Réaction des représentants et des politiciens locaux


Les travailleurs de la fonderie de Belledune maintiennent leurs lignes de piquetage le 16 novembre 2019 après que sa fermeture ait été annoncée.

Le maire de Belledune, Joe Noel, a qualifié la fermeture de « coup dur », non seulement pour la muncipalité, mais pour toute la région, car la fonderie est l'un des plus gros employeurs et fournit du travail à de nombreux entrepreneurs. « Si les employés ne trouvent pas de métier dans la région et ne peuvent pas se recycler, ils vont partir », a-t-il dit. « Nous luttons pour que notre population augmente. Cela ne va certainement pas nous aider. Nous ne voulons pas que quiconque dise au revoir au Nouveau-Brunswick [...] et nous continuerons à travailler pour faire en sorte que cette région progresse », a-t-il ajouté.

Noel a dit que sa priorité était de s'assurer que les employés reçoivent une indemnité de licenciement adéquate, que leurs pensions soient garanties et que ceux qui étaient proches de la retraite aient la possibilité de la prendre « avec une bonne pension, comme c'était prévu ».

Noel a dit que la municipalité perdrait environ 800 000 dollars de recettes fiscales, soit 16 % de son budget total, à la fermeture de la fonderie, ajoutant qu'il ne savait pas comment la région compenserait cette perte. « Ce n'est pas quelque chose que vous pouvez faire en un tour de main. Cela va prendre du temps et de la planification », a-t-il dit. Noel a souligné que la région devait tirer parti de ses ressources naturelles. « Je pense que nous devons tout faire pour les utiliser de notre mieux et les rentabiliser », a-t-il déclaré.

Le problème qui se pose au maire et à la région tout entière est qui doit récolter les bénéfices d'entreprises comme Glencore ou de toute autre entreprise ? L'économie locale a besoin que les profits provenant de la valeur ajoutée produite par les travailleurs soient réinvestis dans l'économie locale, la communauté et l'édification nationale et non subtilisés comme le fait l'oligarchie financière internationale lorsqu'elle s'accapare la valeur ajoutée en tant que profit d'entreprise, profit d'intérêt et profit sur la rente.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a organisé une réunion d'urgence avec Glencore Canada, mercredi soir, après que la compagnie ait annoncé plus tôt dans la journée qu'elle fermait sa fonderie de plomb.

Trevor Holder, le ministre de l'Enseignement postsecondaire, de la Formation et du Travail a participé à la réunion et déclaré ce qui suit à Information Morning Fredericton : « il est très clair, suite à la réunion, qu'elle [Glencore] quitte la région. Ce ne sera pas possible de lui faire changer d'idée. C'est possible que nous devrons donner une nouvelle formation à des personnes. Il se peut que des gens puissent changer d'orientation. »

Holder a dit qu'aucun échéancier n'est prévu en ce moment, mais que des groupes et des départements concernés vont se réunir dans les semaines qui viennent pour discuter de solutions. « Je pense que ce qu'il faut faire maintenant c'est aller de l'avant comme province et travailler avec la communauté affectée », a-t-il dit.

Le maire de Bathurst Paolo Fongemie a dit à Radio-Canada que la fonderie de Belledune était une grosse cliente de NB Power et une grande contributrice aux taxes foncières et que tout le monde dans la province sort perdant de cette fermeture. Il veut que la province développe une stratégie économique pour la région du nord. Il a appelé le gouvernement provincial à mettre sur pied immédiatement un comité d'adaptation de la main-d'oeuvre pour les 420 employés de la fonderie qui seront bientôt sans emploi.

Fongemie a dit que le nord du Brunswick a déja été une « région fortement industrielle » mais qu'avec la fermeture imminente de la fonderie, c'est maintenant le gouvernement qui sera un de ses plus gros employeurs avec ses hôpitaux, Service Canada et le collège communautaire. Il a rappelé à tous que la fonderie est la troisième installation majeure à fermer dans la région de la Baie-des-Chaleurs en 15 ans, ce qui porte à environ 2 000 le nombre d'emplois industriels bien payés perdus. « Nous avons été capables de surmonter les deux premières pertes », a dit Fongemie, parlant de la fermeture du moulin de Bathurst en 2005 et de la fermeture de la mine Brunswick en 2013. « Nous allons surmonter cette perte elle aussi parce que c'est ainsi que nous sommes faits dans le nord de la province. Nous retroussons nos manches et nous travaillons, et la résilience fait partie de notre ADN, mais c'est certain que c'est frustrant. »

La fermeture de la fonderie Brunswick, qui a été ouverte en 1966, ne va pas seulement affecter les 420 employés de la fonderie et leurs familles. Elle va causer d'importants « dommages collatéraux » dans la municipalité, a dit Fongemie. De nombreux entrepreneurs et camionneurs en dépendent pour leur entreprise et la mine Trevali vend son minerai à Glencore pour sa fonderie. D'autres entreprises de la région bénéficient de l'effet indirect qui est produit lorsque les travailleurs dépensent leur salaire dans leur région.

Denis Caron, le PDG du Port de Belledune a dit que le port a été construit pour la fonderie en 1968. Il a dit être « bouleversé » par la nouvelle de la fermeture imminente. Caron espérait que la fonderie maintiendrait ses activités compte tenu des investissements que Glencore y avait faits récemment. La compagnie a dépensé environ 20 millions de dollars pour la première phase de la modernisation d'une usine d'acide évaluée à 64 millions de dollars. « Je croyais que peut-être il y aurait une fermeture temporaire mais nous ne nous attendions certainement pas à cela », a dit Caron. Le gouvernement provincial s'est engagé à fournir 7 millions de dollars au Port de Belledune pour aider à ses plans d'expansion alors que le port continue de grandir mais la fermeture de la fonderie va réduire ses activités d'au moins 10 % et son revenu annuel de 1 million de dollars. Caron a dit que seulement deux autres clients utilisent le port. Environ 24 produits différents en vrac provenant de plusieurs pays du monde ont été expédiés par le port l'an dernier, pour un total d'environ trois millions de tonnes mais cela comprend ce qui vient de la fonderie. Il a dit espérer que certains des entrepôts de la fonderie peuvent être sauvegardés et utilisés en conjonction avec le port. « La fonderie est située très près du port. Et je crois qu'il y aura des opportunités. [...] Je pense que ces opportunités doivent être explorées, c'est certain. »

(Sources : CBC News, Shift, Radio-Canada, Information Morning Fredericton, mining.com et Wikipedia. Photos : Syndicat des Métallos)


Cet article est paru dans

Numéro 26 - 20 novembre, 2019

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