La lutte des travailleurs et travailleuses du secteur public au Québec
pour leurs droits et les droits de tous

Désinformation gouvernementale pour justifier le refus de négocier avec les travailleurs/euses

Le 3 février dernier, le ministre responsable de l'Administration publique et président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a adressé une lettre ouverte aux médias concernant le renouvellement des conventions collectives des quelque 500 000 travailleurs et travailleuses du secteur public. La lettre porte le titre arrogant « Les priorités des Québécois au coeur des négociations ».

On ne trouve nulle part dans la lettre même la moindre référence aux préoccupations et aux revendications que les travailleurs du secteur public ont présentées, non seulement en cette période de renouvellement des conventions collectives, mais depuis au moins 20 ans. Les travailleurs et leurs syndicats parlent des services publics qui en sont à un point de rupture tant les conditions de travail et de livraison des services sont intenables ; les membres du personnel enseignant (voir l'entrevue ci-dessous) parlent de la souffrance des professeurs. Les revendications mises de l'avant par les travailleurs et les syndicats engagés dans le renouvellement des conventions visent à remédier à cette situation par une amélioration substantielle immédiate des conditions de travail et des salaires dans les services publics.

D'une manière irresponsable, voire criminelle, le gouvernement du Québec nie tout cela et lui substitue ce qu'il définit comme étant « les priorités des Québécois ». Selon le gouvernement, les priorités des Québécois sont leur capacité de payer, la situation des préposés aux bénéficiaires et des enseignants en début de carrière qui demande à être améliorée, et la nécessité de bouleverser les méthodes traditionnelles de négociation en établissant des forums de discussion parallèles aux négociations ( ou plutôt à leur absence ) qui sont contrôlés par le gouvernement et auxquels des « sommes additionnelles » seront affectées selon le bon vouloir de celui-ci.

Tout ceci, selon le président du Conseil du trésor, proviendrait du mandat qui aurait été accordé à la Coalition Avenir Québec par l'élection québécoise d'octobre 2018, par laquelle la CAQ a été mise au pouvoir avec seulement 38,5 % du vote enregistré et où 34 % des électeurs ne sont même pas allés voter. Une élection qui a atteint un niveau extrême d'attaques sectaires des partis cartels les uns contre les autres au lieu de discussion politique sur les problèmes auxquels la société québécoise fait face. On lit dans la lettre : « [...] le gouvernement a été élu pour faire des changements qui répondent aux priorités des Québécois. [...] Les Québécois ont clairement manifesté leur désir de changement en rompant avec presque un demi-siècle d'alternance entre le Parti libéral et le Parti québécois lors des élections d'octobre 2018. Les électeurs ont exprimé une volonté qui demande aux élus d'être créatifs ; d'oser explorer de nouvelles avenues pour relever les importants défis qui se posent à nous. »

Le gouvernement du Québec fait courir un grand risque aux travailleurs et à la population en cherchant à perpétuer et à aggraver la crise qui affecte les programmes sociaux et les services publics. Il le fait au profit du diktat de l'État qu'il représente en tant que parti au pouvoir, au profit des manigances pour éliminer les négociations avec les travailleurs, au service des intérêts privés. On ne peut pas accepter que ses intérêts sectaires supplantent l'effort que font les travailleurs du secteur public et leurs syndicats pour faire entendre leur voix et parler en leur nom en vue du renouvellement des conventions collectives.

Est-ce que le gouvernement peut nous expliquer qui sont ces « Québécois » qui examineraient la situation des services publics sous l'angle de « leur capacité de payer », selon la façon dont les gouvernements néolibéraux façonnent leurs budgets. Les Québécois sont les travailleurs et les travailleuses du secteur public, leurs familles, et tous les Québécois qui utilisent les services publics et dépendent d'eux dans leur vie. Ils sont au courant de la crise qui affecte les programmes sociaux et les services publics parce qu'ils la vivent depuis des décennies et ils demandent qu'elle soit résolue à l'avantage des travailleurs et des services. Pour cela, la prise de parole des travailleurs du secteur public et les actions de masse à la défense de leurs revendications sont essentielles.

Le gouvernement du Québec doit reculer et signer des conventions collectives qui comprennent des salaires et des conditions de travail et à la retraite qui sont acceptables aux travailleurs et aux travailleuses du secteur public, ceux-là même qui font le travail pour nous tous.


Cet article est paru dans

Numéro 5 - 12 février 2020

Lien de l'article:
La lutte des travailleurs et travailleuses du secteur public au Québec : Désinformation gouvernementale pour justifier le refus de négocier avec les travailleurs/euses


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca