Opposition à l'offensive antisociale en Ontario

Les défis auxquels est confronté le mouvement pour le droit à l'éducation en Ontario

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Près de 200 000 enseignants et travailleurs de l'éducation ont entamé une deuxième phase de leur résistance au programme de restructuration de l'éducation du gouvernement de l'Ontario visant à sabrer dans les investissements en éducation primaire et secondaire et à transformer la livraison de l'éducation publique en une entreprise lucrative. Ils sont rejoints par des centaines de milliers d'étudiants qui veulent améliorer la qualité de leur éducation pour pouvoir faire leur contribution à la société. Se joignent aussi à eux les parents des étudiants et la société en général qui considèrent les changements apportés à l'éducation primaire et secondaire par le gouvernement ontarien comme étant arbitraires et une attaque contre les jeunes et les membres les plus vulnérables de la société.

En ce sens, la majorité des Ontariens s'opposent à la direction que prend le gouvernement et cela est confirmé par les sondages internes effectués par certains syndicats. Le défi qui se pose est comment affronter un gouvernement majoritaire qui représente une minorité et qui veut à tout prix imposer son diktat et criminaliser ceux qui refusent de trafiquer leur conscience et leur responsabilité, en tant que professionnels, envers la société et la jeune génération.

La situation est différente de celle qu'on a connue sous le gouvernement précédent, lorsque les libéraux de Dalton McGuinty étaient en situation minoritaire et collaboraient avec les progressistes-conservateurs pour essayer d'imposer le programme néolibéral des riches par une loi, au lieu d'en arriver à une entente négociée avec les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation. Le gouvernement actuel a une imposante majorité au parlement et n'a pas à négocier avec d'autres sections de la classe dirigeante, représentée par l'opposition, pour imposer le diktat des riches. Il agit en toute impunité et c'est pourquoi les travailleurs essaient de trouver des façons de l'obliger à rendre des comptes. Les contestations devant les tribunaux sont un front de lutte mais elles ne doivent pas servir à démobiliser la lutte active des travailleurs de l'éducation et laisser les tribunaux décider de ce qui est juste ou injuste. Les gouvernements obtiennent souvent ce qu'ils veulent en faisant tout simplement des ajustements à des décisions juridiques qui ont affirmé des droits. Il est clair que les jugements des tribunaux ne suffiront pas à empêcher les gouvernements de faire ce qu'ils veulent à l'avenir non plus.

L'opposition officielle à l'Assemblée législative prétend être la voix des travailleurs, dans ce cas-ci les travailleurs de l'éducation, mais son objectif n'est pas le même que le mouvement ouvrier qu'elle cherche à détourner en faveur de ses ambitions électorales. Cette opposition craint que si elle prend une position claire à la défense des droits des travailleurs, surtout si les grèves s'accentuent et que le gouvernement impose une loi de retour au travail, elle va perdre l'appui de la classe dirigeante. Autrement dit, cette opposition a montré qu'on ne peut pas compter sur elle pour un appui sérieux à cette lutte pour le droit à l'éducation. Ses ambitions électorales intéressées ne le permettent pas.

C'est un important défi dans la mesure où cela révèle que les institutions démocratiques ne permettent pas que la volonté de la majorité soit exprimée et devienne loi. Les travailleurs se font dire qu'il n'ont qu'à attendre à la prochaine élection et voter pour un parti plus favorable et se contenter pour le moment, s'ils veulent obtenir justice, de faire du lobbying auprès de ceux qui ont démontré que leur souci de justice est éclipsé par leur souci d'être portés au pouvoir.

La vie a démontré que pour affirmer les droits, il faut transcender les limites à la pensée et à l'action imposées au mouvement ouvrier par les gens au pouvoir dont l'objectif est de servir les riches. Les partis qui forment le système de gouvernement de partis cartellisés privent la majorité de pouvoir en divisant les travailleurs en fonction des différentes factions des forces au pouvoir sur toutes les bases possibles. Mais surtout, ils privent les travailleurs de leurs propres points de référence qui reposent sur le droit à des salaires et des conditions de travail appropriés. En mettant de l'avant leurs propres préoccupations et non celles des riches, les travailleurs doivent mener leur lutte devant le tribunal de l'opinion publique. Ils doivent s'opposer à cette absurdité néolibérale selon laquelle l'austérité est nécessaire, qu'ils sont un coût et non une source de valeur pour la société et que les stratagèmes pour payer les riches mènent à la prospérité. En bâtissant leur résistance résolue à l'offensive antisociale, non seulement affirment-ils leurs droits mais ils contribuent à rendre les gouvernements redevables de leurs actions.

Forum ouvrier appelle les Ontariens à appuyer vigoureusement les enseignants et les travailleurs de l'éducation et à exiger que le gouvernement retire sa loi antiouvrière. Ne permettons pas la criminalisation de ceux qui luttent pour les droits !


Cet article est paru dans

Numéro 1 - 15 janvier 2020

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