Lockout des travailleurs de l'aluminium à Bécancour au Québec

Le Syndicat des Métallos dépose une plainte auprès de l'Organisation internationale du Travail contre le gouvernement du Québec


En conférence de presse le 10 juin 2019, le Syndicat des Métallos annonce qu'il a porté plainte auprès de l'Organisation internationale du travail contre le gouvernement du Québec.

Le cartel Alcoa/Rio Tinto maintient les travailleurs d'ABI en lockout depuis maintenant 17 mois avec la coopération active du gouvernement du Québec. En conférence de presse, le 10 juin, le Syndicat des Métallos a annoncé qu'il a porté plainte auprès de l'Organisation internationale du Travail (OIT) contre le gouvernement du Québec pour son rôle dans le maintien du lockout et la négation du droit des travailleurs d'ABI, membres de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, de négocier collectivement leurs conditions d'emploi. La plainte a été déposée auprès du Comité de la liberté syndicale de l'OIT.

Le Syndicat des Métallos allègue que, par les déclarations publiques qu'il a faites d'avril au début juin 2019, le premier ministre du Québec François Legault a utilisé son pouvoir de premier ministre pour donner un grand avantage au cartel de propriétaires sur les travailleurs. Legault a pris partie ouvertement pour le cartel Alcoa contre le droit des travailleurs de négocier une nouvelle convention collective. Le Syndicat des métallos allègue que le premier ministre a fait de fausses déclarations sur la nature du conflit, qu'il blâme les travailleurs pour le lockout et suggère que la section locale 9700 pourrait forcer le cartel mondial Alcoa à fermer l'aluminerie à cause de ce qu'il appelle ses « demandes déraisonnables ».

Selon le syndicat, l'intervention du premier ministre en appui au cartel mondial constitue une violation des obligations du gouvernement relatives au droit d'association des travailleurs d'ABI et à la reconnaissance de leur droit de négociation collective. Le syndicat porte plainte auprès de l'OIT en mettant de l'avant sa preuve au sujet des paroles et des gestes du gouvernement. Le Syndicat des Métallos déclare que le gouvernement du Québec enfreint la convention et des déclarations de l'OIT qui reconnaissent le droit d'association, les droits fondamentaux du travail et les principes qui doivent guider les entreprises multinationales, les gouvernements et les travailleurs dans les pays où ces entreprises exercent leurs activités.

Le Syndicat des Métallos demande au Comité de la liberté syndicale et au Conseil d'administration de l'OIT de déclarer que le gouvernement du Québec, par les déclarations publiques du premier ministre, a enfreint cette convention et ces déclarations. Il demande à l'OIT de demander au gouvernement de retirer ces déclarations contre les travailleurs et de respecter le droit d'association et le droit de négociation collective. Le syndicat demande aussi que l'OIT demande au gouvernement du Québec de s'abstenir de toute intervention qui puisse entraver les activités licites de défense des intérêts de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos. Le gouvernement doit aussi permettre au syndicat de revendiquer librement et avec des chances égales les conditions de travail des travailleurs syndiqués d'ABI, sans pression ou action visant à les discréditer.

L'organisation internationale du travail (OIT), créée en 1919, est une agence tripartite de l'Organisation des Nations unies qui réunit des représentants des gouvernements, employeurs et travailleurs de 187 États membres. Son mandat est d'établir des normes internationales, élaborer des politiques et concevoir des programmes visant à promouvoir le travail décent pour tous les travailleurs et les travailleuses dans le monde. Le Comité de la liberté syndicale, créé en 1951, a comme mandat d'examiner les plaintes faisant état de violations des principes du droit d'association. Il est lui-même un organisme tripartite, composé d'un président, de trois représentants de gouvernements, de trois représentants d'employeurs et de trois représentants de travailleurs. Le Comité a un pouvoir de recommandation. Ses décisions ne sont pas exécutoires pour les États membres.

(Photos : FO, Syndicat des Métallos)


Cet article est paru dans

Numéro 22 - 20 juin 2019

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