Jour et nuit, du 1er au 4 mai, des membres de l'exécutif du Conseil des syndicats des foyers de soins du Nouveau-Brunswick ont occupé le bureau de Fredericton de la ministre du Développement social de la province. Les agents de sécurité ont empêché les médias d'entrer dans l'édifice pour qu'ils puissent parler avec les membres du Conseil. Des points de presse ont donc eu lieu à partir des fenêtres. Entre autres choses, les travailleurs qui occupaient le bureau demandaient de parler, ne serait-ce que par téléphone, au premier ministre ou à la ministre afin de réaffirmer la position des travailleurs à la défense de leur droit d'améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail, une position qu'ils n'ont pas l'intention d'abandonner. Ils ont aussi demandé un exemplaire de la nouvelle offre que le gouvernement prétend avoir préparée, et qui bonifierait l'offre précédente que les travailleurs ont fermement rejetée. Cet échange n'a jamais eu lieu. La ministre a publiquement dénoncé
l'occupation comme étant une tactique d' «
intimidation ». Elle n'a rien dit sur la situation et ne
s'est pas excusée d'avoir imposé ce mandat du
gouvernement et d'avoir eu recours aux pouvoirs de police pour
intimider les travailleurs du secteur public, et n'a évidemment
pas parlé d'y renoncer. Un autre objectif de l'occupation était de dénoncer la saga judiciaire sans fin organisée par l'État contre les travailleurs et leur droit de grève. On empêche les travailleurs d'exercer leur droit de cesser le travail en appui à leurs justes revendications. La négation du droit des travailleurs d'entreprendre des moyens de pressions est aussi une façon de retarder la solution des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et les personnes vivant dans les foyers. Le plus récent développement de cette saga judiciaire est une décision de la Cour d'appel du Nouveau-Brunswick. La Cour s'est rangée du côté de la province en rejetant une décision d'une cour inférieure qui avait rejeté l'ordonnance initiale du tribunal qui niait aux travailleurs leur droit de grève. La juge avait estimé que l'ordonnance punitive allait causer un tort irréparable aux travailleurs. Le gouvernement a immédiatement interjeté appel et a réussi à faire entériner son diktat antitravailleur. Une autre démarche juridique est l'examen de la constitutionnalité de la Loi sur les services essentiels dans les foyers de soins, qui doit être entendu le 24 mai. [1] Les travailleurs des foyers n'ont pas le droit de faire la grève jusqu'à que cet examen soit complété. Les graves problèmes auxquels ils sont confrontés demeurent non résolus. Les travailleurs en ont plus qu'assez de ces procédures judiciaires qui n'en finissent plus. Ils ont clairement exprimé depuis longtemps que ce qu'ils veulent ce sont des négociations pendant lesquelles leurs revendications et préoccupations sont entendues et qu'on témoigne du respect pour le travail qu'ils font. Leur objectif est d'en arriver à des conditions de travail et des salaires qui leur sont acceptables et de trouver des vraies solutions aux vrais problèmes qui existent dans le secteur. Leur objectif n'est pas de faire la grève. Par contre, ils doivent être en mesure de retirer leur capacité de travail si la situation l'exige pour qu'ils puissent faire valoir leurs revendications. Ils ont même proposé au gouvernement le recours à l'arbitrage exécutoire pour régler le conflit. De façon provocatrice, le gouvernement a dit qu'il était d'accord avec l'arbitrage exécutoire à condition que l'arbitre s'en tienne au diktat de 1 % imposé aux augmentations salariales, ce qui est contraire à l'objectif même de l'arbitrage. Le 4 mai, les membres de l'exécutif du Conseil ont décidé de mettre fin à leur occupation du bureau du ministre et de se tourner vers des actions régionales de sit-ins d'une journée dans les bureaux de circonscription des ministres du cabinet. Les travailleurs des résidences ont organisé des actions dans huit bureaux de ministres dans des villes partout au Nouveau-Brunswick le lundi 6 mai, le jour de la semaine où les ministres sont censés être dans leur bureau pour rencontrer leurs électeurs. Certains ministres ont quitté leur bureau avant les sit-ins pour éviter d'avoir à faire aux travailleurs et d'autres ont tout simplement fermé leur bureau pour la journée. D'une façon ou d'une autre, les travailleurs ont saisi l'occasion pour dénoncer les attaques du gouvernement contre les travailleurs du secteur public et les travailleurs des foyers de soins en particulier. Les 4 100 travailleurs des foyers de soins
tentent de négocier une convention collective depuis 2016. Des
négociations sont prévues le 11 mai et les
travailleurs exigent que des progrès soient faits dans
l'obtention de salaires et de conditions de travail qui leur sont
acceptables et pour l'humanisation du secteur afin qu'il
réponde aux besoins des personnes dont ils prennent soin. Des travailleurs participent à des actions devant les bureaux de circonscriptionde huit ministres du cabinet, le 6 mai 2019.Note1. À la fin de 2018, la Commission du Travail et de l'Emploi du Nouveau-Brunswick a statué que la Loi sur les services essentiels dans les foyers de soins violait le droit à la négociation collective des employés. Selon le jugement de la commission, la désignation de soins essentiels en cas de grève ne s'appliquait pas aux foyers de soins. Le gouvernement est alors intervenu pour demander une révision judiciaire de cette décision, une cause qui n'a pas encore été entendue.
Cet article est paru dans Lien de l'article: Site Web: www.pccml.ca Email: redaction@cpcml.ca |