Le gouvernement de l'Alberta
intensifie son offensive antisociale brutale
L'entreprise de démolition du gouvernement Kenney
- Peggy Morton -
Le gouvernement Kenney a déposé son budget
le 24 octobre, son premier depuis son arrivée
au pouvoir an avril 2019. Le budget a été
suivi de deux projets de loi omnibus et d'annonces
scandaleuses visant à submerger le mouvement
ouvrier et populaire à la défense des droits.
Les documents
budgétaires et le discours du budget ont été
conçus de façon à masquer l'étendue du saccage des
services publics, en particulier en santé et en
éducation, avec des coupures de 18
à 30 % sur quatre ans, lorsqu'on tient
compte de l'inflation et de l'augmentation de la
population. Le budget a été suivi rapidement par
la présentation le 28 octobre des projets de
loi 20 et 21, qui sont des projets de loi
omnibus comprenant 35 mesures législatives
régressives différentes. Ces projets de loi
modifient des lois existantes et créent de
nouvelles lois à l'intérieur du projet de loi
proposé.
Le lendemain, le 29 octobre, le ministre du
Travail a annoncé qu'il avait changé sa position
voulant que les travailleurs du secteur public
n'obtiendraient pas d'augmentation de salaire. Il
a dit que le gouvernement chercherait maintenant à
effectuer des coupures de salaire d'entre 2
et 5 % lors du prochain arbitrage qui
concerne 180 000 travailleurs du secteur
public. Il a menacé de procéder à plus de mises à
pied dans le secteur public si les arbitres
accordent des augmentations de salaire.
Pendant que l'Assemblée législative est saisie de
ces énormes projets de loi, le gouvernement
continue d'annoncer que tel ou tel programme a été
annulé ou qu'il vient de déchirer un contrat. Le
gouvernement a recours à des tactiques du style
impérialiste américain « de choc et stupeur »
dans lequel un assaut après l'autre est lancé en
succession rapide afin de garder tout le monde
dans un état de déséquilibre, incapable de
reprendre son souffle. Et il ne manque pas de gens
qui pratiquent l'apaisement non plus.
Le recours aux tactiques de choc et stupeur lors
de l'invasion américaine de l'Irak reposait sur la
vision narcissique que le peuple se précipiterait
pour saluer ses « libérateurs ». Bien sûr, ce
n'est pas ce qui s'est produit et c'est ce qui
explique que l'esprit revanchard des impérialistes
américains ait été si prédominant dans cette
région. De la même façon, en ce qui concerne
l'Alberta, la classe dirigeante présente ces
mesures comme ayant un objectif légitime que le
peuple devrait appuyer. Cependant, la tentative de
présenter cette offensive antisociale brutale
comme étant autre chose qu'intéressée a échoué.
C'est le dernier clou dans le cercueil des
prétentions du gouvernement Kenney à la légitimité
pour son offensive antisociale.
Le journaliste du Edmonton Journal, Keith
Gerein, écrit ce qui suit : « Depuis que le
budget a été déposé le 24 octobre,
d'importants changements fiscaux qui n'avaient pas
été remarqués ou étaient demeurés secrets ont été
révélés à une telle vitesse que c'est presque
impossible de garder sa concentration. À peine
venez-vous de réaliser quel coup vient d'être
porté à un programme que deux autres bombes sont
lancées dans les nouvelles. Jusqu'à un certain
point, il n'y avait pas d'autre façon de le faire.
« En fait, le volume des réformes, des réexamens
et des réductions mesquines dans ce budget est si
substantiel qu'il aurait été injuste - et insensé
du point de vue logistique - de la part du
gouvernement de déverser tout cela le jour du
budget. Cependant, tout ceci laisse une forte
odeur de visée politique. Mes collègues qui ont
fait des reportages sur les coupures de Ralph
Klein au milieu des années 1990 se rappellent
avoir été inondés d'information et disent que
l'équipe du premier ministre Jason Kenney a
peut-être adopté sensiblement le même procédé.
« Cette stratégie permet au gouvernement de
prétendre être transparent, bien que l'effet soit
largement l'opposé parce qu'étourdir les médias,
l'opposition et le public avec des annonces sape
la capacité de se dresser un portrait clair de
toutes les mauvaises nouvelles. »
Tout ceci est une
indication de plus que l'État est en train d'être
restructuré afin que soit éliminé tout vestige de
quelque autorité publique que ce soit. La bataille
rangée qui se mène au sein de l'élite dirigeante
est si intense qu'elle n'admet pas le compromis.
Rien ne peut être réglé au moyen de la discussion,
de la négociation ou du compromis parce qu'il n'y
a pas de politique mais juste le diktat des
intérêts de l'oligarchie financière à obtenir son
tribut. Ce qu'on appelle les « institutions
démocratiques » est devenu anachronique. Le
recours aux négociations pour trouver un
arrangement entre intérêts rivaux dans la société
est remplacé par la force et le diktat. Les
travailleurs doivent être privés de toute méthode
pacifique leur permettant de défendre leurs droits
et les droits de tous. Et ce n'est pas seulement
le cas des travailleurs car le diktat s'étend à
tous les secteurs, aux municipalités, aux conseils
scolaires, aux médecins et aux autres
organisations qui ont des relations économiques
contractuelles avec l'État. Les contrats et les
accords sont déchirés sans avertissement ou
consultation. Pendant ce temps-là, le rôle de
preneur de décisions de la législature a été
simplement usurpé.
L'argument selon lequel le gouvernement a le
mandat de commettre ces actes antisociaux avec
impunité au nom de l'état de droit est absurde. Le
processus lui-même démontre que c'est frauduleux.
Les travailleurs qui livrent les services publics
ont montré qu'ils ont à coeur le travail qu'ils
font et son importance pour la société. Ils ont
montré qu'ils vont lutter pour défendre leurs
droits et les droits de tous et ainsi défendre ces
services publics. Se soumettre à ces attaques ou
pratiquer l'apaisement envers elles n'est pas une
option. Le coût humain de ces mesures antisociales
va aussi contribuer à exacerber la crise. C'est
seulement en s'engageant dans la lutte que la
vérité se révèle et que la situation peut être
renversée en faveur des travailleurs.
Cet article est paru dans
Numéro 25 - 13 novembre, 2019
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