débuté comme des grèves tournantes de chaque syndicat est devenu des actions de grève presque quotidiennes de l'ensemble des travailleurs de l'éducation qui considèrent toutes ces actions comme les leurs. Les exemples sont nombreux d'unité aux endroits de travail entre membres de tous les syndicats. Lorsqu'un syndicat déclenchait une grève tournante, les travailleurs qui n'étaient pas en grève se joignaient à leurs lignes de piquetage, amenant de la nourriture et d'autres formes d'appui à l'heure du lunch ou avant et après l'école pour exprimer leur unité. Parfois, lorsque les journées de grève de différents syndicats ont eu lieu la même journée, les lignes de piquetage ont été fusionnées et l'infrastructure comme les tentes et les systèmes de son a été partagée.

Dans un cas, afin de démontrer leur appui à leurs collègues employés de soutien en grève, tous les autres travailleurs de l'école ont amassé des dons pour « adopter » leurs collègues en grève pendant une journée et ils ont fourni un montant égal à l'indemnité de grève que ceux-ci reçoivent de leur syndicat. Ces actions expriment le sentiment des travailleurs de l'éducation que cette lutte est une et qu'ils ne se laisseront pas diviser. Bref, ce qui se passera le 21 février est le reflet de ce que les enseignants et les éducateurs veulent depuis 2012, un front uni pour affirmer les droits de tous les travailleurs de l'éducation.

Peu importe ce qui peut se passer maintenant dans les négociations, une nouvelle norme vient d'être établie qui ne sera pas oubliée et qui est de bonne augure pour l'avenir. C'est cette unité d'action que la classe dirigeante craint le plus. Sans doute va-t-elle redoubler ses efforts pour imposer de nouvelles divisions ou, si cela échoue, avoir recours à la force en adoptant une loi de retour au travail. Quelles que soient les tentatives du gouvernement, l'unité d'action vient d'atteindre un nouveau niveau et cela va guider les travailleurs de l'éducation dans les dures luttes qui s'annoncent.


Les travailleurs en éducation font du piquetage alors que le ministre de l'Éducation
prononce un discours devant le Canadian Club, à Toronto, le 12 février 2020.

(Photos: OSSTF, ETFO, K. MacMahon, cathymai, D. Murton)


Cet article est paru dans

Numéro 6 - 19 février 2020

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La lutte des éducateurs pour leurs conditions de travail a établi une nouvelle norme - Enver Villamizar


    

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