Luttes des travailleurs forestiers
au pays
Appuyons les justes revendications des travailleurs forestiers des régions côtières qui sont en grève
Rassemblement des travailleurs de WFP en grève à
Nanaimo, le 6 novembre 2019
Les travailleurs forestiers des régions
côtières, membres de la section locale 1-1937
du Syndicat des Métallos, entameront bientôt leur
huitième mois de grève contre Western Forest
Products (WFP). Vers la fin de décembre, le comité
de négociation a rencontré les membres locaux à
port Alberni, Ladysmith, Powell River, Campbell
River et Port McNeill pour discuter de l'état de
la négociation et de la médiation. La discussion a
aussi porté sur la pression exercée sur les
travailleurs par des déclarations et des actions
de certains dirigeants des communautés locales et
entrepreneurs en exploitation forestière.
Invoquant les conditions très difficiles vécues
par ces communautés à cause de l'arrêt des
opérations forestières, ils ont demandé que le
gouvernement provincial intervienne et impose un
règlement par arbitrage.
Bien qu'en grève
depuis plusieurs mois, les travailleurs insistent
pour obtenir une convention collective négociée
qui protège leur droit à des conditions de travail
sécuritaires, à la sécurité d'emploi et à la
dignité au travail. WFP refuse présentement de
participer à la médiation avec deux médiateurs
nommés par le gouvernement, Vince Ready et Amanda
Rogers.
Les principaux points en litige sont le droit
contractuel de l'employeur (imposé par arbitrage
exécutoire en 2004) d'imposer unilatéralement
des quarts de travail prolongés, des journées de
congé qui ne se suivent pas et d'autres conditions
qui non seulement sont dangereuses mais sont
également inférieures aux normes minimales de la Loi
sur les normes d'emploi en
Colombie-Britannique. Le recours de la compagnie à
la sous-traitance et sa politique antiouvrière sur
la drogue et l'alcool sont aussi des points en
litige.
Afin d'inciter l'employeur à participer aux
pourparlers en présence des médiateurs, le
syndicat a révisé sa proposition pour des horaires
de quarts de travail alternatifs pendant le temps
des Fêtes et l'a présentée aux médiateurs
le 9 janvier. Après avoir présenté cette
nouvelle position à WFP, les médiateurs ont fait
rapport au comité de négociation du syndicat,
l'informant que la compagnie ne commenterait pas
la proposition syndicale et ne retournerait pas à
la médiation tant que le syndicat n'accepterait
pas de faire des concessions sur la
sous-traitance. WFP veut répartir les activités en
forêt entre différents entrepreneurs qui se
verraient confier différentes tâches, comme
l'abattage, le débardage, le transport par camion,
la construction de routes, le triage des grumes
sur terre ferme. Comme cela se fait déjà pour
d'autres opérations contractuelles, les
entrepreneurs compétitionneraient pour les
contrats, soumissionneraient à la baisse, et, afin
de garantir leurs profits, couperaient les coins
ronds et priveraient les travailleurs de leurs
avantages sociaux, de leur temps supplémentaire,
de leur temps de déplacement, etc. Les
travailleurs se retrouveraient alors isolés les
uns des autres et privés de leur force collective
pour défendre leurs droits.
Le comité de
négociation, dans son bulletin du 10 janvier,
explique qu'il s'agit d'une proposition visant à
briser le syndicat et que c'est ce que la
compagnie essaie de faire depuis 1986. « Notre
syndicat a fait une grève de quatre mois et demi
en 1986 et à ce moment-là nous avons obtenu
la protection face à la sous-traitance que nous
avons aujourd'hui (Article 25). Le WFP a proposé
d'attaquer les droits de nos membres en ayant
recours à la sous-traitance lors des négociations
en 2014, mais elle a retiré cette demande et
a signé une entente qui a résulté en des profits
exceptionnels et consolidé la situation financière
de la compagnie. Maintenant, dans les négociations
de 2019/2020, ils demandent à nouveau que les
emplois des membres soient offerts en
sous-traitance. »
Pour répondre aux maires et aux membres des
conseils dans les communautés touchées qui
demandent au gouvernement d'intervenir pour mettre
fin à la grève, le syndicat a entrepris une série
de réunions avec les élus en question pour leur
expliquer la nature du litige et pourquoi une
entente négociée et non un contrat imposé est dans
l'intérêt des travailleurs et des communautés. Au
sujet des conditions imposées par le gouvernement
libéral de la Colombie-Britannique en 2004,
le comité de négociation dit : « L'arbitre
désigné avait dépouillé les membres du Syndicat
des Métallos de leur droit à des conditions de
travail sécuritaires alors que les compagnies ont
résilié le droit des travailleurs à une journée de
travail de huit (8) heures et imposé des heures
prolongées et des horaires de travail instables,
les forçant à travailler dans des conditions
dangereuses exacerbées par la fatigue et d'autres
sources de stress. L'arbitre a aussi autorisé la
sous-traitance à grande échelle dans l'industrie
côtière lorsque les entrepreneurs forestiers y ont
été introduits. Cette action honteuse de 2004
a préparé le terrain pour les conditions
dangereuses et inéquitables auxquelles les
travailleurs sont confrontés aujourd'hui. »
C'est l'intervention gouvernementale en 2004
qui a mené à l'imposition de conditions de travail
qui ne respectent pas les normes minimales qui
existent pour tous les travailleurs de la
Colombie-Britannique.
Le président de la section locale 6717 du
Syndicat des Métallos a voyagé de la
Saskatchewan jusqu'à l'île de Vancouver à la
fin de 2019 pour apporter un message de
solidarité et
donner un appui financier aux travailleurs
forestiers en grève.
Dans les communautés touchées, les activités de
levées de fonds et d'autres formes d'appui aux
travailleurs forestiers vont bon train, comme en
témoigne le récent barbecue du 25 janvier à
Campbell River organisé par Loonies for Loggers,
qui a amassé près de 12 000 $. Dans
son plus récent bulletin de négociation, le comité
de négociation dit que dans leurs rencontres avec
les maires et les conseillers dans les communautés
touchées, les travailleurs des communautés ont
bien expliqué l'importance d'une entente négociée
qui protège leur sécurité d'emploi, leur sécurité
au travail et leur dignité, et que leurs
interventions ont été bien accueillies.
Le vaste appui de la communauté pour les
travailleurs en grève a été illustré par la visite
de leurs lignes de piquetage par les étudiants de
l'école secondaire Port Hardy, qui ont
fait des biscuits pour les grévistes. Une classe
d'étudiants du primaire a aussi visité
les lignes en décembre 2019 et
interprété des chants de Noël pour les grévistes.
Cet article est paru dans
Numéro 4 - 5 février 2020
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