La décision de fermer une fonderie ne devrait pas appartenir à des intérêts privés mondiaux

Glencore a déclaré que le lockout et son conflit avec les travailleurs « ne sont pas liés à la fermeture définitive » de la fonderie. Cela dit, le cartel avait prévu investir 65 millions de dollars dans la fonderie et avait déjà dépensé 20 millions de dollars pour la construction d'une nouvelle usine d'acide.

Sans discussion préalable ni preuve à l'appui, Glencore invoque une piètre performance d'affaires et des prévisions financières peu prometteuses pour justifier la fermeture. C'est un argument très pratique pour ce cartel qui estime que le pouvoir de la propriété et le contrôle que cela entraîne permettent aux oligarques de dire et de faire tout ce qu'ils veulent. Avec cet argument, ce sont eux qui décident de ce qu'il faut faire de la valeur ajoutée créée par les travailleurs au fil des années, à savoir si cette valeur est réinvestie dans l'usine et la communauté ou non et s'il faut continuer la production à la fonderie ou la détruire.

Le droit impérialiste des intérêts privés mondiaux de décider prive les travailleurs, les membres de la communauté et les élus de tout pouvoir de décision concernant l'économie socialisée. Il les prive du droit moderne d'accepter ou de ne pas accepter des décisions aussi importantes que celles d'investir ici ou ailleurs la valeur ajoutée produite par les travailleurs et de détruire ou non une usine. Cela doit changer !

Sans aucune preuve vérifiable, le porte-parole de Glencore, Alexis Segal, a déclaré à CBC News : « Soyons très clairs sur le fait que l'usine n'a pas rapporté d'argent ces trois dernières années. En fait, elle a perdu en moyenne 30 millions de dollars par an au cours des trois dernières années. Après ce dernier exercice fiscal, il était évident que les choses n'allaient pas s'améliorer dans les années à venir non plus. »

Chris Eskdale, directeur de Zinc & Lead Assets de Glencore, a dit : « La décision de cesser les opérations de fonte de plomb à notre fonderie Brunswick était très difficile. Malgré des années d'efforts d'employés dévoués et d'une forte équipe de gestion, la fonderie n'a pas été rentable depuis la fermeture de la mine Brunswick en 2013.

« Nous avons soigneusement évalué toutes nos options et sommes arrivés à la conclusion inévitable que la fonderie n'est tout simplement pas viable, indépendamment du récent conflit de travail. »

Quelle fraude ! Si la fonderie n'était pas viable, pourquoi Glencore avait-elle planifié cette année encore de la développer et de poursuivre sa transition vers une fonderie sur mesure avec un investissement de 64 millions de dollars dans une usine d'acide ? La première phase, d'une valeur d'environ 20 millions de dollars, est déjà achevée. Tant la décision d'investir que la décision de fermer sont un secret que seule la direction de l'entreprise connaît. Les travailleurs et les autres personnes touchées sont laissés dans le noir sans voix.

Les responsables de Glencore ont donné l'explication habituelle à propos de la concurrence internationale accrue, notamment à cause de la création de plusieurs nouvelles fonderies de plomb en Chine. Ce type d'explication tourne le dos à l'édification nationale et au besoin de développer une économie diversifiée et autonome qui ne dépend pas de la concurrence à l'étranger. Une telle économie investit dans sa population, sa reproduction élargie et sa diversité, ce qui la rend plus forte généralement en concertant les efforts collectifs de toutes ses régions et de tous ses secteurs par la planification et l'investissement dans la fabrication, la transformation des ressources naturelles, le développement des programmes sociaux et des services publics gratuits et en pratiquant le commerce suivant le principe de l'avantage et du développement réciproques.

Le Canada a besoin non seulement de fonderies de première fusion, mais aussi de fonderies spécialisées pour accroître sa capacité de recycler le plomb et d'autres ressources limitées. Il ne peut continuer d'extraire des matières premières limitées telles que le plomb et le zinc à la vitesse maximale jusqu'à l'épuisement, comme Xstrata l'a fait à la mine Brunswick n • 12. Les ressources limitées doivent être exploitées avec précaution et la richesse sociale qu'elles apportent doit être investie dans d'autres secteurs et dans la population en vue de l'avenir et non pas en vue du profit immédiat comme le font les impérialistes.

La dernière fonderie de plomb au Canada est Trail Operations de la société Teck Resources en Colombie-Britannique. La dernière fonderie de plomb de première fusion aux États-Unis, celle de Doe Run au Missouri, a été fermée en décembre 2013. Les impérialistes ont-ils d'autres plans secrets pour continuer de voler le plomb, le zinc, le lithium, d'autres ressources et la capacité de travail, y compris ceux de pays plus faibles au sein du système impérialiste d'États comme la Bolivie ? Glencore a-t-elle une main dans le récent coup d'État contre le gouvernement d'Evo Morales en Bolivie, lui qui a nationalisé trois de ses installations pour les mettre au service du peuple bolivien et qui, dit-on, n'était pas doux avec les investisseurs étrangers ? On sait que la Bolivie dispose de vastes réserves de plomb et de lithium, nécessaires à la production de batteries, qui sont maintenant très en demande.[1] Les faits sont têtus et ils deviennent connus du grand public quand les peuples s'organisent pour défendre leurs intérêts.

Les Canadiens doivent dénoncer la fermeture de Glencore qui est une attaque contre l'économie du Nouveau-Brunswick et de l'intimidation contre la classe ouvrière. Les droits des travailleurs doivent venir en premier et les travailleurs doivent avoir une voix décisive sur la façon dont les choses sont faites.

Note

1. Avec environ 9 millions de tonnes métriques, la Bolivie détient environ 43 % des réserves mondiales connues de lithium, la plupart d'entre elles dans le salar d'Uyuni. Le lithium est concentré dans la saumure sous la croûte de sel à une concentration relativement élevée d'environ 0,3 %.


Cet article est paru dans

Numéro 26 - 20 novembre, 2019

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