Les infirmières prennent la parole et mènent des
actions contre leurs conditions intenables
Les professionnelles de la santé débutent les
négociations avec le gouvernement
du Québec, le 24 octobre 2019.
Mettant en pratique leur mot d'ordre «
Travailler à se rendre malade, c'est
terminé », les infirmières membres de la
Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec (FIQ) ont pris la parole et mené des
actions au début de janvier contre les conditions
intenables dans les salles d'urgence du Québec.
Le 5 janvier, les infirmières de la FIQ ont
tenu des sit-ins sur deux quarts de travail
différents à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et un
sit-in à l'hôpital Santa Cabrini à Montréal pour
mettre en lumière la situation dans les urgences
pour les travailleurs et les patients. Les actions
ont été organisées après que les infirmières aient
été forcées de façon répétée de faire du temps
supplémentaire obligatoire et parfois même de
travailler trois quarts de travail consécutifs
afin de remédier à la crise dans les urgences. Au
début janvier, le taux d'occupation des urgences
était de 139 % à Santa Cabrini,
de 160 % en Montérégie et de 129 %
à Montréal. À Maisonneuve-Rosemont la crise à
l'urgence se poursuit sans relâche depuis un an.
Alors que les infirmières tenaient leurs sit-in,
les porte-paroles de la FIQ rencontraient les
médias pour dénoncer la situation et demander des
solutions immédiates qui soient favorables aux
infirmières et aux patients, des solutions que les
infirmières mettent de l'avant depuis des années.
Ils ont dit clairement que la crise des salles
d'urgence au Québec n'a rien à voir avec une
augmentation subite du nombre de patients pendant
l'hiver qui souffrent de la grippe, bien que ce
problème existe et ait été identifié par les
infirmières depuis longtemps. Ils ont dit qu'il
s'agit plutôt d'un problème systémique de
détérioration d'ensemble dans le secteur de la
santé, dans laquelle des mesures autrefois
exceptionnelles comme le temps supplémentaire
obligatoire sont devenues la norme, un véritable «
outil de gestion ». Ce sont ces mesures qui
sont prises au lieu que les problèmes du secteur
de la santé soient traités sérieusement.
Les porte-paroles de la FIQ ont mentionné par
exemple que des administrations d'hôpital ont
commencé à rappeler au travail des infirmières qui
sont en congé pour diverses raisons, de même que
des infirmières à la retraite, pour faire face à
la crise dans les urgences et que cela est devenu
un autre « outil de gestion ». Ils ont
souligné que même lorsque des positions à temps
plein sont créées, ce qui est une de leurs
revendications, cela n'est pas une solution en soi
car seul un faible pourcentage d'infirmières
prennent ces positions, craignant qu'elles vont
subir plus de pression pour faire du temps
supplémentaire obligatoire si elles occupent un
emploi régulier à temps plein. Pour aborder ces
problèmes sérieusement, il faut que les
infirmières et les autres travailleurs et
travailleuses de la santé jouent un rôle clé dans
la détermination de ce qui est requis pour créer
des conditions adéquates pour eux et les patients
dans les salles d'urgence.
En ce qui a trait aux mesures qui sont
susceptibles d'alléger la crise, les infirmières
disent que partout où leur demande d'un ratio
adéquat patients/infirmières a été appliquée dans
un projet-pilote, on a remarqué une amélioration
immédiate tant pour les infirmières que pour les
patients. Le gouvernement, c'est le moins qu'on
puisse dire, se traîne les pieds dans la mise en
oeuvre de ces ratios pourtant nécessaires.
Les infirmières tiennent leurs actions au même
moment où les syndicats, dont la FIQ, présentent
leurs demandes sectorielles au gouvernement et aux
comités patronaux de négociation dans la santé. Le
document de la FIQ porte lui-même le titre «
Travailler à se rendre malade, c'est
terminé ».
Le document fait état de deux priorités de
négociation :
- De la santé et de la sécurité à tous les
niveaux du réseau : une condition
incontournable pour les professionnelles en
soins.
- Attraction-rétention : obtenir des
conditions gagnantes pour les professionnelles en
soins.
Selon le document, les objectifs de négociation
de la FIQ sont :
- Organiser le travail pour assurer la santé et
la sécurité des professionnelles en soins et des
patients.
- Valoriser la pratique et l'expertise des
professionnelles en soins.
- Accéder à des postes de qualité.
- Rétablir l'équilibre au travail et dans la vie
personnelle afin de préserver la santé
psychologique des professionnelles en soins.
- Outiller les syndicats affiliés à la FIQ et à la
FIQP (Fédération interprofessionnelle de la santé
du Québec | Secteur privé ) afin de mieux répondre
aux besoins des professionnelles en soins.
Parmi les mesures concrètes qui sont proposées,
on compte une charge de travail raisonnable et
sécuritaire, des ratios sécuritaires
professionnelles en soins/patients, la
stabilisation des équipes de travail et enrayer le
recours aux heures supplémentaires obligatoires
comme outil de gestion. Il y a aussi des
revendications pour l'accès aux différents congés
et l'aménagement du temps de travail sur lequel
les infirmières doivent avoir une emprise.
Dans un contexte de travail malsain où de plus en
plus de professionnelles en soins deviennent
malades physiquement et psychologiquement, la FIQ
désire obtenir l'engagement que les droits des
professionnelles en soins seront respectés
adéquatement en facilitant l'accès à des
prestations d'assurance salaire, à un réel soutien
à la réadaptation et au retour au travail. La FIQ
demande aussi un examen des processus
administratifs et judiciaires afin que le
traitement des dossiers litigieux (contestations
des décisions de l'employeur par exemple) soit
simplifié et accéléré.
Voir le texte
intégral du projet de négociation sectorielle.
Cet article est paru dans
Numéro 1 - 15 janvier 2020
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Les
infirmières prennent la parole et mènent des
Actions contre leurs conditions intenables
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